Je ne suis parfois pas là pour tout le monde... parce que j'ai aussi besoin d'être là pour moi

Je ne suis parfois pas là pour tout le monde... parce que j'ai aussi besoin d'être là pour moi

Dernière mise à jour : 16 juillet, 2017

Je ne suis parfois là pour personne parce que j’ai besoin de moi, j’ai besoin de m’écouter, de réparer mes espaces brisés, de limer mes coins aiguisés. Le fait que je ne réponde pas aux messages ou que je mette mon téléphone en mode silencieux pendant quelques heures ou quelques jours ne veut donc pas dire que j’ai fermé ma porte au monde : je suis juste parti-e en promenade avec moi-même, avec cet être que j’avais longuement négligé.

Il est curieux de voir comment, presque sans nous en rendre compte, nous finissons par nous placer nous-mêmes dans le dossier des “spam”. Nous nous reléguons au tiroir des affaires à régler plus tard, à la dernière page de notre agenda ou à ce post-it jaune fluo qui finit par se perdre dans le fouillis de notre bureau parce qu’il y a toujours une priorité qui surgit et le remet à plus tard.


“Il y a trois choses extrêmement dures : l’acier, les diamants et se connaître soi-même”.

-Benjamin Franklin-


Nous vivons dans une société très exigeante et compétitive, nous le savons bien. Il y a beaucoup de choses à faire et les journées peuvent aussi bien être trépidantes qu’épuisantes. Et, comme si ce n’était pas suffisant, on doit rajouter à cela les nouveaux systèmes de communication, là où le traitement et les interactions sont constants et immédiats.

Nous vivons organisé-e-s dans plusieurs groupes de WhatsApp, nous sommes localisables en permanence, nous devons toujours répondre à un message qui apparaît sur l’écran de notre portable, écrire un e-mail, mettre un j’aime à une photo et dire quelque chose à propos d’un étiquetage, même si nous n’en avons pas envie.

C’est comme vivre dans un épicentre où notre regard hypermétrope est incapable de voir ce qui se trouve devant lui. Nos yeux fatigués peuvent lire les besoins des autres mais sont incapables de déchiffrer les nôtres… Tout a l’air flou, tout se transforme en une boule qui s’installe là, dans notre cœur et dans notre esprit, comme si quelque chose ne fonctionnait pas, comme si quelque chose n’allait pas bien, sans que nous sachions pourquoi…

Vous avez atteint votre limite, mais vous ne le savez pas encore

Beaucoup de personnes ont besoin de vous, vous le savez bien. Chaque jour, vous devez escalader dix montagnes et surmonter une dizaine d’obstacles et vous y parvenez, cela ne fait pas l’ombre d’un doute. Cependant, personne ne vous donne de médailles pour ces réussites, presque personne ne reconnaît vos efforts, votre dévouement ou même votre faculté à renoncer à beaucoup de choses pour celleux qui vous entourent. Les choses perdent peu à peu de leur sens. La saveur des personnes n’est plus la même. Le monde n’a plus de musique, ne rime plus, n’est plus aussi agile, et vous finissez par vous enfoncer dans vos propres responsabilités comme une pierre qui tombe dans un puits sans fond.

Être présent-e pour tou-te-s et pour tout, chaque jour et à chaque instant, suppose un taux d’intérêt secrètement élevé. Les signes de ce processus de stress continu dans le temps peuvent très bien dériver vers une dépression. Nous devons donc être très attentif-ve-s aux symptômes :

  • Lassitude, fatigue extrême qui ne se récupère parfois pas avec le sommeil ou le repos nocturne.
  • Maux de tête, migraines.
  • Douleurs dans le dos.
  • Digestion difficile.
  • Sensation d’ennui constant, la vie ne nous intéresse presque plus.
  • Impatience et irritabilité.
  • Frustration, commentaires chargés de cynisme, mauvaise humeur, apathie constante…

Aussi curieux que cela paraisse, vivre dans un environnement très exigeant et en constante activité finit par nous endormir. Nous devenons insensibles à nos propres besoins, nous sommes étranger-ère-s à notre propre cœur et nous nous transformons en vagabond-e-s perdu-e-s sur cette île de Circé, oubliant où se trouve notre foyer et cette maison où habite notre propre être.

Aujourd’hui, je ne suis là pour personne ; aujourd’hui, je suis là pour moi

Dire à voix haute “pendant quelques jours, je ne serai là pour personne, j’ai besoin de me retrouver” n’est pas un manque de respect. Vous ne faites de mal à personne, vous ne détériorez rien, le monde continuera à tourner et les fleuves à couler. Et pourtant, quelque chose de merveilleux se produira : vous laisserez libre cours à la guérison émotionnel, vous vous offrirez du temps, de l’attention et un espace propre où vous pourrez vous réfugier. Ce sera comme aller dans le creux d’un arbre pour reprendre contact avec vos racines, là où vous pourrez vous retrouver, en position fœtale, pour vous nourrir et permettre à vos feuilles et à vos branches de grandir librement afin d’aller frôler le ciel.

Nous vous proposons maintenant de réfléchir à certaines idées qui peuvent vous aider à y parvenir.


“Nous ne devenons ce que nous sommes qu’à partir du rejet total et profond de ce que les autres ont fait de nous.”

-Jean-Paul Sartre-


Quelques clés pour prendre le contrôle, pour vous écouter quand vous en avez besoin

Au milieu de cette vaste routine qui finit par nous rendre esclaves de nos obligations personnelles et de celles d’autrui, il doit exister un espace, un petit creux confortable et spécial qui n’appartient qu’à nous. Comme une cachette pour survivre, comme un bateau de secours vers lequel nous pouvons nous diriger à chaque fois que nous pensons avoir atteint nos limites.

  • Quand vous sentez que les pressions externes vous empêchent d’être vous-même, faites une pause et visualisez les deux endroits que nous avons énoncés ci-dessus : rejoignez ces lieux.
  • Le moment est venu de monter un plan de secours. Benjamin Franklin disait toujours que “si nous n’avons pas de plan de secours au quotidien, nous sommes condamnés à dériver éternellement”.
  • Ce plan de secours doit avoir un objectif et établir ce qui est prioritaire ou ce qui est secondaire (aujourd’hui, mon objectif est de faire mon travail, de ne pas me stresser et mon plan comprend deux heures pour respirer. Être bien vu-e par mes collègues ou mes proches est secondaire).

Enfin, nous devons bien avoir à l’esprit que nous allons avoir besoin de jours pour nous-mêmes. Il s’agira d’une priorité totale. Le faire comprendre à celleux qui nous entourent n’est pas du tout un acte égoïste. Eteindre son téléphone, sortir marcher, respirer et nous envelopper de nos propres pensées est un acte de véritable santé mentale. Car que nous le croyions ou non, ces journées où nous avons besoin de nous-mêmes sont nombreuses ; nous écouter, mettre notre nom en haut de la liste des “priorités”, cela n’est pas seulement recommandé, mais OBLIGATOIRE.


Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.