Dépression post-adoption: un risque mal compris
Rédigé et vérifié par le psychologue Sergio De Dios González
La dépression post-adoption est une réponse habituelle – mais non obligatoire – à tous les changements qui résultent d’une adoption. Les nouvelles expériences et la méconnaissance de certains besoins de l’enfant adopté amènent parfois les parents adoptifs à se sentir dépassés, générant cette réponse émotionnelle.
Il s’agit d’un défi non exempt de charges physiques et émotionnelles. Certaines personnes auront besoin d’aide dans cette situation. L’arrivée du nouvel enfant à la maison peut produire des sentiments de joie, de bonheur ou d’euphorie. Cela arrive tant avec les enfants biologiques qu’adoptifs.
Les émotions prédominantes peuvent, chez certains parents, être de valence négative, comme la tristesse ou la frustration. Des émotions qui, en outre, se retrouvent également chez de nombreux parents biologiques après la naissance.
Dépression post-adoption : un risque dans l’ombre
Contrairement à la dépression post-adoption, la dépression post- partum est reconnue comme une possibilité après une grossesse sans complications. Nous avons sur ce point réalisé d’importants progrès ces dernières années. Ce sujet est en effet aujourd’hui ouvertement discuté et considéré d’un point de vue médical dans de nombreux contextes et noyaux familiaux.
Entre 50 et 80% des mères qui accouchent sont susceptibles de souffrir d’une légère dépression post-partum. 10% d’entre elles peuvent en souffrir sérieusement. La cause semble résider dans les changements hormonaux.
La dépression post-adoption ne jouit cependant pas de la même compréhension sociale. Elle est en quelque sorte considérée comme davantage “illogique”. Ce type de dépression n’est pas aussi acceptée ou comprise. Elle se heurte aux statistiques. Les quelques études réalisées jusqu’à présent montrent qu’un pourcentage élevé de parents en souffrent.
Lorsqu’il n’y a pas de compréhension ou de soutien
Les sentiments de connexion et de lien avec la personne adoptée apparaissent généralement entre deux et six mois après l’adoption. Les nouvelles mères adoptives tendent à ne pas demander d’aide. Elles craignent en effet que quelqu’un puisse penser qu’elles ne sont pas prêtes ou se sentir coupable pour cela : “si tu ne voulais pas être mère tu aurais dû y penser avant d’initier le processus d’adoption”.
De sorte que beaucoup de ces nouvelles mères ont peur de parler de leurs difficultés pour s’adapter à leur nouvelle vie. Notamment aux psychologues et aux travailleurs sociaux. Elles pensent que les autres douteront de leur capacité à prendre soin de l’enfant adopté si elles exposent leurs problèmes.
La situation, déjà complexe, peut dès lors se compliquer davantage. Pensons, par exemple, que l’aide moyenne que les parents biologiques reçoivent habituellement de leur cercle social après l’accouchement n’a rien à voir avec l’aide que les parents adoptifs tendent à recevoir.
Les familles des parents adoptifs peuvent ne pas comprendre pourquoi la mère ne se sent pas pleinement heureuse maintenant qu’elle a finalement ce qu’elle avait si longtemps désiré, que ce qui jusque-là était seulement un désir clair et défini.
Ces parents souffrent alors en silence. Ils sont remplis de honte et de culpabilité par peur de décevoir leur famille. Ils se demandent souvent la même chose que leurs proches sans trouver d’autres réponses que celle les taxant d’irresponsables, de coupables ou de capricieux.
Causes de la dépression post-adoption
Quelle est la raison du pourcentage élevé de parents souffrant de ce type de dépression ? La plupart des parents adoptifs passent des années à essayer de disposer d’un enfant dont prendre soin. Leurs longs espoirs, rêves et désirs, pas toujours comblés, peuvent provoquer des attentes irréalistes quant à ce que ce sera réellement la condition de parents.
Les nouveaux parents peuvent se sentir coupables de leurs émotions ambivalentes. D’un côté ils aiment leur nouvel enfant. Mais de l’autre ils peuvent avoir un ressentiment ou de la colère envers cet enfant s’il ne répond pas à leurs attentes.
Croire en un lien instantané ou en un amour à première vue avec ce nouvel être est irréaliste. Tomber amoureux d’un enfant adopté, c’est comme tomber amoureux d’un conjoint. La passion initiale et l’euphorie cèdent bientôt la place au lent et difficile processus d’adaptation à la présence quotidienne d’un autre être humain.
Comment faire face à la dépression post-adoption
Il ne sera pas toujours facile de s’adapter aux nouveaux changements que génère l’adoption d’un enfant. Il existe cependant un certain nombre de lignes directrices qui peuvent aider. Ils s’agit des suivantes :
- Lorsque vous revenez du lieu d’adoption, assurez-vous d’avoir du temps de qualité à partager.
- Ne vous sentez pas coupable de ne pas vouloir de visites. Acceptez par ailleurs l’aide dont vous avez besoin. Vous ne serez pas moins bon parent parce que vous ne pouvez pas tout accomplir seul.
- Essayez de prolonger autant que possible le congé maternité.
- Dormez suffisamment et faites de l’exercice. Il est prouvé que l’exercice physique améliore notre “ton émotionnel”.
- Emmenez votre enfant en promenade. Vous vous amuserez ensemble et renforcerez les liens.
- N’ayez pas peur de le dire. Contactez les forums d’adoption ou les groupes de parents adoptifs. Cherchez des personnes ayant des expériences similaires.
- Demandez à votre famille et à vos amis de vous comprendre et de respecter vos nouvelles décisions. Dites-leur que vous les écoutez, mais que vous avez vos propres critères. Que vous serez la personne qui aura le dernier mot en ce qui concerne votre enfant.
- Réservez du temps pour vous et votre conjoint si vous en avez un. Si vous avez d’autres enfants, ne les négligez pas et consacrez-leur du temps à eux aussi.
- Acceptez vos limites et n’ayez pas peur d’échouer. Nous sommes des êtres humains. Nous ne sommes parfaits en rien, même en matière d’éducation.
Comme nous avons le constater, la dépression post-adoption est une affection de l’humeur qui se nourrit souvent d’un manque de compréhension (tant de l’entourage que des personnes qui en souffrent). Les parents adoptifs peuvent avoir peur que leur nouvel enfant ne réponde pas aux attentes créées. Ceci peut les amener à se sentir profondément triste et désespérés.
La meilleure chose que vous pouvez faire si vous vous trouvez dans une telle situation est de demander l’aide d’un spécialiste. N’ayez pas peur de le raconter. Les professionnels de la santé comprendront votre cas. Ils feront leur possible pour vous aider.
Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.