Les conséquences de l'automédication aux psychotropes
Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater
L’automédication aux psychotropes est un phénomène de plus en plus fréquent. Bien que ces médicaments soient normalement prescrits sur ordonnance, beaucoup de personnes ont recours à d’autres moyens pour se les procurer.
Ces personnes cherchent ainsi à soulager leur mal-être, à améliorer leur sommeil ou encore à calmer leur anxiété qui rend leur vie quotidienne difficile. L’utilisation et l’abus d’anxiolytiques est, sans aucun doute, au cœur du problème lorsque l’on parle d’automédication.
S’engager sur cette voie sans faire appel à une prescription médicale et sans le soutien psychologique approprié, risque généralement de se retourner contre la personne. Et ce, avec des conséquences très regrettables.
S’il est vrai qu’au début, les psychotropes peuvent procurer un certain soulagement, peu à peu, le patient va ressentir le besoin d’augmenter les doses pour conserver l’effet recherché. Ainsi, et presque sans s’en rendre compte, il risque de développer une dépendance, parfois grave.
De plus, dans de nombreux cas, les psychotropes interagissent avec d’autres médicaments pris par le patient. Cela augmente sensiblement le risque de crise cardiaque et parfois de décès.
Ce n’est pas une question anodine. En effet, des études cliniques indiquent que la pratique de l’automédication aux psychotropes est particulièrement fréquente chez les jeunes.
L’automédication de médicaments pour traiter l’anxiété, la dépression ou l’insomnie est en augmentation chez les jeunes. Dans de nombreux cas, ils combinent la prise de ces médicaments avec la consommation d’alcool. Une telle pratique a évidemment de graves conséquences sur leur santé.
En quoi consiste l’automédication aux psychotropes ?
L’automédication implique l’utilisation et la consommation de médicaments sans ordonnance. D’une certaine manière, cette pratique est assez courante : beaucoup d’entre nous la pratiquent lorsqu’ils ont recours, par exemple, à un analgésique pour soulager un mal de tête occasionnel.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’automédication est une réalité de plus en plus fréquente. C’est pourquoi cette problématique doit être abordée à travers une éducation sanitaire adéquate.
S’il est vrai que parfois, le recours aux pilules pour le mal de tête évite de faire exploser le nombre de consultations médicales, le risque est néanmoins de tomber dans une consommation abusive de certains médicaments plus dangereux, tels que :
- Les antibiotiques. Nous devons ici rappeler que le mauvais usage des antibiotiques entraîne la diminution de leur efficacité ou le développement de résistances lorsque nous en avons vraiment besoin.
- Les analgésiques opioïdes. Conçus pour inhiber la douleur, les analgésiques les plus communs sont la codéine, le tramadol, la morphine ou la méthadone.
- Les psychotropes. Ce type de médicament est utilisé pour traiter les troubles psychotiques et bipolaires, les problèmes de sommeil, les troubles dépressifs, les troubles obsessionnels compulsifs, les crises de panique, etc. Les plus fréquemment utilisés en automédication on retrouve les benzodiazépines.
Pourquoi certains pratiquent l’automédication aux psychotropes ?
Nombreuses sont les raisons pour lesquelles une personne s’en remet à l’automédication aux psychotropes. L’étude menée par l’Université du Michigan (États-Unis) par les docteurs Katherine Harris et Mark Edlund, montre qu’une bonne partie des patients ont recours à cette pratique après avoir suivi un traitement qui n’a pas vraiment résolu leur problème.
Au lieu de chercher à nouveau de l’aide auprès d’un professionnel, certains optent donc pour d’autres voies, telles que l’automédication. Mais il y a d’autres éléments déclencheurs qui méritent d’être considérés.
- Il y a des personnes dont un membre de la famille ou des amis suivent un traitement pour une dépression ou un trouble anxieux. Ils s’identifient alors à leurs symptômes et, sans passer par une consultation médicale préalable, décident de s’automédiquer.
- Dans d’autres cas, la prise de psychotropes est le résultat d’une pratique sociale amusante chez certains jeunes. La consommation d’alcool et de marijuana accompagnent généralement la prise de psychotropes.
Comment ont-ils accès à ces médicaments sans ordonnance ?
Nous savons que les médicaments psychotropes, comme de nombreux autres médicaments, ne sont disponibles que sur ordonnance. Alors par quels autres moyens peut-on y avoir accès ?
- A travers un membre de sa famille qui a une ordonnance.
- Par Internet ou par des ventes locales illégales.
- Grâce à un contact qui travaille dans un établissement de santé, tel qu’une clinique ou un hôpital.
Les effets de l’automédication aux psychotropes
Le Nordic Cochrane Center est une organisation à but non lucratif. Des scientifiques du monde entier y analysent et examinent rigoureusement les médicaments et autres produits médicaux ; ils vérifient ainsi leur danger et leur efficacité. Et ce, au-delà des études fournies par les fabricants de ces derniers.
Cette organisation a mis l’accent sur un point qui devrait nous inviter à une réflexion profonde. Plus de 50 000 décès par an dans le monde sont dus aux effets, à l’abus ou au détournement de médicaments psychotropes. Les effets de l’automédication aux psychotropes sont donc souvent mortels.
- L’automédication à ce type de médicaments crée une dépendance dans la plupart des cas.
- Le plus grand risque est l’interaction avec d’autres substances. Par exemple, combiner des benzodiazépines avec de l’alcool peut être dangereux. Les effets peuvent même être mortels en cas d’interaction avec d’autres médicaments pris par la personne.
Les effets de l’automédication aux psychotropes dépendent du type de médicament que prend le patient. Toutefois, certains effets sont plus communs que d’autres :
- Somnolence
- Raideurs musculaires
- Tremblements
- Abattement
- Bouche sèche
- Constipation
- Vision trouble
- Problèmes cardiaques, tels que la tachycardie
- Réactions allergiques
- Altération du cycle menstruel
- Dysfonction sexuelle
- Syndrome des jambes sans repos
- Problèmes rénaux
En somme…
Ceux qui ont recours à l’automédication pour soulager leur anxiété, leur tristesse ou toute autre réalité personnelle, n’observent, à court terme, qu’une intensification de ces mêmes symptômes. D’autres difficultés psychologiques peuvent également apparaître, telles que la psychose ou la confusion mentale.
Vous l’aurez compris, recourir à l’automédication n’est pas vraiment une bonne idée. Dans de nombreux cas, cela peut même coûter la vie. Aucun médicament n’est inoffensif et encore moins ceux destinés à traiter un trouble mental. Soyons prudents : en cas de traitement médical, la supervision d’un professionnel de santé est toujours requise.
Toutes les sources citées ont été examinées en profondeur par notre équipe pour garantir leur qualité, leur fiabilité, leur actualité et leur validité. La bibliographie de cet article a été considérée comme fiable et précise sur le plan académique ou scientifique
- Katherine M Harris, Mark J Edlund.Self-Medication of Mental Health Problems: New Evidence from a National Survey. Health Services Research DOI: 10.1111/j.1475-6773.2005.00345.x
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