La théorie du développement moral de Kohlberg
Rédigé et vérifié par Psychologue Gema Sánchez Cuevas
Nous avons tous développé notre propre moralité non transférable: des valeurs qui non seulement séparent le «bien» du «mal» dans un monde abstrait, mais influencent aussi nos comportements, nos perceptions et nos pensées. On pourrait même dire qu’il peut être tellement internalisé qu’il influe sur nos émotions. L’un des modèles les plus importants et influents qui tentent d’expliquer le développement de notre moralité est la théorie du développement moral de Kohlberg.
D’un autre côté, étant tous dotés d’une morale, établir un référentiel universel a toujours été l’une des grandes questions qui a préoccupé beaucoup de philosophes et de penseurs. Et nous pouvons observer des perspectives kantiennes de la moralité, basées sur le bénéfice du groupe, aux perspectives utilitaristes, inspirées par le bien individuel.
Le psychologue Lawrence Kohlberg a voulu s’éloigner du contenu de la morale et étudier comment il se développe chez les gens. Il ne s’intéressait pas à ce qui était bien ou mal, il se souciait de la façon dont nous aboutissons à cette idée du bien ou du mal. Grâce à une multitude d’entretiens et d’études, il a observé que la construction de la moralité augmente à mesure que les enfants grandissent. De même avec d’autres compétences, telles que le langage ou la capacité de raisonnement.
Dans la théorie du développement moral de Kohlberg, s’impose la conclusion que le développement moral passe par trois niveaux: pré-conventionnel, conventionnel et post-conventionnel. Chacun d’entre eux est divisé en deux étapes. Il est important de comprendre que tous ne passent pas par toutes les étapes et qu’ils n’atteignent pas tous le dernier niveau de développement. Expliquons ci-dessous en détail chacun des stades.
Théorie du développement moral de Kohlberg
Orientation vers la punition et l’obéissance
Cette étape de la théorie du développement moral de Kohlberg fait partie du niveau pré-conventionnel. Ici, nous constatons que la personne délègue toute responsabilité morale à une autorité. Les critères de ce qui est bien ou mal sont donnés par les récompenses ou les punitions accordées par l’autorité. Un enfant peut penser que ne pas faire ses devoirs est mauvais parce que ses parents le punissent s’il ne les fait pas.
Cette pensée entrave la capacité de supposer qu’il peut y avoir des dilemmes moraux: des déclarations qui n’ont pas de réponse moralement claire. C’est parce que tout est posé du seul point de vue de l’autorité que la personne légitime. Ici nous trouvons le niveau le plus simple de développement moral, où les différences d’intérêt ou les intentions de comportement ne sont pas prises en compte. A ce stade, la seule chose qui est pertinente sont les conséquences: récompense ou punition.
Orientation vers l’individualisme ou l’hédonisme
A ce stade de la théorie du développement moral de Kohlberg, il apparaît déjà que les intérêts varient d’un individu à l’autre. Et bien que les critères pour décider ce qui est bien ou mal soient toujours les conséquences des actes, ils ne sont plus marqués par d’autres. Ce faisant, l’individu pensera que tout ce qui lui procure un bénéfice sera bien, ou mal ce qui suppose un certain égarement ou un malaise.
Parfois, malgré la vision égoïste de cette étape de la théorie du développement moral de Kohlberg, l’individu peut penser qu’il est acceptable de répondre aux besoins des autres. Mais seulement quand il y a une réciprocité ou une garantie pragmatique. C’est-à-dire, la pensée que si je fais quelque chose pour un autre, l’autre devra faire quelque chose pour moi. Cette étape est un peu plus complexe que la précédente, car l’individu ne délègue plus à un autre pour la construction de sa morale, bien que les raisons soient encore simples et égoïstes.
Orientation vers les relations interpersonnelles
Dans cette étape commence le stade conventionnel du développement moral. Parce que l’individu commence à avoir des relations de plus en plus complexes, il doit abandonner l’égoïsme de l’étape précédente. L’important à ce niveau est d’être accepté par le groupe. De ce fait la morale va tourner autour de lui.
Pour la personne qui se trouve dans cet état, ce qui est bien sera ce qui plaît ou aide les autres. Ici, ce qui commence à être important, ce sont les bonnes intentions des comportements et dans quelle mesure ils sont approuvés par les autres. La définition de la morale dans cette étape est basée sur le fait d’être une «bonne personne», loyale, respectable, collaborative et agréable.
Il y a un test très curieux pour détecter lorsque les enfants atteignent cette étape. Il consiste à leur faire regarder deux vidéos:
- Dans l’un apparaît un enfant qui fait une blague (provoque un petit mal, mais intentionnellement).
- Dans un autre apparaît un enfant différent qui provoque aussi un plus grand mal, mais cette fois de façon non intentionnelle (par ex. il se tache ou fait tomber un verre sans le vouloir).
Les enfants qui ont déjà intégré l’intention en tant que variable modulante de leurs jugements moraux diront que celui qui a le plus mal agi est l’enfant qui voulait causer le dommage, même s’il n’était pas très grave. D’un autre côté, les enfants des premiers stades de la théorie du développement moral de Kohlberg diront qu’il est pire d’avoir causé le plus grand mal, sans tenir compte de l’aspect involontaire.
Orientation vers l’ordre social
L’individu cesse d’avoir une vision basée sur le groupe, pour passer à une vision basée sur la société. Plaire au groupe ou aux personnes autour de moi n’a plus d’importance. Le critère de ce qui est bon ou mauvais est basé sur le fait que le comportement maintient l’ordre social ou l’empêche. L’important est que la société soit stable et qu’il n’y ait pas de chaos.
Ici nous observons un fort respect pour les lois et l’autorité. Cela en dépit de restrictions de libertés individuelles pour notre bien, en faveur de l’ordre social. La moralité dépasse les attaches personnelles et est liée à la législation en cours, qui ne doit pas être désobéie, afin de conserver un ordre social.
Orientation vers le contrat social
Ici, nous entrons dans le dernier niveau de développement moral, une étape que très peu d’individus atteignent dans leur vie. Ici, la moralité commence à être comprise comme flexible et variable. Pour ces individus, le bien ou le mal existe parce qu’une société a créé un contrat qui établit les critères moraux.
Les persones à ce stade comprennent la raison d’être des lois et sur cette base les critiquent ou les défendent. En outre, ces lois ne sont pour eux pas éternelles et peuvent être améliorées. Pour les personnes ou les enfants qui sont à ce stade, la morale implique la participation volontaire à un système social accepté, puisque la constitution d’un contrat social est meilleure pour soi-même et pour les autres que son absence.
Orientation vers le principe éthique universel
Cette étape de la théorie du développement moral de Kohlberg est la plus complexe. L’individu crée ses propres principes éthiques compréhensibles, rationnels et universellement applicables. Ces principes vont au-delà des lois et sont des concepts moraux abstraits difficiles à expliquer. La personne construit sa morale en fonction de la façon dont elle croit que la société devrait exister et non pas comment la société l’impose.
Un aspect important de cette étape est l’universalité de l’application. L’individu applique les mêmes critères aux autres qu’à lui-même. Il traite les autres, du moins il essaye, comme il voudrait lui-même être traité. Parce que si ce n’était pas le cas, nous serions à un niveau beaucoup plus simple, semblable au stade de l’orientation vers l’individualisme.
A présent, connaissant comment la moralité se développe chez les gens selon la théorie du développement moral de Kohlberg, nous avons l’occasion de mener une réflexion personnelle. A quel stade du développement moral nous trouvons-nous?
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