Le traumatisme de la naissance et ses effets

Le traumatisme de la naissance et ses effets
Sergio De Dios González

Rédigé et vérifié par le psychologue Sergio De Dios González.

Dernière mise à jour : 07 mai, 2020

Le premier à avoir évoqué le traumatisme associé à la naissance fut le psychanalyste autrichien Otto Rank. Son postulat central est le suivant : la naissance s’associe au premier traumatisme vécu par l’être humain. Le traumatisme est lié à la séparation brutale de la mère. Mais aussi au passage soudain d’un environnement protecteur à un environnement hostile.

Otto Rank considérait que le traumatisme de la naissance était le premier chapitre de la névrose et qu’il nous positionnait dans le domaine de l’humain, c’est-à-dire sur le chemin de l’impossible. Cela est à l’origine d’une détresse essentielle qui nous accompagnera tout au long de notre vie.

“Les na’vi affirment que chaque individu naît deux fois. La seconde est lorsque nous gagnons notre place dans le clan pour toujours”.

-Sam Worthinghton-

La souffrance d’un bébé à sa naissance est réelle. Le traumatisme de la naissance est un concept que la médecine aborde bien qu’il soit analysé d’un point de vue anatomique et physiologique. La théorie d’Otto Rank va au-delà. Elle définit ce traumatisme initial comme le principal facteur définissant notre vie psychique. Jusqu’à aujourd’hui, ses approches sont une source polémique.

La vie psychique fœtale

L’une des sources de controverse en ce qui concerne le traumatisme à la naissance est la suivante : le cerveau du nouveau-né n’est pas suffisamment développé pour enregistrer ses expériences comme un traumatisme (dans le sens strict du terme). Il est certain que l’enfant souffre à la naissance. Or, pour beaucoup d’entre nous, cette souffrance ne peut pas déterminer la vie psychique de l’individu.

traumatisme de la naissance

Cependant, des études prouvent que des phénomènes psychiques très complexes ont lieu au cours de la vie fœtale. L’une d’entre elles fut réalisée par Nilsson, Rottmann et Lukesch. Ces chercheurs étudièrent la vie intra-utérine des fœtus dont les mères n’avaient pas souhaité tomber enceintes. De cette manière, ils mirent en évidence une relation entre ce type de mère et certaines attitudes de leurs bébés à la naissance :

  • Syndrome d’indifférence. Envie constante de dormir et faible mobilité.
  • Syndrome hyper-actif. Le cas opposé. Il correspond aux enfants qui s’excitent avec facilité et pleurent beaucoup.
  • Anomalie dans les habitudes alimentaires.
  • Vomissements excessifs.

Ces chercheurs firent la conclusion suivante : le ventre maternel n’est pas un paradis neutre. Le fœtus est physiologiquement stimulé par la mère puisqu’il perçoit en elle les modifications physiologiques. Tout cela se répercute ensuite sur son comportement. Il ne serait donc pas insensé de penser qu’au sein de l’utérus les changements physiologiques de la mère auraient une incidence sur les comportements postérieurs de l’enfant.

La traumatisme de la naissance

Otto Rank est persuadé que l’origine de la détresse se trouve dans le traumatisme de la naissance. L’angoisse vient d’ailleurs du latin “angustus” qui signifie “étroit”. Nous pouvons associer cette étymologie à la première difficulté affrontée par l’être humain à sa naissance : la traversée du canal utérin (dont la principale caractéristique est son passage étroit).

Certaines recherchent affirment que lorsque le traumatisme de la naissance est très sévère, la personne expérimente au cours de sa vie adulte des sensations semblables à celles vécues pendant la naissance. C’est le cas notamment des individus victimes de tachycardies inexpliquées, de maux de tête perçus comme une forte pression dans le crâne et de sensations d’étouffement. Toutes ces sensations sont propres aux attaques de panique.

femme qui court

D’autre part, Otto Rank mit en évidence l’important composant affectif qui est mis à l’épreuve lors de la séparation de l’enfant et de la mère. La traumatisme de la naissance ne se limitera donc pas aux seules sensations physiques expérimentées, mais également à la perte d’un état idéal. Selon Rank, cela nous marque et nous rend particulièrement sensible à un quelconque type de perte en général.

La controverse

La traumatisme de la naissance a produit l’une des grandes ruptures de l’histoire de la psychanalyse. Otto Rank était l’un des disciples favoris de Freud. Pourtant, ses thèses défiaient le concept central de ce dernier selon lequel le complexe d’œdipe était l’élément fondateur de la vie psychique. Finalement cela contribua à séparer définitivement les deux hommes.

Les thèses du traumatisme de la naissance d’Otto Rank n’ont pas été suffisamment diffusées. Malgré cela, elles sont acceptées par un nombre important de psychanalystes, psychologues et médecins. En fait, nombreux descendants de l’oeuvre de Rank estiment que le travail thérapeutique revient à surmonter la naissance, à surmonter la traumatisme initial. 

 

Il est clair que les thèses de Freud sont les plus solides. Cependant, nous savons désormais qu’au cours de la période de vie prénatale et des premiers mois de vie, les expériences laissent des empreintes durables. Elles marquent la manière d’être et de faire des êtres humains. Cela est dû à un développement inachevé du système nerveux.

 


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