Pourquoi suis-je incapable de me mettre en colère ?
Rédigé et vérifié par Psychologue Angela C. Tobias
Malgré sa mauvaise réputation, la colère bien gérée est une aide très précieuse. Certaines personnes sentent par ailleurs qu’elles sont incapables de se mettre en colère, même lorsqu’on les blesse ou les traite injustement. Un handicap perçu qui les fait se sentir mal.
En réalité, ces personnes se mettent en colère. Elles sont bel et bien capables de sentir que d’autres violent leurs droits. Mais leur stratégie d’adaptation est une stratégie de confinement extrême, souvent guidée par l’insécurité et de faibles compétences sociales. Conséquence de cela : l’énergie de l’émotion se retourne contre elles et leur bien-être.
Pourquoi la colère est-elle parfois nécessaire ?
La colère, comme toutes les autres émotions de base, remplit plusieurs fonctions essentielles. Malgré sa réputation d’émotion négative, elle est nécessaire lorsque surviennent des situations pouvant menacer l’intégrité. En d’autres termes, elle a un rôle fondamental dans la survie et, par conséquent, dans la fonction évolutive en tant qu’espèce.
La colère est physiologiquement facile à identifier. On observe une augmentation des neurotransmetteurs tels que l’adrénaline et la norépinéphrine ou noradrénaline, les hormones impliquées dans les émotions du type peur et agressivité. En outre, la pression artérielle et la respiration montent en flèche. Le corps se prépare à la confrontation.
Au-delà de la survie, la colère est l’instigatrice du changement. Être en colère est une situation désagréable qui nous oblige à changer ce qui nous dérange. Elle peut également nous motiver à défendre des limites personnelles lorsque celles-ci sont en péril.
Pourquoi ai-je tant de difficultés à exprimer ma colère ?
Certaines personnes se sentent incapables d’exprimer leur colère. Nous ne faisons pas référence ici au fait d’essayer de contrôler certaines pulsions.
Une personne qui sent qu’elle ne se met jamais en colère ne peut jamais se projeter dans des situations néfastes précisément parce qu’elle n’est pas parvenue à réagir dans des situations similaires et précédentes. Nous décrivons ci-après quelques facteurs expliquant le phénomène.
- La société de la “happycratie“. Il ne convient pas de s’énerver, d’être triste ou effrayé. Il convient d’être heureux en permanence. De sorte que la colère appartient à ce groupe d’émotions considérées à tort négatives.
- Les autres peuvent s’énerver si je le fais moi-même. La peur de la réaction des autres peut être une raison pour ne pas exprimer la colère. Il peut en effet être particulièrement difficile d’oser montrer aux autres cette partie inexplorée si nous jouons systématiquement le rôle d’une personne joyeuse ou compréhensive.
- Nos proches ne se fâchent jamais ou, au contraire, toujours. L’ héritage familial consiste, entre autres, à apprendre comment nos principales figures d’attachement gèrent les différentes émotions. Il se peut que vous avez appris à éviter l’expression de colère comme mécanisme de défense parce que vous avez vécu des expériences néfastes avec la colère.
- Difficultés sociales ou en lien avec la timidité. Montrer ce type d’émotions lorsque l’on présente certaines difficultés sociales n’est pas évident. La personne se sent si socialement tendue ou anxieuse qu’elle peut être incapable de manifester ses émotions naturellement.
Que se passe-t-il si je ne peux vraiment pas exprimer la colère ?
Une personne peut avoir des difficultés avec les émotions liées à la colère pour plusieurs raisons. Et cela peut avoir des conséquences dans différents domaines de la vie personnelle. Nous l’ expliquions précédemment, il s’agit d’une émotion de base ayant diverses fonctions au niveau psychologique et physiologique. Alors, que se passe-t-il si vous réprimez la colère ?
Pour répondre à cette question, il est intéressant de réfléchir à des situations spécifiques. Dans quelles situations avez-vous senti que vous auriez dû être en colère sans avoir pu le faire ? Quelles sont les conséquences de la répression de la colère ? Vous vous êtes peut-être retrouvé dans l’une des situations suivantes :
- Vous n’avez pas été en mesure de mettre de limites aux autres. La répression de la colère peut empêcher la réalisation de comportements pleinement assertifs. Peut importe qu’il s’agisse du domaine professionnel, social, amoureux ou autre. Ce handicap résulte généralement d’un style de communication passif.
- Vous avez l’impression de stagner. Vous pouvez avoir l’impression que cela fait longtemps que quelque chose ne va pas, ou que vous avez besoin d’un changement. La difficulté à exprimer la colère peut néanmoins rendre impossible la sensation d’inconfort qui précède le changement.
- L’émotion elle-même ne pu être soulagée et a ensuite débordé. Une émotion ne disparaît pas comme par magie lorsque nous la réprimons. Exprimer ses émotions génère une décharge émotionnelle qui soulage immédiatement la tension. Réprimer la colère peut donner lieu à une explosion future face au moindre facteur de stress.
Une émotion qui donne un nouveau souffle
Malgré sa réputation d’émotion négative, la colère joue un rôle régulateur chez l’être humain. Elle est en fait un grand instigateur de changements au niveau personnel et social. Il s’agit d’un mécanisme de défense contre les agents qui menacent l’intégrité personnelle. Elle joue le rôle d’amortisseur contre l’anxiété lorsque nous la gérons correctement.
Certaines personnes se sentent en revanche incapables d’exprimer et d’éprouver des émotions liées à la colère et à la rage. Le renforcement social du sourire et la façon dont leurs proches gèrent ces émotions peuvent être un obstacle à l’expression adaptative de la colère. La répression de cette émotion peut aussi être liée à de la timidité ou à la peur de la réaction d’autrui.
Il est donc particulièrement important, en cas de difficultés, de travailler sur une expression correcte de la colère. Le contraire pourrait nous amener à éprouver une certaine stagnation vitale ou à accumuler tellement de colère qu’elle finira par donner lieu à une grande explosion.
Certaine situations exigent du calme, d’autres des larmes ou une profonde angoisse. Il y aura aussi des situations dans lesquelles vous vous sentirez particulièrement blessé. Vous ressentirez alors peut-être le besoin d’exprimer votre colère. Exprimée intelligemment, cette émotion nous libère, nous encourage et nous place en sécurité.
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