Les enfants "bulles" et les dangers de la surprotection
Rédigé et vérifié par le psychologue Sergio De Dios González
Aujourd’hui, il existe une nouvelle et curieuse étiquette sociale appelée “mamans agenda”. Certains de nos lecteurs se s’identifieront peut être, ou pourraient connaitre des personnes avec ce type de comportement. Ce sont des mères (parfois aussi des pères) habituées à tenir à jour les agendas de leurs enfants, qu’ils aient 6 ou 15 ans.
De retour à la maison, ils passent en revue chacune des tâches, devoirs et examens que les enfants planifièrent. S’il est important d’être conscient de ce type de problématique, il ne s’agit néanmoins pas d’être le gardien et vigile de chaque information, de chaque obligation scolaire de l’enfant. Loin de développer une autonomie adéquate chez eux, de tels agissements les rendront absolument dépendants.
“C’est que si je ne suis pas au courant, il ou elle ne ferait rien.” Ils objectent généralement de tels arguments. Il se passe que les enfants n’ont en réalité pas eut l’opportunité d’essayer. On trouve ainsi des “mamans agenda” et des “parents hélicoptère”, des parents qui “survolent” la vie de leurs enfants, surveillant encore et toujours chaque mouvement…
En substance, ils les empêchent de devenir des adultes matures et autonomes, en leur refusant des opportunités, en limitant leurs espaces personnels au point de créer une véritable bulle autour d’eux.
La surprotection des enfants à l’époque moderne
Quelque chose est en train de se passer. Comme l’expliquent les experts, les enfants d’aujourd’hui ont moins de liberté que les générations passées. Les professionnels de l’éducation de la petite enfance disent qu’en crèche, ils trouvent des enfants un peu plus “maladroits” qui n’ont pas encore fini de développer une partie de leur fonction motrice ou de leur motricité fine.
On en voit un exemple chez ces parents qui utilisent des poussettes alors que les enfants pourraient déjà marcher parfaitement. Ils préfèrent néanmoins les promener ainsi, “parce que c’est plus commode”. Et que se passe-t-il lorsqu’ils arrivent à la Primaire ? On rencontre alors des enfants de 6 et 8 ans qui vont de crise en crise parce qu’on ne leur propose pas ce qu’ils veulent. Parce que ce sont des êtres incapables de supporter la frustration ou tout refus.
Pourquoi cela arrive-t-il? Qu’y a-t-il derrière la surprotection ? Au fond, la peur de certains parents qu’il leur arrive quelque chose de mal, le besoin presque obsessionnel d’avoir “sous contrôle” tous les aspects de la vie de l’enfant, aspirant ainsi à lui offrir une vie parfaite, sans traumatismes, sans erreurs.
Or, parfois, l’aspiration inconcevable d’être « le père ou la mère parfaits », conduit parfois à l’inverse. Nous générons chez nos enfants une relation de haine aussi complexe que traumatisante. La perfection dans l’éducation n’existe pas. Il s’agit simplement d’être là en cas de besoin. Servir de guide, soutenir, offrir un lien d’amour et d’attention où, jour après jour, la maturité affective de nos enfants est favorisée.
Quand la bulle de surprotection éclate
Tôt ou tard ce jour viendra. L’enfant a peut-être 12 ou 20 ans, mais viendra le moment où cette bulle protectrice éclatera. Il devra alors sortir dans le monde et découvrira qu’il a terriblement peur de tout ce qui est à l’extérieur, de tout ce qui l’entoure et qui construit le « vrai monde”, celui dont ils l’ont toujours protégé.
De sorte qu’il se sentira insécure, anxieux, étant aussi l’objet du regard des autres. Il est tout à fait possible qu’il fasse l’objet de bullying à l’école, ou qu’il réagisse à ces menaces avec une conscience aiguë de sa vulnérabilité. Un fait curieux que de nombreux experts nous expliquent est qu’un grand pourcentage d’enfants surprotégés sont plus susceptibles de développer des allergies.
Cela résulte de leurs émotions, leur stress, qui génère toujours à un système immunitaire plus faible, laissant souvent émerger une maladie.
Ces maladies sont alors une raison supplémentaire pour continuer à exercer une “surprotection”. Cela crée donc un cercle vicieux sans fins. Cependant, cela ne signifie pas que les enfants sont inévitablement condamnés à être éternellement immatures et donc malheureux.
S’ils ont une bonne estime d’eux-mêmes et savent réagir à temps, beaucoup d’entre eux pourront rompre ces liens et marcher en toute sécurité, avancer et apprendre par eux-mêmes.
Aujourd’hui, nous vivons dans un monde où l’information est accessible à tous. Les parents sont cette bulle protectrice pendant un temps, mais la vie s’ouvre au-delà de cette zone de confort et il faut oser en sortir.
On dit souvent que les enseignants, les psychologues et les éducateurs poussent les enfants comme s’ils étaient une porte pour qu’ils mûrissent, mais il y a des moments où les parents sont de l’autre côté pour empêcher que cela se produise.
Vous ne devez pas avoir peur. Les enfants ne cassent pas. Les enfants ont besoin de grandir en ayant des opportunités d’apprentissage, où nous pouvons leur offrir notre confiance, en guidant toujours mais sans ériger les barrières de la surprotection.
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