Les larmes émotionnelles : remède pour "drainer" l'âme

Les larmes émotionnelles : remède pour "drainer" l'âme

Dernière mise à jour : 06 février, 2017

Certaines personnes pleurent en silence, pendant un bref instant et dans une discrète solitude. Cependant, la seule façon de nous renouveler et de drainer nos tristesses, nos frustrations ainsi que nos tensions passe par les larmes émotionnelles.

Les expert-e-s en psychobiologie nous indiquent que peu de comportements nous rendent aussi humain-e-s que le rire et les pleurs. De fait, ces deux expressions émotionnelles présentent de nombreux aspects communs. Elles disposent, par exemple, d’un composant de “persévération” ; autrement dit, lorsqu’on rit ou que l’on pleure, c’est pendant une durée déterminée qu’il est difficile d’écourter. De plus, le rire comme les pleurs ont le même but : nous permettre de nous sentir mieux.


L’âme s’apaise lorsqu’elle laisse aller ses larmes, mais la douleur a besoin des pleurs pour atteindre le véritable apaisement.


D’un autre côté, nous savons tou-te-s que les larmes émotionnelles – celles qui donnent lieu au véritable soulagement – ne sont pas bien vues socialement. En revanche, la larme discrète qui coule le long de la joue pendant un discours politique ou ce regard vacillant et ému par la fierté ou la contemplation de la beauté sont davantage acceptés.

Peut-être est-ce la raison pour laquelle la plupart d’entre nous tentons le plus possible de pleurer discrètement ; il est toujours plus commode de trouver un coin obscur où personne ne nous voit pour verser nos larmes, mais dans un silence très discret. Personne ne doit nous entendre, nous voir, ou découvrir que nous ne sommes pas aussi fort-e-s que nous voulons bien le montrer.

Cependant, les psychiatres et les neurobiologistes nous le disent bien clairement : le soulagement, que l’on s’y adonne seul-e ou accompagné-e, doit être authentique, cathartique et libérateur. Tout ce qui implique un certain “contrôle de soi” génère un composant de tension et de stress. Nous, les êtres humains, avons besoin de pleurer.

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Les larmes émotionnelles, ou un comportement visant plusieurs buts

La plupart des bébés, lorsqu’ils viennent au monde, pleurent. Or, leurs pleurs manquent de larmes ; en effet, le mécanisme cérébral qui stimulera leurs glandes lacrymales à sécréter des larmes n’est pas encore mature. Pour autant, leurs pleurs remplissent déjà une fonction biologique indispensable : ils garantissent leur survie en leur permettant de se connecter avec leurs semblables afin de recevoir de l’attention, du réconfort et de l’affection.

Ainsi, à mesure que l’on grandit et que l’on évolue, les pleurs vont remplir différentes fonctions aussi intéressantes qu’utiles…même si en réalité, on n’en tire pas toujours profit.

En premier lieu, un des buts des pleurs consiste à éliminer les toxines de l’organisme occasionnées par le stress et l’anxiété. Et pour cela, il n’est pas nécessaire qu’il nous soit arrivé quoi que ce soit de négatif, que l’on syntonise la tristesse ou le chagrin ; parfois, on pleure aussi par simple étouffement, et le fait de pleurer se révèle extrêmement salutaire pour nous.

Une étude menée par les chercheur-se-s de l’école de psychiatrie de l’Université de Los Angeles (UCLA) montre que les pleurs remplissent aussi une fonction de mise en garde ; en effet, pleurer nous permet de mettre notre conscience en alerte. Il y a des périodes lors desquelles on se sent frustré-e-s, accablé-e-s par une chose à laquelle on devrait réagir, et pourtant, on ne le fait pas.

Cependant, le simple fait de pleurer met en marche des mécanismes biologiques sophistiqués pouvant nous permettre de voir les choses plus clairement.

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Les scientifiques nous expliquent que les larmes émotionnelles sont en fait une innovation évolutive exceptionnelle. Il ne s’agit pas seulement de “verser des larmes”, mais de pleurer profondément et véritablement, de nous soulager pleinement afin ainsi d’activer la fonction des neurotrophines, protéines capables de favoriser la plasticité neuronale.

En d’autres termes, pleurer “nous répare”. Cela favorise de nouveaux apprentissages et nous aide à être plus créatif-ve-s pour que l’on puisse adopter de nouvelles conduites qui nous permettront de bien mieux nous adapter à notre entourage et notre environnement.

Les pleurs, la vulnérabilité et le réconfort

Les responsabilités professionnelles, par exemple, nous mènent parfois à avoir besoin de moments de solitude au cours desquels on puisse pleurer quelques secondes. Les médecins, les infirmier-ère-s, les pompier-ère-s, les policier-ère-s… La plupart cherchent un moment à part pour se soulager des drames, des tensions quotidiennes. Cependant, parfois, ces instants ne sont pas suffisants, et ne permettent pas une “réparation” véritable. Jusqu’à ce que, peu à peu, arrive la surcharge, le blocage, l’anxiété… Et cette épine qui déjà nous empêche de respirer.

Il en va de même avec les problèmes du quotidien ; ces mots que l’on tait, ces pertes que l’on n’affronte pas cette douleur qui s’enracine en nous mais que l’on s’efforce de dissimuler. Pourquoi est-il si difficile pour nous de demander de l’aide ? Pourquoi les larmes émotionnelles nous font-elles nous sentir si vulnérables face à aux autres ?

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Savoir apporter du soutien aux autres, c’est un art que tout le monde ne domine pas

La réalité est aussi dure qu’évidente : nous ne savons pas tou-te-s apporter du soutien aux autres. En tenant des propos tels que “Pourquoi tu pleures, encore ?” ou “Allez, n’en fais pas tout un plat, c’est pas important”, tout ce que l’on arrive à faire, c’est bloquer encore plus la personne, et intensifier en elle l’émotion négative ainsi que la sensation d’abattement.

  • Lorsqu’on veut atteindre le soulagement émotionnel, le mieux peut parfois consister à trouver la bonne personne : en effet, toutes les personnes ne se valent pas entre elles, et ne disposent pas forcément non plus des bonnes stratégies pour instaurer cette proximité, cette facilité à laisser aller ce qui fait mal, ce qui tourmente. Les bon-ne-s ami-e-s et, bien sûr, les psychologues peuvent être les meilleur-e-s guides dans ce processus.
  • Nous libérer en versant des larmes émotionnelles face à quelqu’un n’est pas un reflet de faiblesse ni de vulnérabilité : au contraire, c’est un pas qui rend une personne forte et qui lui permet de soulager ses tensions, ses peurs et sa tristesse. Elle le fait dans le but de se reconstruire de nouveau, de manière à pouvoir réparer ce qui est cassé en elle et à recevoir de l’aide.
  • D’autre part, le fait d’apporter du soutien ne consiste pas à prendre la personne dans ses bras, ni à lui dire “tout va bien” : apporter du soutien, c’est être intuitif-ve dans le but de faciliter le soulagement, et savoir comment le générer. C’est savoir dire “je suis là, avec toi” sans que cela ne soit une imposition, et bien sûr sans juger. C’est être discret-ète tout en étant présent-e.

Pour conclure, même s’il est parfois difficile de nous permettre ces instants de véritable soulagement émotionnel, que l’on soit seul-e ou accompagné-e,  il est nécessaire de s’en octroyer parfois. Drainer l’âme est un besoin biologique et psychologique ; en effet, une émotion exprimée est une émotion surmontée.


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