L'intelligence émotionnelle chez les personnes âgées
Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater
Des études récentes nous révèlent que l’intelligence émotionnelle chez les personnes âgées est, en moyenne, assez haute. Elles accordent de l’importance aux relations sociales et prennent soin d’elles. Elles savent apprécier le présent et régulent leurs émotions pour s’ajuster à chaque moment. Par ailleurs, elles évaluent leur environnement et ce qui leur arrive de façon plus positive. De cette façon, elles ont une vision plus tranquille et optimiste de leur réalité.
Il est possible que certaines personnes soient surprises des résultats de ces travaux réalisés par l’Université du Texas et l’Université de Californie à Berkeley. Nous avons, encore aujourd’hui, une vision négative des personnes âgées et du processus de vieillissement. Nous associons le temps qui passe à un déclin physique, à une diminution des capacités cognitives et, irrémédiablement, à une absence de bonheur, à une faible motivation et à un isolement social et émotionnel. Autrement dit, nous l’associons à des pertes. Surtout à des pertes.
Il est clair que le fait d’arriver à l’automne de la vie en bonne santé est un plus très important pour affronter cette étape. Moins nous aurons de limitations et plus nous connaîtrons de possibilités. Il est également évident que la personnalité et les circonstances de chacun jouent un rôle dans l’adoption d’une perspective de vie. Les travaux dont nous venons de parler ont révélé que l’habileté à gérer les émotions et à reconnaître ses propres sentiments (ainsi que ceux des autres) s’améliore généralement à partir de 60 ans.
Nous ne parlons pas d’une chose normative. Cela ne veut pas dire que l’intelligence émotionnelle s’améliore chez tout le monde au fur et à mesure que le temps passe. L’expérience permet à beaucoup de personnes de bien gérer les processus émotionnels. Elle les oriente aussi vers la priorisation d’une chose essentielle : les relations sociales.
L’intelligence émotionnelle chez les personnes âgées
Être âgé, avoir plus de 60 ans n’est pas synonyme de solitude, d’insatisfaction et de déclin. Du moins, plus depuis près de 10 ans. L’espérance de vie dépasse déjà les 80 ans : nous pourrions donc dire qu’avoir 60 ans serait comme vivre une seconde jeunesse. Les 70 ans, pour leur part, représenteraient une maturité tranquille. Ainsi, aujourd’hui, nous pouvons tous parfaitement voir quelque chose d’évident : les personnes âgées sont, en général, incroyablement actives.
Elles participent à d’infinies dynamiques dans leurs communautés, voyagent, profitent de leurs amis… Elles s’occupent de leurs petits-enfants et représentent ce soutien constant et presque indispensable pour leurs enfants… Par conséquent, et même si beaucoup de ces personnes doivent souvent affronter une maladie ou le vide d’une quelconque perte, une bonne majorité d’entre elles affichent des habiletés émotionnelles efficaces.
Mais comment font-elles ? La détérioration corporelle est bien là, tout comme les problèmes de santé. Ou bien les problèmes économiques et sociaux. Alors, comment parviennent-elles à maintenir un si bon niveau de bien-être affectif et émotionnel ? Les clés nous sont révélées dans le “Journal of Gerontology” de l’Université d’Oxford. Ce sont les suivantes.
Théories qui expliqueraient l’augmentation de l’intelligence émotionnelle au troisième âge
Voyons quelques hypothèses qui, une fois rassemblées, pourraient expliquer la sensation de plénitude que dégagent beaucoup de personnes âgées :
- L’intelligence émotionnelle s’expliquerait par la théorie de la sélectivité socio-émotionnelle. Il arrive un moment où l’on prend conscience du fait que le quota de la vie est en train de s’épuiser. Cette idée, cette réalité personnelle et existentielle fait que nous focalisons notre attention sur des expériences émotionnellement gratifiantes. Les récompenses futures nous importent peu. Nous voulons profiter du bien-être, ici et maintenant, car les plans à long terme ont de moins en moins de sens.
L’augmentation de l’intelligence émotionnelle chez les personnes âgées peut s’expliquer à travers la théorie de la sélectivité socio-émotionnelle et la théorie de l’intégration dynamique.
- La théorie de l’intégration dynamique, de son côté, nous énonce une idée différente. Le vieillissement nous fait peu à peu percevoir à quel point nos capacités physiques et cognitives se réduisent. Nous ne sommes plus aussi agiles qu’avant. Nous vivons en étant conditionnés par cette douleur au niveau des hanches, par notre diabète, par l’arthrose… Face à ces réalités qui ne peuvent pas être contrôlées, la personne âgée choisit de développer des émotions positives. En faisant cela, elle peut atteindre l’équilibre et le bonheur. En fin de compte, nous pouvons contrôler nos émotions.
- L’intelligence émotionnelle des personnes âgées est également orchestrée par leur expérience. Les années leur ont appris à mieux contrôler certaines situations émotionnelles. Elles comprennent leur processus, se régulent mieux et savent se connecter aux besoins des autres.
- Un autre facteur aussi intéressant que révélateur est le fameux “effet positivité”. Certaines personnes, après avoir fait le bilan de leur vie ou de leurs expériences, décident de ne garder que les choses gratifiantes. Ce point de vue, ce filtre personnel les pousse à voir le côté positif des choses. Elles peuvent ainsi bâtir des liens de qualité et évaluer chaque chose avec une perspective plus optimiste.
Promouvoir une maturité émotionnellement intelligente et positive
Une bonne intelligence émotionnelle chez les personnes âgées se traduit par une meilleure qualité de vie. Qui plus est, les indicateurs de santé sont aussi liés à ce facteur. Une bonne gestion de notre monde émotionnel réduit le stress ou la dépression. Elle améliore en outre tous ces défis quotidiens que l’adulte doit affronter : des pertes, des maladies, une dépendance…
Rappelons-nous que l’intelligence émotionnelle n’est pas une chose normative. Elle n’apparaît pas avec les années. Nous ne savons pas tous en quoi elle consiste. Et, si nous le savons, nous n’appliquons pas toujours les meilleures stratégies de façon efficace. Par conséquent, une stratégie intéressante serait d’appliquer, dans chaque communauté, un programme d’intelligence émotionnelle destiné à des personnes âgées en bonne santé et sans déclin cognitif.
Des niveaux élevés d’intelligence émotionnelle chez les personnes âgées se traduisent par une meilleure qualité de vie.
Il s’agirait de donner forme à des programmes multi-disciplinaires qui aideraient chaque personne à partir de sa réalité personnelle. L’âge avancé est parfois accompagné de crises personnelles. L’usure, le manque de motivation et la désillusion sont souvent présents. Développer des dimensions comme l’empathie, la régulation émotionnelle ou les habiletés sociales favoriserait de façon notable le processus de vieillissement.
Considérons l’intelligence émotionnelle chez les personnes âgées -et les moins âgées- comme une clé de bonne santé, comme un moteur pour connaître un troisième âge plus dynamique, mieux intégré dans la société et, bien sûr, plus heureux. Nous ne pouvons pas oublier que notre espérance de vie augmente de plus en plus. Nous avons donc le droit d’en profiter intensément et de bénéficier des meilleures ressources.
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