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La thérapie familiale dans la schizophrénie

7 minutes
La schizophrénie n'affecte pas seulement le patient qui en souffre : elle produit aussi un impact considérable sur son cercle de soutien. En général, il s'agit de la famille. Nous allons approfondir ce sujet ici.
La thérapie familiale dans la schizophrénie
Sergio De Dios González

Rédigé et vérifié par le psychologue Sergio De Dios González

Dernière mise à jour : 15 mai, 2023

Le rôle de la famille dans le traitement de la schizophrénie a commencé à prendre de l’importance autour des années 50. Brown a observé, dans ses études, que les patients qui retournaient dans leur environnement familial connaissaient beaucoup plus de rechutes que ceux qui vivaient seuls ou avec d’autres personnes n’étant pas de leur famille, par exemple en résidences.

Il en a donc conclu que la famille pouvait être une variable stressante. Celle-ci peut précipiter de nouvelles décompensations et forcer à développer des interventions destinées à contrôler ce stress. C’est de cette façon qu’est né l’intérêt pour la thérapie familiale dans la schizophrénie.

Brown, aux côtés de deux autres chercheurs – Birley et Wing – a ainsi crée l’entrevue Camberwell Family Interview (CFI) d’une durée de quatre heures, avec laquelle ils essayaient de prédire les rechutes des patients.

La thérapie familiale dans la schizophrénie : le concept d’émotion exprimée

Ces chercheurs ont inventé le nouveau concept d’Émotion exprimée (EE). Il se base sur 5 grandes échelles : le criticisme, l’hostilité, l’insatisfaction, la chaleur humaine et la surimplication émotionnelle. Le taux d’émotion exprimée (EE) serait déterminé en fonction du criticisme, de l’hostilité et de la surimplication.

  • Le criticisme se baserait sur ces commentaires critiques que la famille fait constamment à propos du comportement du patient
  • L’hostilité serait encore plus généralisée et impliquerait un rejet total du patient en tant que personne et pas seulement de son comportement concret
  • Enfin, la surimplication fait référence à la surprotection de la famille vis-à-vis du patient, la dramatisation de situations sans importance et le témoignage d’une grande affliction émotionnelle

On peut aujourd’hui conclure que la haute émotionnalité exprimée sur le plan familial est un facteur stressant chronique qui prédit mieux les rechutes des patients. C’est pour cette raison qu’au niveau psychologique, la thérapie familiale est devenue indispensable.

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Ce sont des thérapies qui durent généralement plusieurs années – il faut environ deux ans pour qu’elles soient efficaces. Un contact périodique est requis avec les proches. Nous allons maintenant vous présenter les principaux traitements psychologiques orientés vers la famille.

Il s’agit de modèles d’intervention qui cherchent principalement à donner des informations sur la maladie, à modifier certaines réponses émotionnelles, à réduire le contact patient-famille, à améliorer la communication, à doter les familles de stratégies valides d’affrontement et de résolution de problèmes et à offrir du soutien.

Le modèle d’Anderson

Il se base sur la théorie de la vulnérabilité et son principal objectif est la psychoéducationIl s’organise en cinq phases extrêmement structurées, dont les objectifs sont de promouvoir un climat familial adéquat, de favoriser l’adhérence au traitement, d’éviter l’isolement social et d’éviter les situations stressantes. Les phases sont les suivantes :

  • La connexion avec la famille : il s’agit d’une intervention unifamiliale à laquelle peut assister le patient. On y travaille surtout l’alliance thérapeutique, le sentiment de culpabilité, l’émotion exprimée et les stratégies de résolution de problèmes passées et présentes
  • L’atelier psychoéducatif ou le séminaire d’habiletés de survie : il a un caractère multifamilial et le patient n’y assisterait pas. Il s’agit d’un atelier psychoéducatif au cours duquel on donne à la famille des informations sur la maladie, les médicaments et l’importance de prendre soin de soi-même
  • La réintégration dans la communauté : la famille et le patient assistent aux sessions. On travaille sur la façon dont mettre en pratique tout ce qui a été appris lors des phases antérieures. Il peut y avoir des sessions routinières, téléphoniques et exceptionnelles en cas de décompensation
  • La réhabilitation sociale et professionnelle
  • La fin du traitement : on peut espacer les sessions lorsque le patient et la famille ont atteint des objectifs et on fait ensuite un suivi au fil du temps

La thérapie familiale dans la schizophrénie : le modèle de Leff

Il offre un paquet d’interventions sociofamiliales destinées à changer la haute émotion exprimée. Les principaux objectifs de ce modèle sont : réduire l’émotion exprimée et le contact avec le patient ; augmenter les réseaux sociaux de la famille ; réduire les attentes non réalistes ; améliorer la communication. Il s’organise en trois phases :

  • Le programme psychoéducatif : pour augmenter la conscientisation sur la maladie. Il a lieu au domicile familial et se fait à travers des lectures menant ensuite à un débat
  • Les groupes interfamiliaux : se fait avec des familles à faible et haute émotion exprimée pour que celles de faible émotion exprimée servent de modèle aux autres et que celles-ci puissent apprendre. La technique phare de cette phase est la solution de problèmes. On imagine différentes situations et on trouve l’affrontement le plus réaliste et efficace
  • Les groupes unifamiliaux : l’objectif est de diminuer l’émotion exprimée et le contact social. On travaille de façon unifamiliale avec le patient

Le modèle de Fallon

Il s’agit d’une thérapie comportementale. Elle trouve sa justification dans le modèle stress-vulnérabilité-affrontement-compétence.

Ce modèle est hautement structuré et directif et se base sur l’apprentissage social et le comportementalisme. Il défend l’idée selon laquelle les habiletés d’affrontement rendent la personne compétente pour relever les défis de la vie. Il s’organise en cinq phases :

  • L’évaluation comportementale de l’unité familiale : on cherche ici à analyser de façon fonctionnelle la façon dont la famille communique et résout ses problèmes. On étudie également les possibilités, besoins et déficits que présente chaque proche
  • L’éducation à propos de la maladie : ce point se base sur un format d’intervention unifamilial avec la famille et le patient, le contexte d’intervention étant le domicile. On fournit des informations sur la maladie, en combinant exposition de contenus, débat et apport d’expériences personnelles. Le style du thérapeute doit être ouvert et éloigné de toute critique ou culpabilisation
  • L’entraînement en matière de communication : il se base sur un format d’intervention unifamilial avec la famille et le patient. Un entraînement des habiletés sociales et de la communication se fait pour réduire les tensions dans le milieu familial et favoriser l’adaptation
  • L’entraînement en matière de solution de problèmes
  • Les stratégies comportementales spécifiques : il y a des problèmes qui ne peuvent pas être résolus avec l’entraînement aux solutions de problèmes de la phase antérieure. Lors de cette phase, on enseigne d’autres stratégies comportementales qui peuvent être utiles aux familles, comme : la gestion d’opérants, l’établissement de limites, des habiletés sociales, un contrat de contingences, une thérapie sexuelle et de couple, de la relaxation, du temps dehors, etc
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La thérapie familiale dans la schizophrénie : le modèle de Tarrier

Il s’agit d’un modèle cognitivo-comportemental qui cherche à apporter des réponses aux problèmes et aux besoins familiaux et à réduire l’émotion exprimée. Il cherche à doter les proches – « agents de réhabilitation » – d’habiletés de relation avec le patient. Ici, la réduction du stress familial et la façon dont la famille réagit quand ce stress se produit sont importantes. Les phases sont les suivantes :

  • Le programme éducatif : au cours d’une session, on travaille uniquement avec les proches à travers un document éducatif et on analyse les fausses croyances à propos de la maladie. Lors de l’autre session, on travaille aussi avec le patient
  • La gestion du stress et les réponses d’affrontement
  • Le programme d’établissement d’objectifs : on apprend aux proches à affronter les problèmes de façon plus constructive et à modifier les anciennes normes pour les remplacer par d’autres plus bénéfiques pour tous les membres

Conclusions sur la thérapie familiale dans la schizophrénie

La schizophrénie a longtemps été considérée comme une maladie psychiatrique avec un seul traitement possible : les médicaments. Ceci créait une sensation de manque de défense chez les patients et leurs proches. C’était comme si « tout était perdu ». Comme si le patient et sa famille n’avaient aucun contrôle sur ce trouble si dévastateur.

Grâce aux nombreuses recherches dans le champ de l’émotion exprimée, nous savons maintenant que la réalité est toute autre. La thérapie familiale dans la schizophrénie peut aider les patients à gérer leurs problèmes de façon plus positive. Elle peut aussi les aider à s’intégrer dans la société ou à communiquer plus efficacement. Par ailleurs, la famille, qui peut constituer un grand facteur de stress, peut aussi apprendre des thérapies. Et, par conséquent, avoir un effet bénéfique sur le malade et l’environnement en général.

Ainsi, une fois que le patient se trouve dans un état stable, il est nécessaire d’appliquer des traitements psychologiques avalisés de façon empirique, dans le but d’améliorer la qualité de vie des patients schizophréniques et de leur donner un espoir d’amélioration venant d’eux-mêmes et non de médicaments uniquement.

 


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  • Ruiz Jiménez, M.T., Nuñez Partido, J.P. Jódar Anchía, R y Peón Meana, R (2008). Calidad de vida y esquizofrenia. Madrid: AMAFE
  • Vallina Fernández, O. y Lemos Giráldez, S. (2000). Dos décadas de intervenciones familiares en esquizofrenia. Psicothema, 12, 671-681

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