Quand quelqu'un vous dit que vous êtes trop sensible
Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater
“Tu es trop sensible, tu dramatises toujours”. C’est sans aucun doute l’une des phrases les plus courantes que beaucoup de gens entendent régulièrement. Loin d’être reçu de façon anodine, ce message est perçu de plusieurs façons: il y a ceux qui le trouvent agaçant et même blessant, il y en a qui pour leur part, en viennent à douter d’eux-mêmes en se demandant s’ils sont effectivement à côté de la plaque.
Les mots peuvent parfois faire plus de dégâts que n’importe quelle arme, nous le savons bien. A cela s’ajoute un autre facteur non moins important: la manière dont nous interprétons certains messages. Soudainement, quelqu’un lache une phrase à laquelle on ne s’attend pas, une série de mots qui nous surprennent et que nous ne savons pas vraiment comment traiter ou digérer.
“Je me fiche de ce que vous me dites. Je me soucie de ce que vous partagez avec moi. “
-Santosh Kalwar-
“Tu es trop sensible. On ne peut rien te dire. Tu exagères excessivement les choses.” Aussi curieux que cela paraisse, ce message est l’un des plus présents dans beaucoup de nos relations et, en même temps, l’un de ceux qui nous affectent le plus.
La raison pour laquelle cette concaténation d’adverbes, de verbes, de noms et d’articles a un impact négatif sur notre esprit est en fait très simple: elle invalide nos émotions. Un blocage de ce calibre affecte même nos pensées, ce qui nous amène à nous demander si nous avons effectivement un problème.
Nous devons donc comprendre ce qui se cache derrière cette phrase, ce qui est réellement pensé par ceux qui nous l’adressent et ce que nous devrions faire dans une telle situation.
“Tu es trop sensible”, combien de fois avez-vous entendu cela dans votre vie?
Ana vient juste de prendre un café avec ses collègues. Au milieu de la conversation, juste au moment où j’expliquais qu’au cours des derniers mois elle n’était plus en harmonie avec son chef et qu’il lui était difficile d’atteindre ses objectifs, une de ses collègues lui a dit: “Allons, si tu es sa préférée, c’est que tu es trop sensible et que tu dramatises tout”.
A l’écoute de ça, Ana a gardé le silence. Mais, en quittant la cafet’ décrépie et pensive, elle essaie de digérer ce commentaire avec calme. Elle sait qu’il lui a fait du mal et que ce message l’a blessé pour une raison évidente: la relation avec son chef est très tendue, ils ne se rejoignent pas sur les mêmes choses et son travail s’en trouve être d’autant plus difficile. Ce commentaire l’a blessée parce que sa collègue n’a pas été capable d’être réceptive à une réelle préoccupation.
Cet exemple peut sembler familier à la plupart d’entre nous. Cependant, le fait que nous arrivons à douter de nous-mêmes peut tout aussi bien arriver. Est-il vrai que j’ai une peau si fine que je vois des choses là où il n’y en a pas ? Et si je perds vraiment le contrôle ? Avant d’arriver à cette conclusion, réfléchissons aux idées suivantes.
“Le cerveau émotionnel répond à un événement plus rapidement que le cerveau rationnel.”
Que signifie être “trop sensible” ?
En premier lieu, clarifions un fait important : «être trop sensible» n’implique pas d’être «très sensible». Les deux choses peuvent être très différentes.
- On considère comme «sensibles» les personnes qui interagissent avec les autres et ce qui les entoure d’un point de vue émotionnel. Elles ont tendance à prendre en compte la qualité des relations et ces petites nuances dans les interactions humaines. Elles parlent franchement de leurs humeurs et ont tendance à valoriser la sincérité et le respect des autres. Quand cela n’a pas lieu, elles souffrent ou se sentent contrariées.
- Selon la théorie des 9 affects de Tomkins, chaque personne a sa propre procédure sur son rapport aux émotions et la façon de les comprendre. Ainsi, il arrive souvent que certains, loin de comprendre les états internes des gens, considèrent qu’ils sont sur-dramatisés.
- De même, nous ne pouvons ignorer l’idée qu’il existe des personnes qui, loin de s’identifier à nos réalités émotionnelles, les perçoivent avec malaise.
Ainsi, certaines personnes voient un comportement exagéré dans des schémas émotionnels complètement normaux. De fait, cette émotivité ou ce style de personnalité n’est pas compris par nos interlocuteurs.
Ne les laissez pas blesser vos sentiments
Chaque personne réagit d’une certaine manière au même événement, chacun a une manière particulière de comprendre et de ressentir le monde et même, bien sûr, de le vivre. Que quelqu’un nous dise que nous sommes trop gais, trop sensibles ou trop émotifs, c’est une façon d’éclipser notre personnalité, d’invalider notre façon d’être.
Le mot «trop» a ici une connotation négative et, par conséquent, il serait plus prudent de faire usage de termes plus appropriés et d’un autre type de discours. Au lieu d’utiliser cette locution dure “tu es trop sensible”, il serait plus approprié d’en choisir une autre plus utile et surtout plus productive: “Je pense que cela t’affecte, comment vas-tu y faire face ? En quoi puis-je t’aider ?“.
Puisque ce dernier message n’est pas dispensé autant que nous le souhaiterions, il nous faut faire une simple observation personnelle si quelqu’un nous qualifie d ‘«hypersensible». Être sensible, voir le monde d’un point de vue émotionnel, n’est pas quelque chose de négatif et encore moins punissable. C’est ce que nous sommes, ce que nous avons toujours été de même que nous respirons, ainsi que nous le ressentons …
Ne nous laissons pas trop influencer par une phrase incorrecte de quelqu’un qui, tout simplement, n’est pas encore à même de comprendre qui nous sommes réellement.
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