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L'aube appartient aux amoureux-ses, aux rêveur-se-s et aux lecteur-trice-s

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L'aube appartient aux amoureux-ses, aux rêveur-se-s et aux lecteur-trice-s
Dernière mise à jour : 01 mars, 2017

À l’aube, nos pensées volent comme des télégrammes à la recherche de destinataires. C’est cette ligne magique entre la nuit et le jour où habitent les lecteur-trice-s invétéré-e-s, les rêveur-se-s mélancoliques, les esprits créatifs et les amant-e-s qui, entre caresses et confidences, se dévêtissent de leurs vêtements et de leurs émotions…

L’aube, comme nous pouvons le voir, n’est pas seulement le territoire des insomniaques ou des noctambules. En réalité, c’est un décor particulièrement évocateur pour notre cerveau. C’est là que l’on se sent libéré-e des stimulations extérieures pour se connecter avec des espaces beaucoup plus intimes, libres et créatifs. De fait, même notre biochimie cérébrale se voit encouragée par d’autres engrenages, très différents de ceux qui nous régissent dans la journée.

Nous savons que l’être humain adapte ses cycles biologiques à travers le rythme circadien. Nous sommes synchronisé-e-s par cette petite et fascinante structure appelée la glande pinéale qui, lorsqu’elle est stimulée par la lumière ou inhibée par l’obscurité, favorise la production de mélatonine pour orchestrer nos cycles de sommeil et de veille. Sa participation dans l’arrivée et la permanence de ces deux états est assez connue. Mais elle ouvre aussi la porte à d’autres processus tout aussi intéressants, mais moins connus que celui de veille-sommeil.

Les personnes qui arrivent au lit reposées sont nombreuses, et au lieu de se rendre au plaisir agréable de l’oreiller, sentent que leur esprit s’allume et règle des choses. Comme des radars qui attendent de capter le signal des étoiles. C’est un moment où la lecture donne envie, car elle paraît plus vivante, car entre cette océan de lettres et notre esprit, il se forme une artère invisible qui pompe plus fort. C’est la même chose qui arrive avec notre créativité ou même l’amour.

Car à ces heures, quand la ville est éteinte, les émotions s’allument et sont plus intenses.

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Les horaires actuels empêchent la créativité et le bonheur

Les personnes sont comme des créatures prisonnières de l’aiguille affûtée du minuteur. Nous vivons dans l’attente de ces horloges qui régissent notre temps de travail, notre temps d’alimentation et notre temps de loisir. Ces horaires dictées par notre société ne sont pas toujours en harmonie avec nos besoins. Les tours de travail ou les longues journées professionnelles qui rendent impossibles la conciliation familiale sont des ennemis acceptés qui nous spoilent une partie de notre bonheur.

“La nuit est la moitié de la vie, et la meilleure moitié”.

-Goethe-

Des neuro-scientifiques comme Paul Kelly, chercheur à l’Institut du Sommeil et de la Neuroscience Circadienne de l’Université de Oxford, nous explique que le monde professionnel aussi bien que le monde éducatif ne sont pas du tout respectueux des rythmes circadiens. Selon lui, toutes ces pratiques auront pour principal effet de transformer notre société en une société fatiguée. Commencer tôt le travail ou les études, et se soumettre à des horaires très larges où l’on sort des obligations le soir et arriver chez soi alors qu’il fait nuit est décourageant dans tous les sens du terme.

Nous vivons dans un monde où on valorise plus la “présence” que l’efficacité. Être physiquement à son poste de travail ou à son bureau ne signifie pas que l’on donne le meilleur de soi-même. La fatigue accumulée et le stress de ces horaires peu respectueux amputent totalement le potentiel de nos cerveaux. Petit à petit, nous nous soumettons à une entropie émotionnelle jusqu’à tomber dans la triste léthargie du malheur.

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L’aube, le nid douillet des rêveurs

On dit que l’aube est le nid douillet des rêveur-se-s, c’est un moment où les étoiles chuchotent entre elles et où certains ont la faculté de les entendre. Engagé-e-s dans des horaires et des obligations titanesques et peu conciliants dont nous venons de parler, nous n’avons à peine le temps pour ces moments-là. Mais il est courant qu’une fois que le week-end arrive, notre cerveau nous demande un recoin à lui, quelques heures de répit, où il peut se libérer.

Le processus par lequel il parvient à cela est tout simplement fascinant.

La nuit, le cerveau fonctionne à un autre rythme

Le cortex cérébral est la zone où se concentrent une série de régions responsables de tâches comme l’attention, la planification, la mémoire de travail et les récompenses.

  • C’est une zone qui est très active pendant la journée grâce à un apport régulier en dopamine. Cependant, quand l’obscurité caresse notre glande pinéale, cet apport diminue et invite au recueillement.
  • Le cortex cérébral, pour le dire ainsi, se déconnecte ou entre dans un état de “stand by” car il n’y a plus autant de stimuli externes à transformer, à gérer ou à affronter.

La nuit, tout comme l’aube, sont des moments de subtile complaisance pour le cerveau, qui souhaite se concentrer sur d’autres zones. C’est là que s’ouvrent les portes des recoins fascinants comme l’imagination, l’émotion, l’introspection ou la réflexion.

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C’est le moment pour un autre type d’énergie

Nous sommes sûr-e-s que vous l’avez déjà vécu plus d’une fois ; aller vous coucher avec un problème, un manque d’idée ou préoccupé-e et soudain, vous vous réveillez à l’aube avec l’esprit clair et lisse comme la surface d’un miroir.

  • Les réponses commencent à arriver. L’inspiration fleurit, les émotions s’affinent, notre capacité à sentir, à connecter des idées ou à visualiser des images quand nous lisons s’intensifient encore plus.
  • Ce n’est pas de la magie ni une capacité surnaturelle. C’est le moteur de notre neurochimie qui voit la nuit comme le moment parfait pour concentrer toute son énergie et ses ressources sur le cerveau.

L’esprit se vide et les pensées vont à un autre rythme, il y a plus de connectivité et la personne profite plus de certaines activités qui ne sont pas possibles pendant la journée.

Bien sûr, à cause des horaires, nous ne pouvons pas toujours profiter de ces moments qui nous privent de quelques heures de sommeil. Mais, il n’est jamais de trop de se délecter de ce recueillement subtil et agréable que nous offrent la nuit et l’aube, là où seule la lune ou le soleil timide sont les témoins de nos plaisirs simples : rêver, lire et aimer…

 

Images d’Isabelle Arsenault

Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.