"Sisu", le remède finnois pour les moments difficiles
Pour le peuple finnois, “sisu” a un sens mystique, presque magique. Plus qu’un mot, il s’agit d’une injection d’énergie et de courage qui reste imprégnée dans leur propre héritage culturel. “Sisu”, c’est la force de volonté, la détermination, la persévérance et, avant tout, la résilience. C’est presque comme l’épine dorsale d’un peuple qui, grâce à ce mot, possède le meilleur remède contre les adversités.
S’il y a bien une chose qui est toujours vivifiante et enrichissante, c’est de nous plonger dans des cultures différentes à la nôtre pour apprendre et pour réfléchir à différents termes qui, en fin de compte, partagent des racines communes qui nous sont familières. Sisu (prononcé see’-soo) donne forme à cette attitude résiliente qui nous interpelle, nous inspire, et que nous essayons d’appliquer au quotidien.
“Le monde brise les individus, et, chez beaucoup, il se forme un cal à l’endroit de la fracture.”
-Ernest Hemingway-
L’origine de ce mot est, pour les finnois, quelque chose de très spécial. À tel point que nous pouvons actuellement trouver dans ce pays des voitures de la marque Sisu, des fourgons blindés, le brise-glace MS Sisu, et même une marque de bonbons à la saveur intense pour apaiser la toux. Par ailleurs, il faut souligner que dans l’Antartide, il existe un mont qui porte ce nom depuis que Veikka Gustafsson, un alpiniste finnois, l’escalada dans les années 90.
Sisu, un mot intraduisible avec un passé très concret
Le 30 novembre 1939, l’Union Soviétique déclara la guerre à la Finlande, trois mois après le début de la Seconde Guerre Mondiale. Ce conflit est l’un des plus admirés et étudiés dans les livres d’Histoire ; il dura à peine 105 jours et fut, pour les Russes, un authentique désastre militaire.
La dénommée “Guerre d’Hiver” était, à première vue, une véritable bataille perdue d’avance pour les Finlandais : ils n’avaient que peu de soldats (la majorité n’avaient même pas d’uniforme), face aux 2,5 millions d’hommes dont disposait l’Armée Rouge.
Ajouté à ces bataillons de soldats, on retrouvait tout le côté matériel de l’armée russe, avec ses tanks puissants et ses avions sophistiqués. Tout semblait présager que la Finlande serait rapidement une terre brûlée et conquise, mais les Soviétiques avaient oublié le caractère valeureux des Finlandais. Ce fut à ce moment qu’un mot surgit parmi les soldats finnois, qui leur servait de motivation et, en même temps, d’invocation de leur esprit guerrier. Le mot magique était “sisu”.
Ce terme leur servait à nourrir leur courage et leur refus de se rendre. Pour faire fuir la peur, alimenter la détermination, se dégager de l’insécurité et tirer des forces alors que tout était apparemment perdu. Les livres d’Histoire commentent que les Soviétiques ont perdu à cause de l’hiver très rude et des bois épais où il leur était impossible de s’orienter.
Ce fut peut-être le cas, mais les analystes savent qu’une chose très spéciale s’est produite au cours de cette guerre : les soldats et la population se sont alliés de façon stratégique et ont créé de petits groupes d’attaque qui semèrent une panique atroce dans les rangs russes. C’est là qu’a émergé ce qu’on a appelé “l’esprit d’hiver finnois” ou “Sisu”.
Les 5 composants du Sisu
Cette attitude qu’affichent les Finlandais définit 5 aires merveilleuses qu’il vaut la peine d’analyser en détails. Le muscle psychologique, motivationnel et de croissance personnelle qu’elles forment dans leur ensemble souligne une stratégie que nous devrions travailler au quotidien en faisant preuve de volonté et en lui accordant du temps.
En voici quelques éléments :
Une gestion du stress adéquate
Chaque instant complexe exige que nous soyons attentif-ve-s et réceptif-ve-s à tout ce qui nous entoure. Pour pouvoir utiliser toutes nos ressources personnelles face à une difficulté ou un défi, nous devons gérer le stress de façon adéquate.
Persévérance
La persévérance est une valeur exceptionnelle : elle nous inculque la capacité de réfléchir, d’être créatif-ve-s et décisif-ve-s. Elle consiste aussi à pouvoir terrasser les ruminations ou les pensées usantes pour focaliser toute notre énergie sur ce qui est important, sur ce qui peut nous apporter des bénéfices.
“La vie n’est pas une question d’avoir les bonnes cartes en main mais de bien jouer avec celles que nous possédons.”
-Robert Louis Stevenson-
Honnêteté
Sisu n’est pas un terme qui nous injecte de la force et du courage de façon arbitraire : il nous pousse à agir continuellement en syntonie avec nos valeurs et essences, à être intègres avec nos racines, honnêtes avec nos principes et nos besoins. Nous nous trouvons donc face à une attitude qui nous invite à mettre en pratique une authentique qualité humaine.
Résilience
Quand les soldats finnois gagnèrent contre les soldats russes, ils ne furent pas seulement fiers de leur victoire, fiers d’avoir vaincu un ennemi si féroce, si puissant. Ces 105 jours leur furent utiles pour acquérir toute une série de connaissances qui se gravèrent dans le mot “sisu”, celui que les générations suivantes ne cessèrent de transmettre.
Cette guerre fut une authentique leçon de résilience : parce qu’il ne suffit pas d’avoir du courage pour sortir triomphant-e-s d’une situation critique et parce qu’il ne suffit pas non plus d’y survivre : le plus important est d’en sortir plus fort-e et d’être dépositaires de connaissances vitales exceptionnelles.
La fixation d’idéaux et d’objectifs
Avoir un projet de vie, nous définir en fonction de certains idéaux, avoir des buts à l’horizon et de fermes illusions dans le cœur font qu’une personne possède l’esprit “sisu”. À partir de là, chaque fois que ces moments compliqués qui aiment nous mettre à l’épreuve apparaîtront, rien ne sera plus utile que d’ajuster notre boussole interne pour nous diriger vers ce nord où se trouvent nos forces, nos valeurs et nos identités.
Pour conclure, comme nous avons pu le deviner, “sisu” est presque une ode à la vie ; c’est l’appréciation de ces dimensions psychologiques qui nous rendent beaucoup plus aptes face à n’importe quel défi et qui font de nous des êtres plus forts et plus dignes, qui comprennent que le bonheur n’est pas une chose qui apparaît ou qui s’évanouit mais une chose qu’il faut conquérir et pour laquelle nous devons lutter chaque jour.
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