Lorsque les normes nous contrôlent sans que nous les connaissions
Rédigé et vérifié par le psychologue Sergio De Dios González
Les normes sont des idées. Des idées qui occupent nos esprits et indiquent ce qui doit ou devrait être fait. Elles peuvent également exprimer ce que nous sommes censés faire et, en général, sont partagées. Tous les groupes en possèdent et leur existence n’est pas sans danger dans la mesure où elles indiquent et influencent la façon de sentir, de penser et d’agir de chacun des membres du groupe.
Lorsque l’identité de groupe est importante, les normes de ce dernier guideront le comportement. Si nous descendons dans la rue et que nous rencontrons un mendiant qui demande de l’argent, il se peut que nous lui en donnions, ou non. Mais si nous sommes membres d’un groupe caritatif ou religieux dont la norme est de faire l’aumône, il est très probable que nous lui donnerons de l’argent. Il en serait ainsi car faire l’aumône serait une norme de notre groupe.
“Pour l’héritage et les idéaux, notre code et nos normes – les choses que nous vivons et enseignons à nos enfants – sont préservés ou réduits par la liberté avec laquelle nous échangeons des idées et des sentiments.”
Le développement des normes
Les normes d’un groupe peuvent être négociées, elles peuvent découler de l’accord entre les membres du groupe. Elles peuvent par ailleurs être établies à partir des comportements des personnes. Lorsque lesdits comportements sont imités par les autres membres, ils finissent par devenir des normes de groupe. L’imitation peut être due au fait que ces actions remplissent une certaine fonction ou aident à la survie du groupe.
Mais il ne s’agit pas des seuls moyens par lesquels naissent les normes. Elles peuvent également se développer de manière moins démocratique. Il se peut que le chef du groupe soit celui qui les dicte ou qu’il s’agisse d’un membre prototypique du groupe qui les établisse involontairement. Lorsqu’un membre particulièrement représentatif ou prototypique excelle, qu’il commence à ressentir, penser ou agir différemment, cela générera une tension qui pourra être résolue, entre autres, lorsque les autres membres intégreront cette nouvelle forme de comportement parmi leurs normes.
“Les normes et les modèles détruisent le génie et l’art.”
Types de normes
Deux types de normes peuvent exister dans un groupe. Il s’agit de normes descriptives et prescriptives. Les normes descriptives sont celles qui correspondent à ce que les membres du groupe font dans une situation donnée. Lorsque nous ne savons pas quoi faire, nous cherchons des informations dans le comportement des autres. Nous pouvons ainsi finir par les imiter ; par ailleurs, si les autres nous soutiennent après les avoir imités, il nous sera facile de continuer à le faire. Ces normes découlent de l’imitation des membres les plus importants du groupe.
Les normes prescriptives indiquent ce que les membres du groupe approuvent ou désapprouvent. Elles indiquent ce qui peut être fait et ce qui ne peut pas être fait. Elles sont morales, elles montrent ce qui est bien et ce qui ne l’ai pas. Leur accomplissement est motivé par les récompenses et les punitions que le groupe impose. Ceux qui ne s’y conforment pas sont punis et ceux qui les suivent récompensés et renforcés dans leur position.
Fonctions des normes
Les normes des groupes possèdent des fonctions différentes. Nous pouvons distinguer entre les fonctions individuelles, celles qui affectent chaque membre du groupe de manière séparé, et les fonctions sociales, qui affectent l’ensemble du groupe, tous ses membres. La principale fonction individuelle que remplissent les normes est de fournir une réalité. Les normes du groupe expliquent à chaque personne comment fonctionne le monde, comment elles doivent penser, sentir et agir.
Nous pouvons mettre en évidence différents objectifs parmi les fonctions sociales. ici, les normes régulent les relations entre les membres. Elles indiquent comment se comporter avec les autres. Elles précisent également quelles sont les fonctions et les objectifs du groupe. Elles maintiennent en outre l’identité du groupe.
L’effet mouton noir
Mais les normes sont faites pour être cassées, au moins certaines. Les membres des groupes ont toujours la possibilité de les ignorer. Dans ces hypothèses, les groupes disposent d’autres normes vivant à empêcher cela. Normalement, la ligne de conduite est de dénigrer les membres qui ne les respectent pas. Les membres qui les respectent, ceux qui sont le prototype parfait du groupe, en revanche, sont favorisés. C’est ce qu’on appelle l’effet mouton noir.
La dénigration sert à se débarrasser des membres du groupe qui contribuent négativement à l’identité sociale. L’Espagne compte deux exemples récents.
Lorsque certains Catalans se sont mobilisés en faveur de l’indépendance, ils ont enfreint certaines normes. En réaction, certaines personnes – pas toutes – disposant d’une identité nationale ont commencé à les dénigrer, alors qu’elles se positionnaient en faveur des personnes qui réclamaient l’unité de l’Espagne. En même temps, surtout en Catalogne, nous avons également assisté au même phénomène mais du “côté opposé” : nous avons vu comment certains Catalans à forte identité catalane dénigraient ceux qui se mobilisaient en faveur de l’unité de l’Espagne.
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