La rationalité après un conflit
Rédigé et vérifié par le psychologue Sergio De Dios González
Peut-il y avoir de la rationalité après un conflit ? En principe, nous pourrions penser que non. Après un conflit, penser à coopérer de façon rationnelle, même si c’est pour en tirer un bénéfice personnel, semble improbable. Et ce fait est encore plus étrange quand il se produit dans un groupe. Quand notre groupe entre en conflit avec un autre, les membres de ce groupe vont éveiller des émotions négatives en nous. Par conséquent, notre comportement va être négatif envers eux, même si cela nous est aussi nocif.
Cependant, ce n’est pas toujours le cas. Parfois, la rationalité va bien surgir après un conflit. Quand les décisions sont prises en groupe, les discussions peuvent mener à une délibération plus posée. Par conséquent, les décisions seront plus rationnelles, tout comme la décision de coopérer avec le groupe opposé.
Le conflit
L’histoire de l’évolution est pleine de conflits. Certains ont débouché sur l’usage de la violence vis-à-vis d’autres groupes. La conception d’une vie harmonieuse sans le moindre conflit est de plus en plus improbable. Par ailleurs, la violence entre groupes semble avoir favorisé certains avantages, par exemple, en termes reproductifs. L’histoire nous apprend aussi que nous n’entrons pas uniquement en conflit avec les autres groupes : nous établissons aussi des liens de confiance et de coopération. Les deux groupes en tirent ainsi des bénéfices.
“Le point de vue dans un conflit… Très souvent, il ne se limite pas à la décision qui est prise, mais à ses conséquences.”
-Luis Gabriel Carrillo Navas-
Nous nous trouvons donc face à un paradoxe au sein duquel des comportements contradictoires coexistent. D’un côté, nous retrouvons la coopération et, de l’autre, l’agression.
Après un conflit, il peut y avoir des blessures émotionnelles qui ne permettent pas sa résolution. Les parties ne parviennent pas à coopérer et se privent donc des bénéfices qu’ils pourraient avoir, sur le plan économique et sur celui des vies humaines.
La prise de décisions
Pour savoir si nous faisons preuve de rationalité après un conflit, nous devons nous en remettre à la psychologie. Plus concrètement, aux théories qui nous parlent de la prise de décisions. La théorie double affirme qu’il existe deux formes de prises de décisions :
- Les décisions prises après avoir traité l’information de façon rationnelle, posée et délibérative
- Les décisions automatiques basées sur l’expérience et les émotions passées
Dans le cas du conflit, l’autre groupe peut se transformer en stimulus qui génère, de façon automatique, des émotions négatives. Cette association nous conduit à avoir recours à la seconde forme de prise de décisions. Nous choisirons de nous fier à nos émotions et à nos expériences passées. Cependant, ce type de prise de décisions a des inconvénients : l’expérience peut ne pas être notre meilleure alliée au moment d’évaluer les conséquences de nos décisions.
“L’homme ne sera pas sage avant de résoudre toutes sortes de conflits par les armes de l’esprit et non les armes physiques.”
-Werner Braun-
Cependant, la rationalité, la première façon de prendre des décisions, est plus probable quand les personnes impliquées dans le conflit délibèrent en groupe. Quand les membres d’un groupe parlent de la meilleure décision à prendre, ils le font habituellement de façon rationnelle. Ils sont donc capables d’ignorer leur expérience et leurs émotions et d’opter pour des décisions plus rationnelles, telles que la coopération.
La rationalité après un conflit
La conclusion que nous pouvons tirer à propos de la rationalité après un conflit est que le groupe a normalement un rôle civilisateur. Même si les groupes peuvent fonctionner de manière irrationnelle et exercer une pression sur les membres au moment de prendre des décisions, ils favorisent aussi un contexte où la discussion est facilitée. Cela permet de corriger les erreurs au moment de prendre des décisions.
Ceci s’applique aux conflits actuels si nous cherchons à trouver une solution. Inviter les personnes impliquées à évaluer différentes options aura plus de chance de les mener à choisir la coopération. Ainsi, la pensée rationnelle, en tant que faculté humaine, va nous permettre d’avancer vers une meilleure société.
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