Selon la science, le stress nous vieillit : que pouvons-nous faire ?
Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater
Épuisés, irritables, insomniaques et de mauvaise humeur. Il semblerait que, ces derniers temps, ce soit notre état habituel ; que la peau qui nous recouvre nous étouffe complètement. Ainsi, et comme si cela ne suffisait pas, la science nous rappelle que le stress nous vieillit, que la pression psychologique de ne pas pouvoir accomplir tout ce qu’on attend de nous pèse sur notre santé.
On insiste souvent sur le fait que le stress est le résultat de nos pensées sur notre situation. On nous rappelle que cet état psychologique ne dépend pas tant de ce qui nous arrive, mais de la façon dont nous interprétons ce qui nous arrive. Cependant, avouons-le, nos circonstances et l’environnement qui nous entoure est de plus en plus complexes et exigeants.
Ce qui nous arrive est important, et c’est quelque chose que nous ne pouvons pas toujours contrôler. Si une personne doit travailler neuf heures par jour et ensuite rentrer à la maison et s’occuper de ses responsabilités familiales, c’est sa réalité. Et il n’est pas facile de changer cela. Le stress d’aujourd’hui est un reflet clair de nos sociétés modernes, toujours trépidantes et hyper exigeantes.
Cependant, et dans cet enchevêtrement de complexités existentielles, il est toujours possible — et nécessaire — d’opérer des changements. Car notre santé dépend aussi de la façon dont nous gérons ce stress quotidien pour éviter qu’il ne devienne chronique. Nous l’analysons ici.
« La meilleure arme contre le stress est notre capacité à choisir une pensée plutôt qu’une autre. »
-William James-
Le stress nous vieillit : comment est-ce possible ?
Le stress chronique a un impact biologique quasi indiscutable. Pourtant, on ne le voit pas toujours, on ne lui accorde pas toujours l’importance qu’il mérite et on se laisse porter. « Ne t’inquiète pas tant, tu vas te retrouver avec des cheveux blancs ! » nous disait-on souvent, alors qu’on aurait dû insister un peu plus et préciser « Ne t’inquiète pas tant, tu vas te retrouver avec des cheveux blancs, des rides et ta santé en sera affectée ».
Des articles de recherche tels que ceux publiés par l’Université de Miami en 2008 mettaient déjà en garde contre cela. Le stress psychosocial maintenu dans le temps peut accélérer le développement de maladies chroniques. Les catécholamines et le cortisol, par exemple, augmentent la tension artérielle, avec les dommages évidents que cela peut causer. Sans parler de la façon dont le stress aigu affecte le système immunitaire.
Or, en 2019, nous sommes allés un peu plus loin et il a été démontré que le stress nous faisait vieillir. Plusieurs universités aux États-Unis ont mené une étude conjointe pour découvrir comment les internes en médecine de première année souffraient du vieillissement prématuré. C’est-à-dire que la pression professionnelle maintenue dans le temps est aussi capable de voler notre jeunesse, petit à petit…
Une grande partie du stress dont nous souffrons ne vient pas du simple fait d’avoir « beaucoup de choses à faire », mais du sentiment de ne pas pouvoir y arriver, de ne pas pouvoir accomplir efficacement ce que nous devons faire.
La clé est dans nos télomères
La recherche susmentionnée, menée auprès de la communauté des médecins résidents aux États-Unis, a été réalisée de manière très précise afin de démontrer que le stress nous vieillissait. Des échantillons de salive ont ainsi été prélevés et on a pu analyser la longueur des télomères avant et après l’internat des étudiants à l’hôpital.
On a pu voir que, déjà pendant la première année d’internat, ces télomères se raccourcissaient. Maintenant, pour comprendre la signification de ce fait, nous devons d’abord comprendre ce que sont ces éléments. Les télomères sont des séquences d’ADN spéciales trouvées aux extrémités des chromosomes.
Ces petites régions raccourcissent chaque fois que les cellules se répliquent. De cette façon, il arrive toujours un moment où leur portion est très petite, et cette cellule finit donc par s’autodétruire. Chaque cellule morte contribue à notre vieillissement. Et ce n’est pas tout : l’usure des télomères est liée au vieillissement et aussi à l’apparition de maladies cardiaques, de diabète ou de cancer. À tel point que cette recherche a montré que les médecins internes vieillissaient jusqu’à six fois plus que d’habitude… La cause ? Le stress et son impact sur ces éléments des chromosomes.
L’un des facteurs associés au vieillissement prématuré dû au stress chronique est le manque de repos nocturne
Le stress nous vieillit et ce sont les facteurs auxquels nous devons prêter attention
Le stress psychosocial n’est pas une variable isolée mais se compose de nombreux facteurs. Et ceux-ci vont au-delà de l’épuisement, de la rumination mentale, de l’irritabilité, du sentiment de ne pas y arriver, de ne pas être efficace ou de voir les tâches s’accumuler. Si le stress nous vieillit, il est dû à une série de dimensions qui forment un cercle vicieux dont il est difficile de sortir.
- Le stress chronique affecte notre repos nocturne : nous cessons d’avoir un sommeil réparateur et cela augmente encore l’épuisement.
- Une personne qui ne dort pas suffisamment pendant des jours ou des mois verra progressivement des effets sur sa santé.
- Au manque de sommeil s’ajoute le manque d’exercice. Comment prendre soin de notre corps si nous n’avons pas le temps ? Comment aller courir ou aller à la salle de sport si on se sent épuisé ?
Comme nous pouvons bien le déduire, ce kaléidoscope de facteurs trace une réalité complexe qui nous épuise. Sans parler du style d’alimentation. Il n’est pas difficile d’en déduire que, vu le manque de temps et la fatigue, on a recours à la restauration rapide. Celle qui se réchauffe au micro-ondes et qui nous permet de nous asseoir sur le canapé au plus vite…
La réduction du stress chronique nécessite l’application de stratégies psychologiques et comportementales. Changer nos routines et nos habitudes de vie est essentiel pour retrouver le bien-être dont nous avons besoin.
De combien vos télomètres ont-ils raccourci aujourd’hui ?
Si vous faites face au stress, à l’insomnie, sans faire d’exercice et sans bien manger depuis plusieurs mois, il est probable que ces éléments qui agissent comme un bouchon pour vos chromosomes se soient un peu dégradés. Pouvons-nous faire quelque chose pour inverser ce processus ?
Les télomères détruits ne récupèrent plus. Cependant, nous pouvons conserver ceux qui nous restent dans un état optimal afin que les chromosomes ne soient pas endommagés. Il est vrai qu’il n’est pas toujours possible de réduire les charges, les obligations et les responsabilités. La vie est comme elle est et le travail occupe une bonne partie de nos journées.
Cependant, de petits changements doivent être mis en œuvre. Organiser son temps, s’offrir des moments de plaisir, de lien social et de calme est essentiel. Améliorer notre hygiène de sommeil, se fixer des objectifs raisonnables, apprendre à déléguer et mieux réguler les émotions et les pensées nous permettront de réduire la charge de stress.
Toutes les sources citées ont été examinées en profondeur par notre équipe pour garantir leur qualité, leur fiabilité, leur actualité et leur validité. La bibliographie de cet article a été considérée comme fiable et précise sur le plan académique ou scientifique
- Meier HCS, Hussein M, Needham B, Barber S, Lin J, Seeman T, Diez Roux A. Cellular response to chronic psychosocial stress: Ten-year longitudinal changes in telomere length in the Multi-Ethnic Study of Atherosclerosis. Psychoneuroendocrinology. 2019 Sep;107:70-81. doi: 10.1016/j.psyneuen.2019.04.018. Epub 2019 Apr 29. PMID: 31112903; PMCID: PMC6635040.
- Ridout KK, Ridout SJ, Guille C, Mata DA, Akil H, Sen S. Physician-Training Stress and Accelerated Cellular Aging. Biol Psychiatry. 2019 Nov 1;86(9):725-730. doi: 10.1016/j.biopsych.2019.04.030. Epub 2019 May 9. PMID: 31230727; PMCID: PMC6788968.
- Schneiderman, N., Ironson, G., & Siegel, S. D. (2005). Stress and health: psychological, behavioral, and biological determinants. Annual review of clinical psychology, 1, 607–628. https://doi.org/10.1146/annurev.clinpsy.1.102803.144141
Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.