Le double visage de l'ambition : le manque et l'excès
Relu et approuvé par Psychologue Gema Sánchez Cuevas
La culture a soulevé plusieurs paradoxes sur l’ambition. Certaines lignes de pensée la condamnent, d’autres l’exaltent. L’ambition est en réalité l’un de ces traits que beaucoup ne sauraient définir comme vertu ou défaut. C’est pourquoi nous parlons ici du double visage de l’ambition.
L’ambition se définie comme “le désir intense et véhément d’obtenir une chose difficile à atteindre, notamment la richesse, le pouvoir ou la célébrité”. Il s’agit du moins de la définition qu’en donne le dictionnaire. La définition elle-même marque le double visage de l’ambition: aspirer à atteindre un objectif difficile, d’une part, et des objectifs banals, d’autres part.
“L’ambition ne s’arrête pas, même pas tout en haut de la grandeur.”
Il existe néanmoins une autre façon de voir le double visage de l’ambition : lorsqu’elle manque ou excède. Si elle fait défaut, nous sommes confrontés à un conformisme ne permettant d’évoluer et de croître. Nous sommes à la limite du manque de scrupules si elle excède. Nous obtenons ce que nous souhaitons à n’importe quel prix.
Le manque d’ambition et le conformisme
Nous recevons souvent des messages pour encourager l’acceptation de la réalité telle qu’elle est. Ces messages nous invitent à ne pas changer les choses et à nous résigner à elles. Ce message peut être très positif lorsqu’il se réfère à des situations impliquant un désir impossible à réaliser. Par exemple, lorsque quelqu’un meurt et nous ne parvenons pas l’accepter.
Cela peut cependant devenir un message nuisible dans d’autres circonstances. Il est généralement dicté par la peur, par l’autoritarisme, ou par les deux. Les êtres humains tendent à vouloir être meilleurs. Non à accepter les choses avec résignation. Certaines lignes de pensée choisissent néanmoins d’encourager l’obéissance afin de nous contrôler.
La peur, le manque de confiance en nous-mêmes ou la dépendance excessive à un pouvoir extérieur fait de nous des conformistes. Cela signifie en fait à renoncer à l’ambition. Autrement dit, à rester avec ce que la vie nous offre, sans essayer d’aller au-delà.
L’excès d’ambition et la cupidité
La cupidité est à l’extrémité opposée du conformisme. Elle fait allusion à un désir débridé, principalement de succès ou de richesse. Le cupide est comme un tonneau sans fond. Il n’en a semble-t-il jamais assez avec ce qu’il atteint ou possède. Il veut toujours davantage. C’est un éternel insatisfait.
La cupidité est un sentiment toxique. Elle entraîne celui qui la ressent vers de véritables enfers. Elle en fait de même avec l’entourage du cupide. Rien n’arrête la cupidité car il s’agit d’une passion irrésistible. Elle est le propre de ceux qui considèrent que “la fin justifie les moyens”. L’important est d’obtenir davantage, peu importe ce que nous avons à faire.
Une personne se laisse envahir par la cupidité parce qu’elle se sent dépourvue. Non qu’elle le soit, mais plutôt qu’elle le vit ainsi. Tout manque lui paraît insupportable. Elle pense, au fond, qu’avoir toujours davantage remplira le vide qui l’habite.
Le double visage de l’ambition
Nous voyons qu’il existe un double visage de l’ambition : lorsqu’elle manque ou qu’elle excède. Il existe cependant un double visage de l’ambition, selon les motifs qui la nourrissent, la manière dont elle est gérée et les fins auxquelles elle tend.
L’ambition est faite du même matériau que celui des grands rêves. Il s’agit d’une force énorme qui amène à prendre des décisions. A s’aventurer sur des chemins difficiles pour réaliser quelque chose que nous voulons. Il s’agit en ce sens d’une vertu énorme car elle conduit les individus à quitter leur zone de confort et à exiger davantage d’eux-mêmes. L’ambition est ici la source d’où naissent de grandes conquêtes dans la vie.
Il se dit également qu’il existe un double visage de l’ambition lorsque nous parlons d’objectifs constructifs, par opposition à des buts obsessionnels et égoïstes. Il s’agit dans les deux cas d’une force vitale stimulant la réussite. Cependant, alors qu’existe une ambition promouvant des buts louables, une autre ne veut qu’accumuler pour exalter le moi et nourrir le narcissisme.
Il n’est pas bon de promouvoir le manque d’ambition et les attitudes conformistes. Cela ne fait que nourrir les insécurités et dévaloriser les efforts pour être meilleur. Nous ne devons pas non plus promouvoir le désir sans limites pour obtenir davantage. Il s’agit d’apprendre à gérer ce double visage de l’ambition, dont les différences sont parfois très subtiles.
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