La théorie de l’automédication chez les toxicomanes
Rédigé et vérifié par Psychologue Gema Sánchez Cuevas
Depuis que l’être humain existe, la recherche de plantes médicinales ou le désir de consommer des substances pour se soigner ou se divertir sont des activités notables. Il se peut même qu’elles soient la graine ayant permis de connaître et de consommer aujourd’hui une grande variété de substances psychoactives.
Cette habitude fait partie des croyances et idées propres à chaque époque puisqu’elle est liée à la santé et à la maladie. Par exemple, au début du 20ème siècle on considérait qu’une personne addict était un être méprisable et paresseux, qui manquait de volonté pour contrôler ses impulsions.
Khantzian, un psychanalyste qui travaillait auprès de personnes addicts à l’université d’Harvard commença à identifier la finalité et l’objectif recherché par ces personnes lorsqu’elles consomment de telles substances. Cet auteur développa la théorie de l’automédication selon laquelle la cause principale pour consommer ces substances est en fait l’incapacité d’une personne à tolérer les états négatifs.
Dans l’actualité, l’addiction aux substances psychoactives est un grand problème de santé publique : elle a un impact sur la société et des conséquences au niveau social, juridique et politique. Pour cela, on fait chaque jour de grands efforts pour parvenir à comprendre les causes et les conséquences de ce trouble.
En quoi consiste la théorie de l’automédication ?
Khantzian fit une observation en étudiant ses patients : ils avaient tous consommé au moins trois substances psychoactives différentes avant de développer une dépendance et une addiction. L’auteur se demanda alors pourquoi ces individus avaient choisi cette substance et non pas une autre. Il parvint à une conclusion surprenante : en fonction du trouble psychiatrique dont souffrait chaque patient, une drogue ou une autre était choisie afin de soulager au maximum la symptomatologie psychopathologique.
Par exemple, un homme d’affaires timide avait recours à l’alcool pour augmenter ses ventes. De la même manière, un adolescent avec des problèmes d’agressivité finissait par consommer de l’héroïne pour mieux contrôler ses pulsions. Tous ces individus testaient intuitivement une drogue puis une autre jusqu’à trouver celle qui leur paraissait la plus efficace. Evidemment, cette consommation abusive de substance finissait par causer un problème ayant une entité propre : l’addiction.
Selon le DSM-5
Actuellement, pour établir le diagnostic du trouble de la consommation de substances dans le DSM-5 nous devons identifier au moins deux critères suivants pendant une période de 12 mois :
- Consommation de grandes quantités de substances ou pendant une durée plus prolongée que prévue
- Désirs insistants de réguler ou de cesser la consommation et tentatives non concluantes
- Perte de beaucoup de temps pour obtenir la drogue, la consommer ou récupérer
- Désir intense de consommation
- Consommation récurrente peut mener au non-accomplissement des tâches dans les domaines académiques, professionnels ou domestiques
- Consommation continue malgré des problèmes récurrents dans la sphère interpersonnelle causés par les effets de cette consommation
- Réduction ou abandon des activités sociales, divertissantes ou professionnelles en raison de la consommation des substances
- Apparition probable d’une consommation récurrente de la substance même lorsque celle-ci implique un risque physique
- La personne consomme de manière continue même en sachant qu’elle souffre d’un problème physique ou psychique qui peut être causé ou aggravé par la consommation en question
- Tolérance
- Abstinence
Quelles évidences existe-t-il autour de la théorie de l’automédication ?
Comme nous l’avons expliqué antérieurement, cette théorie part du fait que les patients qui développent le trouble de la consommation de substances le font car ils souffrent de troubles psychopathologiques. Ces derniers les poussent, directement ou indirectement, à consommer des substances comme une forme d’auto traitement.
Cette hypothèse est fondée sur la découverte des récepteurs opioïdes dans le système nerveux central :
- N’importe quelle substance produit un effet dans le système nerveux central qui implique l’interaction de structures cérébrales spécifiques
- La substance en question (héroïne, cocaïne) agit de manière répétée sur ces structures cérébrales et provoque une série de modifications qui rend l’individu dépendant
Bien que cette hypothèse ait initialement été présentée pour les opiacés et les psychostimulants, elle est également applicable au cas de l’alcool. Il existe des données en faveur à l’encontre de la théorie de l’automédication. On a trouvé des évidences partielles chez les patients schizophrènes et les personnes souffrant d’un trouble de la personnalité.
En plus de la théorie de Khantzian, d’autres hypothèses ont historiquement été présentées. En fait, le débat continue encore aujourd’hui. Il est clair que tous les patients ne sont pas identiques et que chacun nécessite donc un diagnostic et un traitement individualisé. Le fait que cette théorie ait montré certaines évidences scientifiques ne signifie pas pour autant que tous les patients toxicomanes souffrent préalablement d’une pathologie.
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