Pourquoi vivons-nous des relations de dépendance ?

Pourquoi vivons-nous des relations de dépendance ?

Dernière mise à jour : 06 juillet, 2017

Tout le monde. Hommes ou femmes, jeunes ou vieux/vieilles, nous pouvons nous retrouver à vivre une relation de dépendance émotionnelle. Parfois, nous pensons que cela ne peut pas nous arriver mais il faut savoir que plein de gens qui n’y croyaient pas sont tombés dans ce puits d’eau amère.

Ainsi, avant d’être aussi radical-e avec vos affirmations, demandez-vous : qu’est-ce qui peut nous mener à générer une relation de dépendance ? Que sentons-nous quand nous sommes dans une telle relation ? Comment pouvons-nous nous en rendre compte ?

D’un côté, si nous savons ce que signifie une relation de domination-dépendance, nous pourrons nous en rendre compte plus facilement. Cela permettra de trouver plus de force pour changer cette situation de relation dysfonctionnelle. D’autre part, nous pourrons détecter les relations de dépendance qui se trouvent autour de nous et ainsi essayer d’avertir les personnes aimées.

Qu’est-ce qui nous mène à une relation de dépendance ?

Tout le monde a des attentes vis à vis de soi-même et du conjoint, qu’il aimerait voir réalisées. Ces idées sont influencées par des croyances sociales et culturelles. Dans ce cas, nous avons appris que pour être heureux-ses, il faut être en couple et il faut placer le/la partenaire en priorité devant toute autre chose (Castelló, 2006). Nous cherchons continuellement des relations de couple qui nous complètent, de manière à combler nos carences. Nous cherchons à l’extérieur au lieu de regarder à l’intérieur. Cela fait que nous ne pouvons pas être suffisamment nous-même, que nous alimentons nos peurs et que nous recherchons chez les autres des moyens de les apaiser.

“Si nous nous ne sentons pas suffisamment nous-même, alors nous dépendons de l’autre et si nous dépendons de l’autre, nous ne sommes pas libres.”

-Villegas-

D’autre part, la manière d’établir des liens affectifs est très liée à la manière dont  nous avons vécu l’attachement dans l’enfance (Guix, 2011). Par exemple, si nous avons eu un excès de protection, nous ressentirons de l’insécurité et nous chercherons des personnes qui nous protègent. À l’inverse, si nous avons eu peu ou aucun lien affectif, nous cherchons désespérément quelqu’un qui nous donne l’affection dont nous avons besoin.

Le type de relation que nous avons observé chez nos parents influence aussi nos relations de couple. Par exemple, si dans notre entourage, nous identifions une relation de domination et de dépendance, dans laquelle nous pouvons aussi bien aimer et être maltraité-e en même temps, nous pourrions établir une relation de dépendance, car il s’agit des mécanismes qui lui sont propres.

Dans tous les cas, l’idéal est de ne pas rechercher la moitié qui nous complète, car elle n’existe pas. En réalité, chacun-e d’entre nous sommes complet-ète-s et responsables de notre propre bonheur. De plus, nous devrions créer nos propres critères pour choisir la manière dont nous voulons construire avec notre conjoint, sans nous laisser influencer (excessivement) par des modèles extérieurs. Il est important de savoir ce que nous voulons et ce que nous ne voulons pas dans une relation.

Que ressentons-nous dans une relation de dépendance ?

Lorsqu’on vit dans une relation de dépendance, nous ne pouvons pas être nous-même. Nous nous sentons limité-e-s et annulé-e-s, toujours dans l’optique de plaire ou ne pas énerver notre partenaire. Nous ressentons de l’anxiété, de la méfiance, de la culpabilité, de la peur etc. Des “symptômes” qui peuvent être dus à une faible estime de soi, à l’impression que l’on ne vaut rien ou que l’on est inférieur à notre conjoint. Nous avons excessivement besoin de l’autre et nous ressentons une aversion, une peur ou une intolérance vis à vis de la solitude.

“Si nous ne sommes pas nous-même, si nous sommes seulement dans l’autre, si nous sommes le reflet, notre auto-estime dépend de si la lumière arrive jusqu’à nous. Comme la lune qui, quand elle ne reçoit pas la lumière du soleil, n’existe pas.”

-Villegas-

De plus, quand nous sommes dans une relation toxique, nous avons tendance à supporter plus que ce que nous devrions : des commentaires désagréables de dévalorisation, des regards et des silences d’incrimination, des reproches, une invasion de l’intimité, des questions constantes pour contrôler, des mensonges… Nous pouvons même supporter des agressions verbales et physiques. Parfois, l’idéalisation du conjoint nous mène à excuser son comportement (fatigue, nervosité, il fait ce qu’il peut etc.) et nous pensons que cela va changer. D’autres fois, c’est le précipice que nous imaginons hors de cette relation qui nous freine.

Comme se rendre compte que nous sommes dans une relation de dépendance ?

Il n’est pas facile de se rendre compte que l’on est plongé-e dans une relation de dépendance émotionnelle, mais il y a toujours des indicateurs et des signaux qui reflètent cette dysfonction comme, par exemple, les émotions. Nos propres émotions nous montrent que la relation ne fonctionne pas bien. Dans une relation saine, nous ne devrions pas ressentir ni la peur ni la souffrance.

“Les émotions exposent les problèmes pour que la raison les résolve.”

-Greenberg-

Quand nous sommes plongé-e dans la relation, nous pouvons perdre la faculté de prise de distance et voir uniquement ce que nous voulons de notre conjoint. De fait, nous ne voyons pas ce que nous ne sommes pas disposé-e-s à voir et souvent, nous nous en rendons compte au bout d’un long moment (Grad, 2015). C’est pour cela qu’il est important d’écouter et de considérer -pas d’obéir systématiquement- les conseils sincères des personnes qui nous connaissent bien. Même si cela ne plaît jamais de s’entendre dire “Cette personne ne te convient pas, tu devrais la quitter” et que nous pensons que les autres ne nous comprennent pas… Ils ont peut-être raison !

Mais pourquoi supportons-nous une relation qui nous fait souffrir ? Surtout quand c’est censé être un choix libre car nous considérons que notre conjoint est un soutien important, une source de confiance dans laquelle nous pouvons trouver une certaine inconditionnalité. Si ce n’est pas le cas, il est peut-être nécessaire de rompre la dynamique ou de reconsidérer la situation.

Il est évident que nous pouvons avoir une relation saine, sans dépendance ni souffrance, basée sur la confiance et le respect. Pour cela, il est important de savoir que nous aussi sommes en partie responsables : nous ne sommes pas responsables de ce que l’autre fait mais de que nous faisons. Si nous changeons (nous agissons, nous demandons de l’aide…), la situation changera.

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