Une vision de la criminalité au travers de la série Sur Ecoute
Sur Ecoute (The Wire) est une série produite par HBO entre les années 2002 et 2008. L’histoire se déroule à Baltimore, une ville indépendante de l’Etat du Maryland. Son créateur est David Simon, qui pendant des années a été journaliste de la chronique noire du journal The Sun.
La série se centre sur les quartiers pauvres de Baltimore, où cohabitent drogues et délinquance, mais aussi tout ce qui les entoure : la situation sociale de bien des personnes du quartier, l’action policière, les luttes internes entre les bandes de narcotrafiquants, etc. Sur Ecoute nous offre une vision large de tous les agents qui opèrent dans ce monde : du petit consommateur aux hautes sphères politiques.
Le monde de Sur Ecoute
L’écho des coups de feu résonne dès le matin, des cris déchirent les airs, des têtes passent à travers les fenêtres puis…rien. Le silence. Juste le silence. Tout le monde a son quotidien, son travail. Les voisins de ce quartier marginal de Baltimore sont déjà habitués aux vagues de violence qui secouent les rues par où ils passent tous les jours. La drogue est instaurée dans chaque coin ; depuis tous petits, les jeunes commencent à travailler pour les différentes bandes fournisseuses, puisque leur entourage est la seule possibilité qui leur est offerte.
“Tous dans le business.”
-Sur Ecoute-
La police
La police travaille chaque jour contre les bandes organisées. On voit bien dans la série que leur action est inutile, et que leurs perspectives d’évolution ou d’amélioration des recours et des effectifs sont faibles voire inexistantes, puisqu’ils sont soumis à un système hiérarchique et étatique ; un système basé sur la “chaîne du commandement”, au-delà de tout et dont la seule préoccupation est d’atteindre les statistiques minimums imposées par le haut de la hiérarchie. Cela limite en termes logistiques les différentes opérations policières, les rendant très souvent inefficaces puisqu’elles doivent lutter contre un plus grand problème : le facteur surprise.
“Personne ne gagne. Une bande perd seulement plus lentement.”
-Prezvalousky-
La criminalité correspond à une rétroalimentation entre la police elle-même et le délinquant. La première ne peut pas agir si le deuxième ne commet pas de délit. D’autre part, ce dernier mettra en place de nouvelles manières d’éviter les forces de sécurité.
Ainsi, la réalité que l’on tente de démontrer au travers de la série Sur Ecoute est qu’il est presque impossible d’anticiper le crime. Ce sont les délinquants eux-mêmes qui le commettent et la police doit continuer à agir en fonction de son évolution.
La politique et la contrebande
D’un autre côté, nous nous trouvons face aux rivalités politiques. La lutte pour le pouvoir justifie tous les moyens au travers desquels on tente de l’atteindre : la corruption, la malversation de fonds publics, etc. Tout autant d’instruments qui alimentent l’inertie d’un cercle vicieux marquant le reste des situations existantes.
Les limites imposées “depuis le haut” sont une barrière qui empêche de mettre un terme à la délinquance organisée et au trafic de drogues, ce qui met en exergue le fait que bien souvent, les hautes sphères politiques sont complices car elles bénéficient, directement ou indirectement, de ce monde de criminalité. Cependant, la série reflète un autre phénomène : les politiques, de même qu’ils se nourrissent de l’argent des bandes criminelles, les empêchent d’évoluer, marquant clairement ainsi la position dans laquelle se trouvent les uns et les autres.
“Le Roi reste le Roi.”
-D’Angelo-
Sur Ecoute tente également de mettre en lumière les fournisseurs de la drogue, les contrebandiers qui la déplacent vers leur destination finale. Le port de Baltimore est le principal point de trafic. Les demandes des syndicats formulées aux politiques ne sont pas écoutées, car souvent, elles doivent avoir recours au vol et aux activités illégales pour pouvoir atteindre un encouragement qui motive les pouvoirs publics à écouter ce qu’ils ont à dire.
“Le business, toujours le business…”
-Le Grec-
L’école
L’éducation est une autre des grandes institutions qui fomente la délinquance et le trafic de drogue. La standardisation des cours et des classes promeut l’absentéisme scolaire ; les jeunes sont considérés comme des numéros qui doivent compléter les taux requis légalement pour que l’école puisse continuer à fonctionner. Ainsi, la seule préoccupation, c’est que les enfants soient en classe le premier jour afin de pouvoir être comptabilisés dans le registre.
Ainsi, la préoccupation repose sur le besoin de maintenir des cours stables et équilibrés. Les enfants passent donc au niveau suivant sans toujours avoir acquis les compétences requises, puisque le fait de les faire redoubler implique une destructuration et un investissement de fonds et de temps que le système n’est pas disposé à assumer.
Les moyens de communication
On présente la presse, surtout écrite, comme un moyen comploteur. Les journalistes ont besoin de se nourrir constamment d’information pour rester à flot. Ainsi, ils exagèrent leurs propres informations pour éveiller l’intérêt dans la société et ainsi continuer à générer des ventes. De cette manière, la délinquance et l’orientation de la politique sont manipulées par des médias informatifs fallacieux dont le seul intérêt est de continuer à être pertinents.
“Un mensonge ne fait pas partie de l’histoire. C’est simplement un mensonge.”
-Terry Hanning-
Sur Ecoute nous parle de l’influence du système et de son incapacité à évoluer. Il a été créé précisément pour ne pas en sortir. Finalement, tout se réduit à un cycle de violence et de pouvoir où les plus petits, étant donné leurs circonstances sociales, doivent s’adapter à un monde hostile.
Un écosystème auquel ils font face avec peu de ressources et qui les pousse directement vers un monde de violence et de destruction. Ce sont les plus grands, avant eux, qui sont devenus ce qu’ils sont alors, et ce seront eux qui à l’avenir occuperont cette place. Ce sera le système qui les a crée qui les fera lui-même succomber à la violence de leurs propres activités.
“Juste un gangster, je suppose.”
-Avon Barksdale-
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