Les personnes accros aux relations : des esclaves de l'attachement affectif
Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater
Le mal d’amour existe et ses victimes se comptent par milliers. Car il existe des personnes accros aux relations qui abandonnent chaque jour leur dignité et leur amour-propre dans la salle des objets perdus pour vivre un attachement affectif aussi toxique que destructeur. Ces profils se caractérisent par une claire immaturité émotionnelle; l’amour se transforme rapidement en un substitut amer avec de graves effets secondaires.
Les personnes accros aux relations affectives ne créeront jamais un lien sain et heureux : elles ne font que créer des otages. Elles érigent, au quotidien, des scènes de captivité non convenue, un quadrilatère de souffrance au sein duquel sont sacrifiés des valeurs, des principes moraux, émotionnels et même psychologiques.
Ainsi, et comme cela se produit habituellement avec tous les autres genres d’addiction, il n’est pas facile d’abandonner une habitude qui se nourrit d’un besoin féroce: celui de faire partie de la vie de quelqu’un, de s’incliner devant une personne pour nous sentir comblé-e-s et rassasié-e-s. Quand le cerveau s’habitue à cette dynamique, à ce substitut d’amour ou à cette drogue empoisonnée, il est très difficile de se détacher de la routine…
“Il faut aimer en étant libre: je n’ai pas besoin de toi, je te préfère, je te choisis.”
-Walter Riso-
Comment sont les personnes accros aux relations ?
Les personnes accros aux relations affectives sont comme tout le monde. Elles ont leur travail, leur environnement personnel, leurs goûts, leurs passions, leurs qualités, leurs défauts. Cela signifie une chose très simple: l’addiction à l’amour n’a pas d’âge ou de statut. Elle ne discrimine pas et peut apparaître chez chacun de nous, sans même que nous nous en rendions compte. Nous ne voyons parfois pas que notre relation sentimentale a des composants clairement addictifs.
Si nous approfondissons ce point qui conforme l’essence de nos besoins affectifs, nous nous rendrons compte d’une chose. La première est qu’il existe deux types de personnes accros aux relations. Le type 1 renvoie à celles qui ont toujours besoin d’être en couple. Leur principe serait le suivant: “on ne tombe pas amoureux de qui l’on veut mais de qui l’on peut; l’important est d’aimer, d’avoir quelqu’un”.
L’accro numéro 2 s’accroche à une relation dès qu’elle commence. Il ne l’abandonnera pas, et peu importe qu’elle soit douloureuse ou brise tous les ciments de sa dignité. Par conséquent, l’accro de type 1 et de type 2 présentent des caractéristiques communes: peur de la solitude, absence d’identité claire, manque d’estime de soi, recherche constante d’affection et de validation de l’autre. Ceci dérive vers des comportements extrêmes qui se font dans le but de maintenir la relation. Ces personnes affichent une anxiété extrême lorsqu’elles se rendent compte que quelque chose ne va pas.
Toute cette symptomatologie qui touche les personnes accros aux relations a presque le même patron qu’un trouble d’abus de substances. Le cerveau a besoin de cette dose d’attachement obsessionnel, de ce nutriment que nous apporte l’autre. Même s’il s’agit souvent d’un amour frelaté et toxique. De cette façon, nous devenons petit à petit incapables de réguler notre comportement. Et atteignons des situations extrêmes: troubles de l’anxiété, troubles alimentaires, tentatives de suicide…
Que peuvent faire les personnes accros aux relations pour en finir avec cette dynamique ?
Il est très difficile d’arrêter de fumer alors que nous avons encore une cigarette dans la main. Il nous sera donc très compliqué de mettre fin à une relation si nous entretenons les mêmes idées et nous droguons avec cette nicotine affective qui détruit l’amour propre.
Certains commencent une thérapie en se plaignant de toujours tomber amoureux des mauvaises personnes. De celles qui font le plus de mal. C’est comme si leur cerveau était programmé pour tomber dans les mêmes dynamiques de douleur. Au lieu d’apprendre du passé et des mauvaises expériences, ces gens dérivent encore et encore vers des situations similaires. Pourquoi ? Pourquoi est-ce si difficile de mettre un terme à ces comportements ?
Tout simplement parce qu’ils n’ont pas encore compris la répercussion de cette “dépendance à l’amour”. Parce qu’ils sont vulnérables, ont une faible auto-estime et des besoins d’attachement peu sains. Ils ont besoin de travailler une série d’aspects clés. Les voici.
Comment faire face à mon addiction affective
- Il est nécessaire de reconnaître son addiction aux relations affectives et ses conséquences. Soyons honnêtes avec nous-mêmes et reconnaissons que quelque chose ne va pas. Ouvrons les yeux et pratiquons le réalisme affectif.
- Il faut comprendre que le tendon psychique et émotionnel de toute relation est le respect et l’auto-respect. Sans eux, nous ne méritons ni d’aimer ni d’être aimés. Celui qui ne se respecte pas se néglige et finit en miettes.
- Il est essentiel de comprendre un autre aspect. L’attachement, le besoin obsessionnel d’avoir quelqu’un à nos côtés à n’importe quel prix et dans n’importe quelle situation, aussi douloureuse soit-elle, nous corrompt en tant que personnes. Il nous dégrade et détruit tout notre potentiel.
- Très souvent, nous transformons nos désirs en besoins. Derrière la phrase “je veux être aimé” se cachent souvent des nécessités qu’il est nécessaire d’explorer et de comprendre. Si j’ai besoin de reconnaissance, de validation ou de me défaire de la solitude à tout prix, je ne dois pas chercher d’otages pour satisfaire mes désirs. Je dois d’abord combler ces dimensions tout seul.
Les personnes accros aux relations affectives doivent franchir un cap et se poser une question toute simple : qu’est-ce que je préfère, le mal d’amour ou la santé affective ? Si la seconde option est choisie, un seul chemin est possible. Un chemin apparemment simple mais qui requiert un profond travail interne. Il s’agit de travailler son estime de soi, de bâtir une dignité profonde, précieuse et brillante, capable de nous libérer et de créer des liens enrichissants sans le moindre otage. Des relations avec des personnes libres qui se choisissent pour monter un projet en commun.
Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.