Le danger de cataloguer un enfant comme paresseux

Cataloguer, c'est simplifier, réduire un enfant à un mot. Lorsque nous étiquetons, nous produisons un effet négatif qui peut être nocif et dangereux. Dans cet article, nous approfondissons cette habitude si courante et limitatrice.
Le danger de cataloguer un enfant comme paresseux
Laura Rodríguez

Rédigé et vérifié par Psychologue Laura Rodríguez.

Dernière mise à jour : 27 décembre, 2022

Le danger de cataloguer un enfant comme paresseux est souvent ignoré. Combien de fois avons-nous dit ou entendu « qu’est-ce que tu es méchant », « tu es paresseux », « tu es maladroit », « mon enfant est timide », « il est nerveux, il ne s’arrête jamais »?

Il arrive souvent que les parents observent chez leurs enfants des comportements indésirables qui les amènent à perdre le contrôle, à mettre des mots sur des pensées qui ne sont que le produit d’une humeur, sans être conscients du danger que cela peut comporter. N’oublions pas que supporter la maturité d’un enfant sous l’égide de certains adjectifs peut le condamner à s’y conformer.

Si un enfant a tendance à avoir un comportement perturbateur, ce n’est pas pour autant un enfant « méchant ». Sa conduite est à revoir, mais le terme « méchant » ne doit pas figurer dans sa définition. S’il lui est difficile d’être bon en mathématiques, cela ne signifie pas qu’il s’agit d’un enfant « maladroit ». Peut-être qu’il lui faut davantage de temps pour intégrer certaines étapes liées à l’abstraction. Ou alors la méthode d’apprentissage n’est pas la plus adaptée pour ses capacités. Il existe encore de nombreux autres exemples.

L’effet Pygmalion, la prophétie autoréalisatrice

La façon dont nous nous rapportons au monde ainsi que l’image que les « personnes auxquelles nous sommes attachées » ont de nous, surtout à un âge précoce, influencent grandement notre concept de soiLorsque nous cataloguons un enfant, nous projetons sur lui un espace avec des limites qui n’ont souvent rien à voir avec ce qu’il est. Néanmoins, ces limites deviennent des prophéties qui auront tendance à s’autoréaliser.

En 1965, Robert Rosenthal a introduit le terme « effet Pygmalion » pour désigner le phénomène selon lequel les croyances et les attentes placées dans une personne influencent ses performances. Par exemple, si un enfant a des difficultés pour étudier et qu’on le qualifie de paresseux, il est plus susceptible d’assumer ce rôle et de finir par agir comme un individu paresseux. Je suis paresseux ? … donc je serais paresseux.

« Une prophétie autoréalisatrice est une prédiction qui, par le simple fait de l’avoir faite, provoque l’événement attendu ou prédit. Et confirme ainsi sa propre exactitude ».

-Paul Watzlawich-

Le danger de cataloguer un enfant comme paresseux : quelles sont les conséquences?

  • L’enfant peut se sentir sous-estimé. Cela affecte sa propre identité et son estime de soi, ce qui peut entraîner un mal-être et de l’anxiété.
  • Il endossera le rôle de paresseux et agira comme tel (effet Pygmalion). Il croira que ce qu’il fait se limite à ce concept, sans envisager d’autre alternative.
  • En posant une étiquette sur l’enfant, nous contribuons au comportement que nous souhaitons éviter. Les croyances envers l’enfant deviennent alors des prophéties qui se réalisent.
  • Nous pouvons négliger une difficulté d’apprentissage qui a un impact sur son développement.
  • Nous ne prenons pas en compte ses sensations. Est-il motivé ? Y a-t-il un problème qu’il ne parvient pas à identifier ? Saisit-il réellement le concept d’apprentissage et les conséquences de ne pas travailler ? A-t-il les capacités nécessaires à l’apprentissage ? Croit-il en lui ? etc.
  • Cataloguer un enfant revient à se centrer sur un seul aspect de sa personne, en oubliant qu’il est bien plus que cette simple étiquette. On en oublie parfois les autres caractéristiques de l’enfant.

Le danger de cataloguer un enfant comme paresseux : l’importance de la motivation

Un enfant réputé comme paresseux peut cacher certaines difficultés qui correspondent précisément à cette propre étiquette. Il existe effectivement de nombreuses difficultés d’apprentissage qui engendrent une baisse importante de la motivation du petit.

Il est fondamental de garder ce fait à l’esprit afin d’entrevoir la possibilité d’un obstacle à son développement. De même, il est essentiel de rappeler un aspect fondamental de l’apprentissage : la motivation.

La motivation pousse et maintient le comportement d’une personne vers des objectifs ou des buts précis. C’est ce qui lui donne de l’énergie et une direction au comportement. La motivation influence considérablement l’apprentissage et la croissance des enfants, et détermine leur développement.

« La motivation est la volonté d’apprendre, comprise comme l’intérêt de l’enfant à absorber et apprendre tout ce qui est associé à son environnement ».

-Jean Piaget-

Un enfant qui regarde en bas.

Que faire si mon enfant n’est pas motivé ?

Essayons de répondre à cette question.

  • Prudence avec les attentes. Des exigences élevées sont contreproductives car elles peuvent empêcher l’enfant d’essayer, par peur de l’échec. Les enfants réagissent aux attentes que l’on place en eux.
  • Le danger de cataloguer un enfant comme paresseux. Éviter les étiquettes qui enferment leur comportement. En effet, les étiquettes sont véritablement puissantes et exercent une grande influence.
  • Renforcer positivement chaque petite réussite et valoriser les progrès afin d’encourager la motivation.
  • Se concentrer sur le processus et non sur le résultat. Valoriser chaque jour d’effort et de travail comme de petits pas franchis. Ne pas se concentrer sur la fin de l’année, mais faire de chaque jour une sorte de défi.
  • Rester en contact avec les professionnels qui peuvent évaluer les situations de l’enfant afin d’écarter d’éventuelles difficultés d’apprentissage.
  • Favoriser la communication. Un espace pour que l’enfant puisse partager ses expériences et inquiétudes, en exprimant ce qu’il ressent.
  • Apprendre à communiquer. Éviter les cris et les mots qui comportent des connotations négatives. Utiliser l’affirmation de soi et les connotations positives comme moyens d’engager la conversation. La façon dont nous communiquons détermine le but ; autrement dit, si je souhaite que ma fille partage ses émotions et que je lui réponds en criant, elle n’exprimera probablement pas ce qu’elle ressent.

Autres conseils…

  • Renforcer les techniques d’apprentissage les plus adaptées à l’enfant. Nous devons définir quel est le type d’apprentissage qui convient le mieux à l’enfant dans la continuité.
  • Établir des règles d’éducation et encourager l’autonomie. Il est fondamental que le petit saisisse que son comportement a des conséquences et qu’il doit en assumer la responsabilité. Il doit comprendre que certaines tâches quotidiennes lui reviennent et qu’il doit les accomplir lui-même.

Enfin, comme vous pouvez le constater, il existe de nombreuses mesures à essayer pour stimuler la motivation chez un enfant. Quoi qu’il arrive, le traiter de paresseux – ou d’autre chose – ne l’aidera en aucun cas à faire davantage d’efforts. Au contraire, sa motivation risque de chuter encore plus, et il montrera moins d’initiatives et de volonté à relever les défis.


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  • Watzlawick, Paul. The Invented Reality. New York: W.W. Norton & Company,Inc.
  • Piaget, J., y Inhelder, B. (1997). Psicología del niño (Vol. 369). Ediciones Morata.
  • Piaget, J. (1987). El criterio moral en el niño. Ediciones Martínez Roca.

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