La stratégie de blâmer les autres
Blâmer les autres est une ressource vers laquelle les enfants se tournent souvent. Leur développement cognitif et moral les empêche de comprendre l’importance du fait d’assumer la responsabilité de leurs actes et ils préfèrent plutôt éviter la punition lorsqu’ils savent qu’ils ont mal agi. Cependant, de nombreux adultes continuent d’adopter ce type de comportement dans différentes situations.
Blâmer les autres devient d’abord une habitude, puis une stratégie, chez les personnes qui ont un haut degré de narcissisme ou un manque d’autonomie. Ce comportement suppose une stagnation dans l’évolution des émotions et des valeurs. Celui qui agit ainsi souffre et fait aussi souffrir ceux qui l’entourent.
Le plus souvent, derrière cette tendance à blâmer les autres se cachent de la peur, de la colère refoulée et de la tristesse. Et tant que l’on n’applique pas des stratégies plus saines dans ses relations avec les autres, ces sentiments resteront et deviendront même plus intenses. Pour la même raison, ce n’est pas une stratégie efficace, mais, au contraire, elle multiplie les difficultés.
Les raisons de blâmer les autres
D’une manière générale, il y a deux grandes raisons pour lesquelles certaines personnes choisissent de blâmer les autres en guise de stratégie pour faire face aux conflits.
La première est le narcissisme et la seconde, le manque d’autonomie. On peut penser que ces deux aspects sont exclusifs, mais ils ne le sont pas. En fait, il est très courant qu’ils se complètent.
Il est très fréquent qu’une personne développe un narcissisme excessif en compensation d’un sentiment d’infériorité. Il y a un paradoxe. La personne croit qu’elle devrait être aimée ou reconnue, mais elle ne fait pas ce qui est nécessaire pour obtenir cet amour ou cette reconnaissance. Malgré cela, cela le dérange de ne pas l’obtenir. Enfin, il décide de blâmer les autres pour tout ce qu’il ne réalise pas.
La deuxième raison pour laquelle cette stratégie est utilisée est le manque d’autonomie. Comme chez l’enfant, il y a beaucoup de dépendance à l’égard de l’autorité et la peur de la punition. On reproche à d’autres afin d’éviter ce mauvais moment, mais cela augmente la dépendance et empêche le développement d’un sens des responsabilités.
Que gagne-t-on à blâmer les autres ?
Le comportement de blâmer les autres génère un gain apparent. Le premier d’entre eux est que l’ego reste intact. En faisant une erreur et en la reconnaissant, vous vous déclarez implicitement imparfait et donc pas toujours juste. Quand il n’y a pas d’humilité, c’est une blessure que certains egos ne tolèrent pas.
La difficulté à accepter les erreurs n’est pas le résultat d’un amour-propre excessif, mais d’une grande insécurité. Certaines personnes pensent que faire une erreur leur enlève leur valeur ou remet en question leurs capacités ou leurs mérites. Si, d’autre part, il y a de la sécurité dans ce que l’on est, une erreur est considérée comme normale et comme une source d’apprentissage.
D’autres fois, on choisit de blâmer les autres parce que de cette façon les conséquences des actes sont évitées et le prix de l’erreur elle-même n’est pas payé. C’est une façon enfantine de se soustraire à la fois à la responsabilité et à la culpabilité. Celui qui agit ainsi se cache et perd l’occasion d’apprendre de ses erreurs, de se renforcer et de grandir.
Qu’est-ce que l’on perd avec cette stratégie ?
Quiconque blâme systématiquement les autres de leurs erreurs, de leurs souffrances et de leurs lacunes, cause du tort et fait du tort aux autres. Tout ce qu’il fait en ayant un tel comportement, c’est soustraire l’authenticité et la franchise des relations. Dans ces conditions, il est très difficile de créer des liens sains ; dans un tel contexte, seules les relations toxiques peuvent se développer.
L’un des aspects qui donnent le plus de valeur à la vie consiste précisément à nouer de véritables liens intimes avec les autres. Ceux-ci assurent la sécurité, renforcent l’identité et nourrissent le courage. Les liens artificiels ou marqués par la manipulation ne font que générer le sentiment d’être plus seuls face à un monde plus menaçant.
D’autre part, celui qui renonce à assumer ses responsabilités, renonce également à grandir, tout en s’empêchant d’apprendre de ses erreurs. Cette stagnation finit par influencer les émotions et déformer la perception de la réalité. Enfin, cela mène à nourrir une posture paranoïaque et nuisible.
L’antidote à cette tendance à blâmer les autres est l’humilité. Contrairement à ce que beaucoup pensent, apprendre à assumer la responsabilité des conséquences de ses propres actions, erreurs et fautes est quelque chose qui n’affaiblit pas, mais renforce et favorise plutôt l’évolution individuelle.
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Regard, J. (2008). La manipulación: un manual de autodefensa. Grupo Planeta (GBS).
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