Mourir d'anxiété, mythe ou réalité ?
Rédigé et vérifié par Psychologue Gema Sánchez Cuevas
“Je ne peux plus le supporter”, “Je sens que je vais faire une crise cardiaque“, “Ces symptômes sont horribles”, “lorsque je manque d’air, je pense que je vais mourir d’anxiété”… Ces plaintes sont fréquentes chez les patients souffrant de troubles de panique ou de crise d’angoisse. Les personnes atteintes de trouble panique ont de soudaines crises d’angoisse qui se répètent et qui durent plusieurs minutes. Les symptômes peuvent parfois durer plus longtemps. Ces crises d’angoisse sont appelées crises de panique.
Les crises peuvent survenir à tout moment et beaucoup de personnes s’inquiètent de la possibilité d’une autre attaque. Par conséquent, une personne souffrant de crises de panique peut se décourager et être gênée de ne pas être en mesure d’effectuer des activités quotidiennes, comme aller dans un magasin ou conduire une voiture.
“Plus j’avais d’attaques, plus j’avais peur. Je vivais constamment avec la peur. Je ne savais pas quand une autre crise surviendrait. J’avais tellement peur que je ne voulais pas quitter ma maison.”
-Lucia-
Les crises de panique sont caractérisées par la peur de perdre le contrôle ou de mourir d’anxiété. Ces personnes ont de fortes réactions physiologiques, lesquelles peuvent par exemple être ressenties comme des crises cardiaques. Par conséquent, l’un des symptômes les plus courants du trouble panique est la peur de mourir.
Nous souhaiterions profiter de cet article pour transmettre un message rassurant à ces patients. Personne n’est encore mort à cause d’une crise de panique. Il est vrai que les symptômes sont très désagréables et inquiétant, mais personne ne meurt “seulement” à cause d’une crise de panique. Une chose bien distincte est que la crise de panique génère des comportements non contrôlés (comme sortir en courant et traverser une rue sans regarder) qui pourrait mettre en danger notre intégrité physique.
La crise de panique
Les crises de panique peuvent se produire dans le contexte de n’importe quel trouble d’anxiété, ainsi que dans le cadre d’autres troubles mentaux. Ces troubles peuvent être des troubles dépressifs, des troubles de stress post-traumatique, des troubles résultant de la consommation de substances, etc. En outre, ils peuvent également se produire dans certaines pathologies (par exemple, cardiaques, respiratoires, vestibulaires, gastro-intestinales). Comme nous le voyons, la crise de panique n’est pas un trouble en soi. Il s’agit plutôt d’un symptôme.
Qu’est-ce qu’une crise de panique ?
Une crise de panique est une apparition soudaine de peur intense ou de mal-être intense qui atteint son expression maximale en quelques minutes. Pendant cette période, quatre des symptômes suivants ou plus apparaissent :
- Palpitations, battements du cœur ou accélération de la fréquence cardiaque
- Transpiration
- Tremblements ou secousses
- Sensation de difficulté pour respirer ou d’asphixie
- Sensation d’étouffement
- Douleur ou gênes dans le thorax
- Nausées ou malaises abdominaux
- Sensation de vertige, d’instabilité, d’étourdissement ou d’évanouissement
- Frissons ou sensation de chaleur
- Paresthésies (sensation d’engourdissement ou de picotement)
- Deréalisation (sentiment d’irréalité) ou dépersonnalisation (se séparer de soi-même)
- Peur de perdre le contrôle ou de devenir fou
- Peur de mourir
Comme nous l’avons dit précédemment, ces symptômes peuvent survenir dans le cadre de divers troubles. Si vous souffrez d’anxiété, il est possible que ces symptômes vous soient familiers.
Donc, pouvons-nous mourir d’anxiété ?
L’anxiété est une émotion commune à tous les êtres humains. elle est présente tout au long de la vie. A l’instar des autres émotions, elle remplit une fonction. Elle nous prépare à ce qui pourrait être dangereux et, par conséquent, s’active face à la perception d’une menace ou d’un danger.
Elle a permis à l’être humain pour survivre tout au long de l’histoire, en le préparant pour le combat ou la fuite. Son but est adaptatif, générant une protection contre les dangers possibles. Nous pourrions l’envisager comme un système d’alarme nous protégeant. Dès lors, dans la mesure où elle nous protège, comment peut-elle nous faire du mal au point de mettre fin à nos vies ?
“Un jour, sans raison ni avertissement, je me suis senti terrifié. J’avais tellement peur que je pensais que j’allais mourir. Mon cœur battait la chamade et ma tête tournait. J’ai eu ces symptômes toutes les deux semaines. Je pensais que je devenais fou.”
L’anxiété n’est ni bonne ni mauvaise, il s’agit simplement d’une autre émotion, tout comme la colère ou la joie. Elle devient néanmoins négative ou pathologique lorsqu’elle est excessive ou incontrôlable.
L’anxiété pathologique est définie comme celle qui est excessive ou disproportionnée par rapport au stimulus qui la provoque. Elle apparaît de manière très fréquente ou durable et limite la vie de la personne qui en souffre, réduisant son adaptation à l’environnement. En soi, elle ne peut pas nous tuer puisqu’elle nous “surprotège” face aux dangers que nous imaginons.
Si nous réfléchissons à l’anxiété et à sa fonction adaptative, nous voyons qu’elle est nécessaire. Par exemple, lorsque nous écoutons bruit fort, il est normal que nous soyons surpris et stressés. Cela nous aiderait à quitter l’endroit au cas où quelque chose pourrait nous tomber dessus.
Si l’anxiété n’est pas mauvaise, pourquoi avons-nous l’impression que nous allons mourir ?
Si notre cerveau perçoit une situation à risque, qu’elle soit réelle ou imaginaire, il activera un système d’alarme qui mènera à des changements physiologiques destinés à protéger notre vie. Ces changements sont vécus dans une crise de panique comme une menace puisque le danger n’est pas réel. Si nous étions vraiment face à une situation à risque, ces symptômes ne seraient pas dangereux. Nous les verrions comme quelque chose de normal face à une situation de danger réel.
Par exemple, si nous nous trouvions dans un endroit qui commence à prendre feu, nous percevrions le danger et notre système d’alarme s’activerait. De sorte que l’activation physiologique aurait lieu, nous permettant de courir hors du lieu et de préserver notre vie. Pour ce faire, nous aurions besoin que notre cœur batte plus vite pour envoyer davantage de sang à nos extrémités. Notre cœur ne battrait pas plus vite à cause d’une insuffisance cardiaque, nous ne serions pas en train de mourir d’anxiété.
Quelque chose de semblable se produit avec le manque d’air. Personne n’est mort d’asphyxie ou d’étouffement lors d’une crise de panique. Au contraire, cette dernière augmente l’oxygène dans le sang du fait de l’augmentation du nombre d’inspirations que nous réalisons. Il s’agit de ce que nous appelons l’hyperventilation.
Par conséquent, vous n’avez pas à vous inquiéter. Vous n’allez pas mourir d’anxiété. Les symptômes sont agaçants mais ils ne sont pas dangereux. Si vous allez consulter votre médecin pour ces symptômes, il est probable qu’il vous dise qu’il s’agit d’anxiété et que vous n’avez pas à vous inquiéter. Dans les cas où cette anxiété est très intense ou récurrente, il vous dérivera certainement vers un spécialiste.
Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.