Les personnes qui insultent : qu'est-ce qui se cache derrière ce comportement ?
Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater
Certains disent que nous vivons à l’ère de la critique, de la dévaluation et des insultes gratuites. Les réseaux sociaux sont un terreau fertile pour ce type de dynamique offensive. Ainsi, et s’il est vrai que les personnes qui insultent existent depuis toujours et existeront, il semble qu’elles se soient multipliés ces dernières années. Y a-t-il une cause qui explique cela?
Certains experts soulignent que cette ouverture à la disqualification a été initiée par l’ancien président Donald Trump. Nous découvrîmes soudain un grand leader mondial lancer des insultes et donner des surnoms de manière publique. Il le fit dans ses interviews, ses conférences de presse et surtout sur Twitter. La liberté d’expression se heurta brusquement au respect de l’intégrité d’autrui. Le débat s’ouvrit alors, toujours actuel aujourd’hui.
La psychologie montre désormais un grand intérêt à comprendre ce qui se cache derrière la violence verbale. Car ne l’oublions pas, une insulte n’est pas une flèche lancée en l’air qui tombe, tout au plus, sur quelque toit. Une insulte blesse psychologiquement, humilie, ridiculise, dénigre et renforce de nombreux préjugés et stéréotypes.
“L’insulte déshonore celui qui la prononce, non celui qui la reçoit.”
-Diógenes le cynique-
Les personnes qui insultent : pourquoi le font-elles ?
Les insultes possèdent leur propres caractéristiques. Chaque pays, chaque culture et même région possède les siennes. Certaines sont plus légères et nombreux sont ceux qui cherchent à provoquer des dommages avec. Il est toutefois évident que toutes tendent à faire mal. Leurs destinataires peuvent être des enfants à l’école (parfois même à la maison). Elles peuvent également se manifester sur les milieux de travail et dans de nombreuses relations.
Il existe par ailleurs un autre fait. Les insultes surgissent dans tous les domaines, mais si il n’y a pas si longtemps elles étaient un phénomène presque toujours réservé au privé. Nous les observons désormais davantage dans les médias publics, à la télévision et, surtout, sur les réseaux sociaux. L’explication évidente est que quiconque insulte à travers un média public cherche également à avoir une audience.
Beaucoup d’entre nous l’observèrent dans des médias comme Twitter. Les personnes qui insultent ont des milliers d’adeptes derrière eux qui défendent cette position et dénigrent encore plus la victime. Il est en outre pas surprenant que cette insulte devienne virale, créant ainsi une atmosphère dans laquelle tous les principes éthiques et même moraux se diluent.
Qu’est-ce qui pousse néanmoins ces personnes ? Comment sont ceux qui recourent aux insultes en tant que forme habituelle de communication ?
L’insulte comme forme de communication apprise
Certains recourent à l’insulte en raison d’un simple conditionnement social et d’un modèle comportemental appris. Ceux qui grandirent dans des environnements où la critique, l’humiliation et la dévalorisation étaient monnaie courante.
Ils répètent tôt ou tard la même chose à laquelle ils furent exposés. Ils rejettent en outre cette la frustration et la douleur accumulées depuis l’enfance par ce type de communication.
Il existent par ailleurs un fait commun. Beaucoup de ces personnes utilisent l’insulte comme habitude de fonctionner dans n’importe quel environnement : à l’école et au travail.
La communication violente, une forme de pouvoir
Des travaux de recherche tels que ceux menés à l’Université de Bath (Angleterre) nous montrent que les personnes qui insultent colonisent fréquemment les environnements organisationnels. La communication violente cherche à obtenir un statut et une forme de pouvoir sur les autres.
C’est, après tout, ce que recherchent nombre de ces personnalités : créer une hiérarchie où elles peuvent se démarquer des autres par la critique, l’humiliation, l’insulte camouflée, etc.
Insulte, narcissisme grandiose
Nous appelons les narcissiques grandioses ou les narcissiques inconscients ces personnes qui ne sont pas conscientes de l’impact de leur comportement sur les autres. Elles ont besoin de s’exalter en toute situation et pour cela n’hésitent pas à exploiter et insulter les autres. Elles sont arrogantes, envieuses, agressives et n’hésitent pas à attaquer qui que ce soit lorsqu’elles perçoivent que leur valeur ou leur position est remise en question.
Parmi les personnes qui insultent, les narcissiques grandioses sont les plus courants. De même, il y a un autre fait marquant : elles choisissent généralement deux types d’insultes bien spécifiques, celles faisant référence à l’inutilité et à la bêtise. C’est-à-dire qu’elles recourent autant qu’elles le peuvent à ces ressources offensives pour critiquer, par exemple, à quel point les autres sont naïfs ou dépourvus d’intelligence, ainsi que stupides ou ineptes.
Peu d’insultes sont plus douloureuses que celles qui remettent en question notre valeur et cherchent à nous neutraliser, à nous dévaloriser en tant que personnes ou en tant qu’experts dans un domaine. Les grands narcissiques sont des experts qualifiés dans ce genre de dénigrements publics et privés.
Syndrome de Gilles de la Tourette et coprolalie
Même s’il peut être difficile de le croire (et de le comprendre), certaines personnes qui insultent ne veulent pas le faire en réalité. Il y a ceux qui ne peuvent pas se contrôler, qui souffrent d’un comportement compulsif et involontaire consistant à prononcer des mots obscènes, des insultes et des expressions socialement inappropriées.
La coprolalie est une caractéristique du syndrome de Gilles de la Tourette, un trouble caractérisé par des mouvements répétitifs et inattendus, des sons étranges et une communication parfois violente. Dans ces cas, cette affection neuropsychiatrique est beaucoup plus complexe et également invalidante pour la personne qui en souffre.
Pour conclure, comme nous pouvons le constater il y a toute une gamme de personnalités, de traits et de caractères derrière la violence verbale. Il n’est pas facile de vivre dans une société où les insultes deviennent quelque chose de toléré dans les médias tels que les réseaux sociaux. Il existe de nombreuses façons de communiquer sans recourir à l’offense ou à la disqualification.
Cependant, soyons clairs. Celui qui use d’insultes révèle une bonne partie de lui-même : il nous montre son intolérance récalcitrante, sa frustration enfantine, son éducation, son manque d’empathie et même son intelligence douteuse.
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