La détresse émotionnelle : la peur indéfinissable qui paralyse
Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater
La détresse émotionnelle est comme un tourbillon qui aspire tout. Elle rend ses victimes prisonnières en les remplissant de peur, d’angoisse, d’inquiétude et d’une tristesse indéfinissable… Il s’agit d’un kaléidoscope d’émotions adverses qui, en plus d’être à l’origine d’un mal-être psychique caractéristique, est associé à des symptômes physiques qui peuvent être très limitants.
Byung-Chul Han, un philosophe connu et essayiste sud-coréen expert en études culturelles, définit le monde actuel comme la société de la fatigue. S’il y a bien une chose qui prolifère parmi nous c’est bien l’anxiété et la détresse émotionnelle. Pour le docteur Han, la cause de tout cela repose sur notre culture du rendement. On nous inculque ce virus dès notre enfance en nous orientant vers la réussite, vers la solvabilité élevée que nous devons atteindre à quasiment tous les plans de notre existence.
En plus de cette pression de notre environnement, on nous introduit très tôt la culture du multitasking afin de nous démarquer et d’atteindre le triomphe. Il faut savoir faire plusieurs choses à la fois en peu de temps. C’est la loi de la jungle à cause de laquelle tout le monde ne survit pas et ne s’intègre pas efficacement. Il est d’ailleurs fréquent que certains restent coincés dans le « angst ». Ce terme allemand évoque tout ce qui est étroit, oppressant et produit de la souffrance.
« L’angoisse, de la même manière que d’autres états psychiques provoquant de la souffrance, tels que la tristesse ou la culpabilité, constitue une lutte normative de l’essentiellement humain. »
-Mario Benedetti-
La détresse émotionnelle : que m’arrive-t-il ?
Lorsque nous parlons d’angoisse émotionnelle, la même controverse fait toujours son apparition. L’angoisse est-elle synonyme d’anxiété ? Sont-elles deux conditions psychologiques différentes ? Il convient de dire qu’il y a peu, nous préférions employer le terme angoisse pour se référer à des approches d’ordre philosophiques, en les différenciant ainsi de l’aspect clinique. Soren Kierkegaard définissait par exemple cette dimension comme la peur que nous expérimentons lorsque nous nous rendons compte que notre futur est limité et que la qualité de notre vie dépend de nos choix.
Sigmund Freud pour sa part différenciait « L’angoisse réaliste » de « L’angoisse neurotique » en considérant cette dernière comme une condition pathologique. C’est une conclusion qui s’éloignait donc des réflexions purement philosophiques. Tout cela nous permet de comprendre qu’en fait, il existe deux types d’angoisses. Celle que nous pourrions définir comme étant existentielle a des caractéristiques très claires. Selon le Manuel Diagnostic et Statistique des Troubles Mentaux (DSM-5), elle apparaît souvent comme un symptôme de divers troubles psychologiques.
Voyons en suivant quelques-unes de ces caractéristiques :
- L’angoisse émotionnelle nous paralyse. En revanche, l’anxiété est généralement associée à une composante nerveuse et activatrice. L’angoisse agit comme un stoppeur vis-à-vis de l’incertitude pour favoriser le développement de quelque chose que nous pouvons contrôler ou prévoir.
- Lorsque cette ombre apparaît, la préoccupation s’intensifie et devient obsessionnelle. Les pensées catastrophiques et le désespoir font leur apparition.
- Des devoirs tels que le fait de passer un examen, devoir faire un choix, attendre une réponse ou un événement ou encore devoir affronter quelque chose qui nous paraît insurmontable génèrent bien souvent de l’angoisse.
- Des études nous signalent que certaines personnes sont davantage disposées à expérimenter de l’angoisse. La raison de cela repose dans l’univers neurochimique orchestré par les hormones et les neurotransmetteurs. Ainsi, une augmentation d’adrénaline ou une réduction de l’acide gamma-aminobutyrique (GABA) nous rend plus à même d’expérimenter cet état d’angoisse.
- La détresse émotionnelle est également associée à d’importants symptômes physiques : vertiges, problèmes digestifs, pression dans la poitrine, fatigue, tension musculaire…
Comment pouvons-nous traiter la détresse émotionnelle ?
Auparavant, poètes, écrivains et peintres canalisaient leur angoisse au travers de l’art. La majorité d’entre eux souffraient d’angoisse existentielle, cette sensation récurrente de l’être humain. Nous pourrons difficilement nous défaire de ce vide compréhensible que nous ressentons lorsque nous posons notre regard vers le futur. Cependant, lorsque cette sensation, cette émotion nous bloque et nous positionne dans le coin de la vulnérabilité, nous devons réagir.
En citant une fois de plus Byung-Chul Han, il nous rappelle que nous sommes obligés de vivre avec incertitude. L’incertitude est le lien direct de l’angoisse émotionnelle. Celui qui pense que cette condition se résout à l’aide de substances psycho-pharmaceutiques se trompe (lorsque nous sommes face à un cas extrême bien entendu). Nous avons en fait besoin d’apprendre à gérer les va-et-vient de cette société, d’améliorer l’imprévisible et de mieux faire face à ce que nous ne pouvons pas contrôler.
Pour y parvenir, différentes propositions sont à notre disposition. Des approches telles que la thérapie cognitivo-comportementale, la thérapie de l’acceptation et de l’engagement ou la thérapie cognitive basée sur le mindfulness (MBCT) peuvent nous y aider. Le bénéfice de ces dernières est multiple. D’une part, nous pouvons réduire et travailler sur notre anxiété, nos pensées négatives et les émotions adverses qui nous bloquent. D’autre part, nous atteindrons la racine du problème. Nous changerons notre vision de ce qui nous entoure pour nous sentir plus capables et nous responsabiliser personnellement dans un monde toujours complexe et toujours en demande.
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