La détérioration cognitive associée à la consommation de drogues
Rédigé et vérifié par le psychologue Sergio De Dios González
Existe-t-il une détérioration cognitive associée à la consommation de drogues? La réponse est claire: oui. La consommation de drogues affecte toujours, d’une façon ou d’une autre, le fonctionnement du cerveau. Et elle le fait toujours de manière négative.
Chaque année, plus de 20.000 personnes meurent prématurément à cause d’une consommation excessive d’alcool. Car l’alcool est bien une drogue, même si sa consommation n’est pas normalisée. Mais que se passe-t-il avec le reste des drogues ?
Un bon nombre de recherches appuient l’idée selon laquelle la consommation fréquente de drogues mènerait à une profonde détérioration. Il existe par ailleurs un point à partir duquel l’impact de cette consommation semble ne plus pouvoir être modifié. Même si l’on essayait d’interrompre de manière indéfinie la prise de drogues.
Pourquoi consomme-t-on de la drogue ?
La réponse à cette question n’est pas évidente. Il est impossible de ne trouver qu’une seule cause à tous les cas existants. Il est vrai qu’aujourd’hui, on retrouve une véritable préoccupation sociale. Cependant, celle-ci est dominée par une grande méconnaissance, également sociale. Lorsque l’on parle des drogues, on ne fait que répéter des idées préconçues. Tous les mensonges et les affirmations sans le moindre sens que l’on entend continuent à circuler librement.
La drogue est habituellement rapprochée de deux points : la jeunesse et le délit. Par conséquent, les informations que nous pouvons apporter semblent être biaisées dès le début. L’abus de drogues crée des problèmes sanitaires de premier ordre. C’est aussi la cause de nombreux délits et le bouillon de culture de nombreuses familles brisées.
Ainsi, la consommation fréquente et intense de drogues a un impact sur l’organisme. Un impact auquel ce dernier n’est pas préparé. Par ailleurs, nous ne pouvons pas isoler ces substances à usage récréatif de la société qui a rendu possible l’explosion de leur consommation. Dans de nombreux cas, l’environnement social n’a pas fait que faciliter cette consommation : il l’a aussi motivée. En normalisant ou en minimisant les effets négatifs de la consommation ou en intensifiant les problèmes dont la personne veut échapper.
Comment se produit la détérioration cognitive associée à la consommation de drogues ?
La consommation abusive de drogues peut générer des altérations morphologiques dans la structure du cerveau. Ces altérations morphologiques ont les effets suivants :
- Perte de volume cérébral
- Réduction du pourcentage de matière grise
- Réduction du volume de fluide cérébro-spinal ventriculaire.
- Diminution de la taille des neurones
- Mort neuronale
- Atrophie cérébrale
Des effets nocifs peuvent aussi se produire à travers la réorganisation métabolique des circuits de connectivité synaptique. Cette réorganisation métabolique se produit suite aux processus de tolérance, d’abstinence et de désaccoutumance.
Ces processus, communs à toutes les addictions, provoquent des adaptations biochimiques dans les systèmes de projection de la dopamine, de la sérotonine et de la noradrénaline. Ces neurotransmetteurs interagissent avec les récepteurs du glutamate. Ils peuvent ainsi bloquer les mécanismes de développement et de dépression à long terme dans l’hippocampe et le noyau accumbens.
Enfin, elles peuvent provoquer des altérations dans la vascularisation cérébrale, une vasoconstriction, une hémorragie cérébrale et un infarctus cérébral. Les conséquences négatives de l’abus de substances sont donc assez nombreuses, vous ne croyez pas ?
Que disent les études à propos de la détérioration cognitive associée à la consommation de drogues ?
Nous savons maintenant que la détérioration cognitive associée à la consommation de drogues est une réalité. Mais comment la consommation de drogues affecte-t-elle le rendement cognitif ?
En ce qui concerne la mémoire, les personnes qui consomment plus d’alcool et de cannabis et moins de cocaïne présentent un plus grand déficit dans la mémoire de travail que dans la mémoire immédiate. Plus la consommation durera dans le temps et plus son impact sur la mémoire de travail sera grand.
Quant aux fonctions exécutives, les patients qui consomment du cannabis et de l’alcool sur une longue durée présentent une plus faible capacité à l’interférence. Cela signifie qu’ils affichent une plus faible inhibition aux réponses automatiques.
On observe aussi que leur attention diminue beaucoup. Ils ont besoin de plus de temps pour réaliser des activités qui requièrent une pensée logique et séquentielle. Cependant, la fluidité verbale dans le domaine phonologique est mieux conservée. Ce ne serait pas le cas avec d’autres types de drogues.
Comme nous le voyons, la consommation de drogues débouche sur des changements neuropsychologiques et neuroanatomiques. Ces changements produisent à leur tour une neuroadaptation fonctionnelle au niveau des fonctions cognitives, motivationnelles, comportementales et émotionnelles qui influent sur le fonctionnement psychosocial quotidien et sur la qualité de vie des personnes dépendantes.
Ces fonctions altérées sont liées à la capacité d’attention, de concentration, d’intégration, de traitement des informations et d’exécution de plans d’action. En outre, ces modifications agiraient comme des variables qui soutiennent la consommation dans le cadre d’un modèle explicatif bio-psychosocial plus ample et idéographique de l’addiction.
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