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Comment les enfants perçoivent-ils les notions de bien et de mal ?

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Comment les enfants perçoivent-ils les notions de bien et de mal ?
Sergio De Dios González

Relu et approuvé par le psychologue Sergio De Dios González

Dernière mise à jour : 27 décembre, 2022

L’un des problèmes éducatifs les plus compliqués inhérents à l’enfance concerne la façon d’enseigner aux enfants la différence entre ce qui est bien et ce qui est malEn partie parce que pour enseigner les notion de bien et de mal il est nécessaire de donner un exemple cohérent. Or, pour leur enseigner cette différence, il est très important de comprendre comment les enfants perçoivent les notions de bien et de mal.

Jusqu’à une époque récente, on considérait que les jeunes enfants n’étaient pas capables de construire un jugement moral adéquat dans la mesure où ils ne tenaient pas compte de certains aspects, tels que l’intentionnalité. Pourtant, grâce à la recherche, il a été démontré que les enfants sont en mesure d’évaluer ce qui est bien et ce qui est mal de manière beaucoup plus semblable aux adultes que ce que nous pensions.

Le psychologue suisse Jean Piaget, connu pour sa théorie du développement cognitif, a expliqué que les enfants progressent à travers les étapes du raisonnement moral à mesure qu’ils mûrissent. Plus tard, d’autres psychologues ont également étudié comment se produit le développement moral et comment les enfants perçoivent les notions de bien et de mal.

Pour étudier le raisonnement moral, Piaget a présenté des histoires aux jeunes enfants. Après avoir recueilli de nombreuses réponses à plusieurs histoires impliquant la morale, Piaget affirma que les enfants ne peuvent pas prendre en compte les intentions afin de juger de la moralité des autres, mais qu’ils se concentrent plutôt sur les événements, et non sur les intentions.

Le psychologue Lawrence Kohlberg a également présenté une théorie du développement moral. Kohlberg présenta des dilemmes moraux à des enfants pour déterminer comment ils perçoivent les notions de bien et de mal. Pour Kohlberg, les jeunes enfants âgés de 2 à 10 ans déterminent le bien et le mal en citant des punitions ou des récompenses. Si quelque chose génère la punition, c’est mal. Cependant, la réponse à la question de savoir comment les enfants perçoivent les notions de bien et de mal n’est pas si simple.

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L’intention préoccupe-t-elle les enfants ?

Toutefois, les enfants ne tiennent-ils vraiment pas compte de l’intention ? Des recherches plus récentes montrent que les théories d’étapes sont trompeuses. En effet, plusieurs études ont prouvé que si les chercheurs insistent sur les intentions des personnages tout au long d’une histoire, avec l’aide d’images ou de jouets pour aider les enfants à comprendre, ces derniers intègrent les intentions dans leurs jugements.

Une des raisons pour lesquelles les intentions doivent être soulignées est qu’il est difficile pour les enfants de se souvenir de tous les détails, y compris les intentions, dans un scénario. Si nous ne demandons pas expressément aux enfants de se souvenir des intentions derrières les actions d’un individu, ils basent leurs jugements sur la caractéristique la plus récente d’une histoire : le résultat.

Or, dans quelle mesure les intentions et les résultats sont-ils importants ? Les recherches menées avec des enfants et des adultes suggèrent que le jugement d’une intention peut changer en fonction du résultat d’une action. En effet, nos croyances sur les intentions des autres changent selon si le résultat de leur action est bon ou mauvais. Si l’effet secondaire d’une action est un mauvais résultat, les enfants comme les adultes auront tendance à penser que la personne a eu l’intention de le provoquer.

Le bien ou le mal selon les conséquences indirectes

Or, pourquoi les enfants et les adultes sont-ils davantage susceptibles de dire que les actions ayant des effets secondaires négatifs sont intentionnelles ? Une réponse à cette question peut être la violation de la norme. En effet, le philosophe Richard Holton affirme que nos intuitions sur les intentions sont expliquées par le fait qu’une action viole ou maintient une norme.

Si une règle est violée, nous considérons que l’action est intentionnelle. Au contraire, si une norme est maintenue, nous ne voyons pas l’action comme intentionnelle. Autrement dit, nous croyons que les personnes suivent les règles sans effort, mais qu’elles réalisent un effort conscient pour les violer.

Il s’agit de ce que nous appelons l’effet Knobe, une asymétrie particulière dans l’attribution de l’intentionnalité à une personne par rapport aux effets collatéraux attendus de son action, lesquels dépendent uniquement de l’évaluation morale de l’effet et sans que rien ne change dans la situation jugée. Ainsi, si les effets collatéraux sont mauvais, ils seront considérés comme étant intentionnellement produits, ce qui n’est ne sera pas le cas des bons effets collatéraux.

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La pensée des enfants sur les notions de bien et de mal

Des recherches récentes suggèrent que le raisonnement moral des enfants est plus complexe que nous le pensions auparavant. Les premières études qui utilisaient des dilemmes moraux étaient défectueuses en raison de leur complexité et de leur manque de compréhension des capacités cognitives des enfants.

Grâce à des recherches plus récentes, nous savons que lorsque les questions sont posées de manière claire et compréhensible, les enfants reflètent la tendance des adultes à soupeser les intentions et les résultats dans leurs jugements moraux.

Les enfants perçoivent le bien et le mal. La clé pour apprendre à distinguer ce qui est bien de ce qui est mal est de rendre la situation compréhensible à leurs capacités et à leurs manières de percevoir la réalité.


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