L'âme, si elle n'est pas livrée en entier, meurt à petit feu
L’âme, si elle n’est pas livrée en entier, s’assèche. Il ne sert à rien de s’offrir à moitié et avec des réticences, car la vie se savoure entière, à pleine bouche, avec des baisers et des rires, avec la passion de ces personnes courageuses, qui savent que seuls les câlins recomposent les lieux brisés et que ni les années, ni le temps n’effacent notre joie de vivre.
Il existe une légende celtique étonnante du XIVème siècle qui nous donne une image symbolique de tout cela. Dans cette culture, il existe une “jument blanche” qui habite dans notre monde onirique. Elle s’alimente des peurs, des cauchemars et des âmes des personnes tristes. Elle les prend un par un et les introduit dans les fissures des roches ou dans les creux des palets.
“L’âme se trouve dans le corps comme un diamant brut, et doit être polie, ou le brillant n’apparaîtra jamais.”
-Daniel Defoe-
Laisser la tristesse ou le découragement prendre racine dans notre être est bien pire qu’une malédiction. C’est ainsi que le voit le vieux folklore des peuples anciens et la psychologie actuelle. Les raisons qui génèrent cet état crépusculaire où le courage, l’envie et les passions disparaissent sont nombreuses… Mais nous sommes capables d’initier un nouveau cycle. Un nouveau jour.
Loin d’intensifier davantage cet état jusqu’à être complément vaincu par la jument blanche sur laquelle chevauche le cavalier de la dépression, nous devons sortir de nos vides intérieurs, de ces espaces solitaires pour être capable, à nouveau, d’embrasser la vie et les opportunités.
Quand l’âme se sent fatiguée
Byung-Chul est un philosophe coréen installé en Allemagne dont les livres sont très célèbres. À travers l’un d’entre eux, intitulé La société de la fatigue, il nous parle d’une réalité concrète et très connue. Aujourd’hui, l’être humain a un ennemi vorace et implacable : lui-même et son incapacité à aimer les autres de manière authentique.
Selon cet auteur intéressant, la faille serait dans notre narcissisme malsain. Aujourd’hui, l’ÊTRE n’a plus d’importance, la seule chose qui lui donne de la valeur, c’est le PARAÎTRE, le fait de s’exhiber. D’où le pouvoir de la publicité, des réseaux sociaux, des modes, habitées par l’abîme amère de la fausseté… Nous oublions, petit à petit, quelque chose d’essentiel : estimer l’existence de l’autre à sa juste valeur. Nous devons apprendre, via l’amour, que nous donnons aux autres, à travers l’amitié, l’humilité ou même l’altruisme.
L’âme qui se sent fatiguée est le reflet d’un cœur errant, d’une boussole sans nord et d’un train sans passagers. Il lui manque quelque chose, il lui manque la passion et la courage de se donner l’opportunité d’aimer pleinement. Quelque chose que nous avons vu, par exemple dans le film Melancholia de Lars Von Trier, dans le personnage de Justine, déprimée et incapable d’aimer, et qui réagit uniquement lorsqu’une planète est sur le point de détruire la Terre. C’est alors qu’elle découvre l’existence de l’autre.
La passion du réveil
Il est possible que beaucoup d’entre nous se sentent ainsi. Endormi-e-s, apathiques, malades, de mauvaise humeur et sans courage pour aimer avec toute notre âme. Peut-être que cela est dû à une déception, à une échec intérieur ou même à une sorte d’anhédonie qui caractérise aujourd’hui beaucoup de gens. Plonger dans cette entropie émotionnelle est dangereux. C’est débuter un détachement vital et un renoncement, c’est arracher des jours à notre calendrier.
“Rien de grand n’a été fait dans ce monde sans grande passion.”
-Friedrich Hegel-
La passion est la seule chose qui peut nous sauver. C’est le combustible de la volonté, l’essence de l’engagement du quotidien qui permet à tout de faire sens et de prendre de l’importance. Car mettre de la musique sur les partitions de notre vie est quelque chose qui peut être facile à obtenir si l’on commence par les choses les plus simples, les plus élémentaires.
Nous allons tout vous expliquer dans cet article.
Ré-initier l’âme est une question de volonté et de créativité
La passion a besoin de combustible pour grandir. Nous devons être capable de trouver une motivation, quelque chose qui nous fait rêver, qui nous identifie et dans lequel nous nous engageons. On peut y arriver en nous laissant imprégner par l’énergie de vie des autres : en partageant les mêmes loisirs, les mêmes espaces et un même projet.
- De même, il faut être conscient-e-s que la “vie de routine” est celle qui fragilise le plus notre âme. Il est clair que nous sommes obligé-e-s de suivre certaines règles, d’accomplir certaines choses. Cependant, ces routines anesthésiques abîment nos talons jusqu’à les ralentir complètement. Ainsi, dans la mesure du possible, nous devons être capables d’introduire de nouvelles actions dans notre quotidien. Des choses pour lesquelles cela vaut la peine de se lever.
- La passion est notre île refuge. Pour l’alimenter, nous avons besoin de nutriments particuliers : le sens de la curiosité et de l’enthousiasme, la gratitude, la vénération, la participation…
- Pour vivre avec passion, nous devons découvrir aussi ce qui la freine tant. Ce qui stoppe son expression, sa vitalité et quels sont les aspects qui fanent l’âme. Parfois, c’est la routine dont nous avons parlé ci-dessus, d’autres fois, ce sont des personnes qui nous empêchent de “renaître”, d’apprécier l’opportunité du moment. Il faut identifier ces “empêcheurs” de bonheur et les désactiver.
“La lâcheté nous fait plus vieillir que le temps, les années rident la peau mais la peur ride l’âme”.
-Facundo Cabral-
Le besoin de transcender
Abraham Maslow a inventé un terme dans sa pyramide des besoins : l’auto-réalisation. Quand on regroupe toutes les dimensions dont nous avons parlées précédemment avec la physiologie, la sécurité ou la reconnaissance, on arrive alors au sommet, où l’on est capable de “transcender”.
Nous parlons de cette croissance personnelle et émotionnelle où nos efforts devraient aller au-delà de l’ego. Ce potentiel créatif peut être atteint uniquement en choisissant la passion avant la peur, la rumeur de la vie et l’amour avant ces vides où la jument blanche nous entraîne dans nos craintes les plus profondes.
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