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Le film Champions, une belle leçon d'humanité

7 minutes
Champions est un film drôle, amusant, mais il porte aussi un message clair et fort, celui de l'inclusion. Ce n'est pas la seule leçon qu'il nous offre. Champions est une joyeuse mise en garde contre cette humanité qui se perd peu à peu dans ce monde.
Le film Champions, une belle leçon d'humanité
Gema Sánchez Cuevas

Rédigé et vérifié par Psychologue Gema Sánchez Cuevas

Écrit par Leah Padalino
Dernière mise à jour : 27 décembre, 2022

Au-delà de nous faire passer un bon moment, le cinéma peut parfois se révéler une arme puissante, capable de diffuser des messages forts, de dénoncer, de critiquer, bref de revendiquer. Le penseur Marshall McLuhan a déclaré : “le support est le message.” Le cinéma est un excellent vecteur. Le film espagnol Champions (Javier Fesser, 2018) a connu un grand succès aux Goya 2018 (les Oscars espagnols).

Sur un ton joyeux et innocent, Champions fait passer un message clair et fort. Il cherche à rendre visibles certaines personnes souvent victimes d’exclusion dans notre société. Au-delà de son succès au box-office, ce film a remporté trois Goya Awards dans les catégories suivantes : la meilleure chanson originale, le meilleur film et le meilleur espoir masculin pour Jesús Vidal.

Réaliser un film qui met en avant le thème de la déficience intellectuelle n’est pas évident. Il est facile de tomber dans le mélodrame ou de dépeindre une réalité édulcorée. Champions a choisi d’avoir un point de vue optimiste en abordant le thème de la différence dans le respect et l’inclusion.

Il met en avant la dignité des personnes qui, jour après jour, luttent pour leur intégration dans une société de plus en plus compétitive et exigeante.

Outre son message positif, le film laisse également place à la critique. Dans un monde totalement souvent inhumain, nous avons besoin de sourires et d’une bonne dose d’humanité.

L’histoire de Champions

Marco Montes est l’entraîneur adjoint d’une équipe de basket-ball. Il est habitué aux compétitions de hauts niveaux. Sur le plan personnel, les choses ne marchent pas très bien ; sur le plan professionnel, il commence à être en perte de vitesse. Les choses se compliquent lorsque Montes perd son emploi et qu’il se fait arrêter pour conduite sous l’emprise d’alcool.

Il doit alors choisir entre la prison ou se charger d’entraîner une équipe de basket composée de personnes souffrant d’un handicap intellectuel. Le choix est alors vite fait. Marco rencontre ensuite les membres de l’équipe “Los Amigos” et devient rapidement désespéré.

Cependant, Marco en apprend petit à petit un peu plus sur la situation personnelle de chacun des joueurs. Cela le sensibilise alors au thème du handicap. Ses joueurs se battent tous, jour après jour, comme chacun d’entre nous. Il est déjà difficile d’obtenir un emploi ; pour une personne handicapée, cela est encore plus compliqué.

Un effort de sensibilisation

Le film dénonce ainsi certaines inégalités. Il y a d’innombrables éléments du fonctionnement de la société que nous tenons pour acquis. Cela nous parait normal et nous ne les remettons pas en question.

Cependant chaque personne qui compose la société fait l’expérience de sa propre réalité. Ainsi, Marco lui-même n’a pas pu devenir joueur de basket car il n’est pas doté d’une caractéristique indispensable à la pratique de ce sport : être grand.

De même, Champions nous fait découvrir la face cachée de certaines entreprises qui embauchent des personnes handicapées. Elles le font parfois pour profiter des subventions mais ces employés sont souvent traités différemment et avec mépris. Elles sont généralement sous-estimées et dévalorisées par leur employeurs.

En outre, le film nous rappelle aussi que le comportement de chacun peuvent avoir un énorme impact sur la vie des autres. Par exemple, lorsque Marco conduisait en état d’ébriété, cela aurait pu coûter la vie à certains ou encore causer des blessures irréversibles à d’autres.

Comme nous l’avons dit précédemment, un film traitant de ce type de sujet court le risque de vite tomber dans les clichés, le sentimentalisme ou le drame. Même si Champions n’échappe pas complètement à certains clichés, il évite le mélodrame et nous offre une vision beaucoup plus humaine.

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L’humour et le sport comme rassembleur

Le sport devrait être synonyme de plaisir, de dépassement de soi et d’effort. Malheureusement, c’est bien souvent loin d’être la réalité, même en dehors du sport de haut niveau. Combien de fois un match amateur se termine en bagarre ? Combien encore d’enfants pratiquent le sport dans un environnement compétitif malsain ?

Sans vouloir blâmer le monde du sport, ni dire qu’il est mauvais de donner le meilleur de soi-même, il est bon de reconnaître que la compétitivité est souhaitable seulement dans une certaine mesure.

Il semble cependant que nous ayons perdu le sens du respect. Dans cette lutte pour être parmi les meilleurs, on accepte souvent de marcher sur les pieds des autres. C’est quelque chose que l’on ne trouve pas chez les enfants : cette attitude s’acquiert au fil du temps. A l’image des protagonistes du film, les enfants font du sport pour s’amuser.

Bien entendu, il est naturel de vouloir gagner. Nous souhaitons tous que nos efforts soient récompensés. Néanmoins, cela ne signifie pas que nous devons écraser nos adversaires pour cela, ou pleurer à la suite d’une défaite.

Le sport devrait fonctionner comme un lien capable d’éliminer les barrières et les frontières. Tel un outil qui nous permet de s’apprécier les uns les autres, de socialiser et, pourquoi pas, de nous dépasser aussi.

Nous devons chercher à gagner, comme dans toutes les batailles auxquelles nous nous livrons chaque jour. Cependant, gagner ne signifie pas pour autant détruire l’adversaire. Cette leçon nous est donnée par Marco et par toutes les personnes qui conservent encore leur innocence, leur pureté. Ces personnes qui peuvent par exemple embrasser leur adversaire à l’issu d’un match. Et ce, qu’elles aient gagné ou perdu.

L’humour, à son tour, fonctionne parfaitement dans Champions. La note comique est présente dans différentes situations. Cependant, elle n’est jamais moqueuse. Tous les personnages sont capables de nous faire rire. On ne rie pas d’eux, mais avec eux. C’est là que réside toute la différence.

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Champions, une leçon pour tous

On apprend de tout et de tous. Mais la force de Champions ne se limite pas seulement à ce message, ce film va beaucoup plus loin. D’une part, à l’exception de Jesús Vidal, tous les acteurs qui composent l’équipe de basket-ball sont des personnes sans expérience théâtrale ou cinématographique. D’autre part, ils présentent tous un handicap réel.

Avec enthousiasme et beaucoup de travail, ces personnes nous offrent des performances qui vont au delà des limites sociales. On finit par ne plus voir leurs handicaps et on les apprécie pour leur jeu et leur personnage.

L’inclusion se reflète dans le film, mais aussi dans les coulisses. Fesser s’est entouré de personnes souffrant d’un handicapsintellectuel pour travailler sur le film. Il a également bénéficié du soutien de différentes organisations spécialisées. Cela montre qu’en sensibilisant et en formulant des exigences, de grandes choses peuvent être réalisées.

Cette énergie et de cette joie que nous insuffle Champions était palpable au cours de la cérémonie des Goya. Le discours spectaculaire de Jesús Vidal a particulièrement ému. Un discours de gratitude au cours duquel il a donné la parole à tous ses collègues et à toutes les personnes qui, comme lui, ont un handicap. Bien que Vidal soit malvoyant à 90 %, il a néanmoins obtenu un diplôme de philologie hispanique, étudié une maîtrise en journalisme et a un impressionnant talent d’acteur.

Nous devrions certainement tous écouter ce discours. Il y a eu des sourires et des larmes d’émotion pendant cette allocution alors que l’univers du cinéma se caractérise souvent, comme le sport, par une compétitivité excessive. Comme le rappelle M. Vidal, “inclusion, visibilité et diversité” sont trois mots bien nécessaires.

Conclusion

En capturant toute cette innocence et ce naturel, Champions parvient à transmettre un message parfaitement humaniste. La sensibilisation au thème peut se faire de différentes manières : soit par la politique, soit par les médias.

Ici, c’est le cinéma qui propose de changer notre perspective et notre façon de voir ces personnes qui, malheureusement, connaissent bien trop souvent l’exclusion et l’humiliation.

La réalité elle-même a inspiré le film. C’est en effet grâce à un article de presse traitant du thème que l’idée est née. Aujourd’hui, Champions, bien qu’il ne soit pas le premier film à traiter des questions d’inclusion, a ouvert ou, du moins, a permis d’élargir une voie. Il est drôle et constitue une bouffée d’air frais. Ce film nous offre des belles leçons de vie et une visibilité tant nécessaire : comme Marco, nous avons aussi beaucoup à apprendre.

“Nous y allons pour gagner, pas pour humilier.”

-Champions-


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  • Malo, M. A. (2003). Las personas con discapacidad en el mercado de trabajo español. Revista del Ministerio de Trabajo y asuntos sociales46, 99-126.
  • Monjas Casares, M. I., & Arranz Moro, F. (2010). El cine como recurso para el conocimiento de las personas con discapacidad: Veinticinco películas de la última década.

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