Je me suis fait un noeud dans les cheveux avec le bandeau que j'avais sur les yeux

Je me suis fait un noeud dans les cheveux avec le bandeau que j'avais sur les yeux

Dernière mise à jour : 02 mai, 2017

D’une façon ou d’une autre, nous finissons tou-te-s par le faire : enlever le bandeau que l’on a sur les yeux pour pouvoir se faire un nœud dans les cheveux. Car au final, c’est de cette manière que notre visage est plus joli, quand notre regard est libre, illuminé et bien éveillé pour découvrir la réalité telle qu’elle est, sans le moindre voile.
Ortega y Gasset a dit un jour que “l’amour est comme une espèce d’imbécilité transitoire, un état d’étroitesse d’esprit et d’angine psychique”. Il est possible que le célèbre philosophe, dans sa soif de chercher une explication aux liens humains, n’ait pas vu beaucoup de logique au fait de tomber amoureux-se ou à cet “aveuglement” qui nous tombe souvent dessus comme dans un rêve très doux. Cependant, au-delà de ce que nous pouvons penser, il y a bien une logique et un sens profond.

“L’amour et la haine ne sont pas aveugles : ils sont dominés par le feu qu’ils renferment.”
-Friedrich Nietzsche-


Le docteur Robert Einstein, de l’Université d’Harvard, nous indique que vivre pendant un certain temps avec un bandeau sur les yeux, que ce soit dans nos relations affectives ou dans tout type de dynamique personnelle, fait partie de notre croissance psychologique et émotionnelle. Par conséquent, nous ne devons pas regretter cette période, toute cette énergie usée et toutes les émotions ressenties. Le regretter serait comme renier une partie de nous-mêmes.
En réalité, l’amour n’est pas aveugle. Parfois, il voit plus que ce qu’il ne devrait : il voit des reflets et des images tordues qui ne correspondent pas toujours à la réalité. Voir la vie avec son cœur a parfois son prix, nous le savons bien, mais cela constitue une partie supplémentaire de notre apprentissage vital. C’est une chose que nous ne pourrions pas acquérir si nous refusions d’aimer, d’essayer, de tenter, de donner ces sauts dans le vide sans le moindre parachute. Parfois, nous atterrissons en plein dans le mille et parfois, nous finissons un peu brisé-e-s.
Nous vous proposons d’y réfléchir.

Votre bandeau sur les yeux, celui que vous avez laissé tomber plus d’une fois

Parfois, il nous arrive d’ôter ce bandeau des yeux. Au lieu de faire un nœud définitif avec ce dernier pour pouvoir avancer avec le visage bien dégagé et les yeux bien ouverts, nous refaisons les mêmes erreurs : aimer aveuglément, avoir éperdument confiance, marcher à tâtons et offrir notre cœur à d’autres. Pourquoi ? Pourquoi replongeons-nous dans l’amour le plus envoûtant et douloureux ?

“L’amour, parce qu’il est aveugle, empêche les amants de voir les bêtises qu’ils commettent.”
-William Shakespeare-

Les otages perpétuels de l’amour douloureux, ceux qui foncent encore et encore sur le même mur, souffrent d’un mal assez commun : le manque d’amour propre. Au final, le monde n’est pas stratégiquement disposé pour que nous tombions sans cesse sur des “mauvaises personnes”, des trafiquants d’égoïsme et des gens qui abusent de l’équilibre émotionnel. Ce n’est que quand nous saurons réellement ce dont nous avons besoin ou non que nous serons sélectif-ve-s, prudent-e-s et réceptif-ve-s. Car quand quelqu’un sait parfaitement ce qu’il veut, il trouve ce qu’il mérite.
Selon une étude publiée au “Bureau National des Statistiques du Royaume-Uni”, les gens déclarent trouver ce qu’ils avaient toujours espéré une fois qu’ils ont passé la trentaine, et particulièrement dans la quarantaine. Juste quand on se sent plus sûr-e de soi et qu’on est capable d’intégrer l’expérience des relations passées à la sérénité d’un présent où rien ne manque et rien n’est de trop.
C’est à ce moment qu’on recherche davantage que la passion ou le fait d’être amoureux-se. On cherche l’amour, l’auto-réalisation aux côtés d’un compagnon/d’une compagne et un projet commun sur lequel les deux pourraient investir, avec maturité et honnêteté.

Aimez avec les yeux ouverts et le cœur bien protégé

Les biologistes les plus évolutionnistes sont très clairs : ce chaos émotionnel qui nous met un bandeau sur les yeux, qui nous piège, qui fait accélérer notre pouls et nous mène vers des labyrinthes aussi obscurs que passionnés, a une fin : la procréation. Selon ce point de vue, nos gènes nous prédisposent à cela quand nous tombons amoureux-ses. Les neurones miroir nous connectent et, à l’instant même, de véritables feux d’artifice éclatent dans notre cerveau, avec une couleur de dopamine, de testostérone, de vasopressine, d’ocytocine et de sérotonine… Tout cela fait grandir encore plus l’attraction.

L’amour est aveugle et la folie l’accompagne.


De plus, un autre aspect signalé par les neurologues est que la passion met en “stand by” certains processus aussi importants que le sens de la discrimination, l’analyse logique ou même, d’une certaine façon, le sens du jugement. Notre esprit prend une “forme de tunnel” pour nous faire nous concentrer sur ce qui est important : le couple.

Amour sans bandeaux, coup de foudre avec voiles

Erich Fromm disait très justement qu’il existe des personnes droguées au coup de foudre. Elles trouvent leur bonheur dans cette phase décrite précédemment, dans cet amour aveugle, bouillonnant et presque anesthésiant comme l’authentique île de Circée. Cependant, quand la phase de maturité arrive, au cours de laquelle il faut travailler les différences, accepter les défauts et définir un projet commun, elles s’éloignent.
  • Comme nous l’indique ce même auteur dans le livre L’art d’aimer, l’authentique sagesse et la véritable plénitude affective ne se trouvent pas dans le fait de tomber amoureux-se mais dans l’amour lui-même. Car quand nous sommes amoureux-se, nous profitons de cette profonde connexion, de cette intimité où se mêle l’étourdissement à la passion la plus intense.
  • Tout cela est positif, cela ne fait pas l’ombre d’un doute, mais l’authentique aventure arrive par la suite, avec cet amour artisan qui fait attention et qui écoute, qui est conscient des défauts de l’autre personne, de ses imperfections, de ses recoins sans lumière. La personne mûre est quelqu’un qui a les yeux bien ouverts et le cœur bien protégé : elle voit les choses telles qu’elles sont et décide de lutter pour elles pour être un phare de lumière intense dans cet amour, un refuge à reconstruire pour les deux.

Si aujourd’hui vous n’avez pas encore trouvé une personne comme cela, ne vous inquiétez pas, rien ne presse. Il suffit de faire une tresse avec vos tristesses, de vous faire un nœud dans les cheveux et de regarder le monde en étant certain qu’au final, vous trouverez ce que vous méritez réellement.


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