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La blessure émotionnelle du harcèlement scolaire chez la victime et la famille

7 minutes
La blessure émotionnelle du harcèlement scolaire chez la victime et la famille
Raquel Aldana

Rédigé et vérifié par Psychologue Raquel Aldana

Écrit par Raquel Aldana
Dernière mise à jour : 14 décembre, 2021

Le texte qui sera exposé ci-après tend à exprimer la souffrance d’une famille et de leur enfant victime de harcèlement scolaire, de la façon dont l’angoisse consomment leurs journées et des conséquences les plus immédiates de ce douloureux tourment.

“Nous ne savons pas ce qui lui arrive. Il se plaint constamment de maux d’estomac et des maux de tête, il ne parvient pas à s’endormir comme avant, il se réveille angoissé la nuit et vient dans notre lit, il s’inquiète exagérément de certaines choses qui ne l’intéressaient même pas autrefois.

Il a des changements soudains d’humeur, il passe d’être très calme à se mettre intensément en colère ou à pleurer de façon éperdue. Il est même parfois rebelle lorsque nous lui disons d’arrêter de se ronger les ongles ou de se tirer les cheveux, comportements qu’il ne manifestait pas auparavant.

Quelque chose l’angoisse, mais nous ne savons pas quoi car il ne nous parle pas. Nous soupçonnons que quelque chose se passe à l’école, peut-être a-t-il trop de pression ou peut-être qu’un enfant lui pose des problèmes. Nous continuons à enquêter sur son entourage, nous interrogeons son enseignant, ses frères, les parents de ses amis, mais personne ne nous apporte d’informations. 

Il devient parfois très câlin et, bien qu’il s’agisse d’un enfant affectueux, la dépendance qu’il génère commence à nous inquiéter. Il réclame notre attention de manière excessive à certains moments de la journée et, puisque nous ne connaissons pas l’origine de ce changement, nous profitons de ce moment pour parler avec lui et essayer de comprendre quelque chose de ce qui lui arrive.

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Il se renferme sur lui-même et déclare qu’il ne veut pas parler, que ça l’embarrasse. En d’autres occasion il nous dit qu’il ne veut pas aller à l’école, que quelque chose de mauvais lui arrive. Il nous avoue finalement que des enfants le chahutent, qui l’insultent, qu’ils jouent à l’embêter et qui, à un moment donné, l’ont frappé.

Notre monde s’effondre. Nous venons de mettre un nom sur l’origine de sa douleur, de son angoisse et de son malaise. Il s’agit de ce que nous appelons harcèlement scolaire ou bullying.

Nous faisons, immédiatement, le premier pas : parler à l’école. Cette situation doit être résolue. Ces enfants doivent assumer les conséquences de leurs agissements. Notre enfant ne peut pas revivre ce qu’il a vécu. Ni le nôtre ni aucun autre.

Il est temps d’ordonner les idées et voir ce que nous pouvons faire, comment nous pouvons agir. Il est difficile dans ce genre de situations de ne pas aller directement voir les agresseurs et leurs familles. Nous savons toutefois qu’il est préférable d’éviter que l’enfant participe aux conflits et aux confrontations directes.

Par conséquent, nous attendons et tempérons, pour l’instant, nos émotions incontrôlées. Ces sentiments qui bouillonnent ne nous laissent pas penser clairement, mais en prenant un moment et en nous éloignant un peu de la situation, il est certain qu’ils pourront s’apaiser.

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Le plus important, tout d’abord, est de créer un environnement sûr pour notre enfant. Nous y travaillons déjà, nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir. L’école commencera à prendre des mesures. Les enseignants et ses amis prêteront attention à chaque mouvement et à chaque geste que les intimidateurs auront à l’encontre de notre enfant.

Ce n’est pas tout néanmoins. La blessure émotionnelle que l’intimidation a engendrée chez notre enfant est toujours là. Bien qu’il nous en ait déjà parlé, il continue à avoir peur et à être angoissé, et il refuse toujours d’aller à l’école. Que pouvons nous faire ?”

Aider un enfant à gérer les blessures émotionnelles causées par le harcèlement scolaire

Aider un enfant victime de harcèlement scolaire à gérer la blessure émotionnelle qui a été générée par la violence sociale n’est pas une tâche facile pour les familles.

  • Mettre en place un espace sûr et un environnement de confiance : il est essentiel de fournir l’assurance que les personnes qui l’entourent vont faire en sorte que rien ne lui arrive, que son entourage est tout entier de son côté et que les agresseurs subiront les conséquences de leur comportement. Cependant, même si cela peut paraître difficile, il est nécessaire d’éviter la surprotection dans la mesure où elle peut générer une boucle de dépendance qui, à terme, aura des conséquences négatives.

NOTE : Bien que le contrôle nécessaire de l’école a déjà été mis en place pour éviter le harcèlement scolaire, le refus de l’enfant de retourner à l’école peut persister. Il est important de parler avec eux que l’environnement est sûr, qu’il est bon d’aller à l’école et que reprendre les cours l’aidera progressivement à se sentir mieux. Nous pouvons faciliter le processus de réintégration (dans le cas où une pause aura été faite), en exposant progressivement l’enfant à l’environnement scolaire : rencontrer des amis, se promener près de l’école ou même, dans les cas plus graves, réintégrer les cours pendant quelques heures seulement afin que l’enfant comprenne qu’il n’y a pas de danger.

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  • Parler clairement aux enfants de leur souffrance : il est nécessaire de mettre un nom sur le mal-être et il se peut que l’enfant ne sache pas dire que ce qu’il/elle ressent est de l’anxiété, de la tristesse, de la colère ou un cocktail d’émotions négatives. La conscience émotionnelle est la première étape pour que les enfants élaborer ce qui leur arrive ou ce qui leur est arrivé. Nous utiliserons des termes appropriés à leur âge et à leur niveau de développement pour les aider à progresser dans leur compréhension. Nous ferons tout cela sans nous presser et sans les faire se sentir responsables de la présence de ces symptômes.
  • Leur enseigner des techniques de relaxation et d’autres ressources de soulagement émotionnel : il est essentiel que l’enfant développe des ressources qui lui permettent de soulager les tensions. La relaxation les aidera à calmer la tension physiologique caractéristique de l’anxiété et des émotions qui les envahissent, ce qui leur permettra d’ordonner leur esprit et d’amener à leurs pensées des images réconfortantes et positives.
  • Remplir leurs journées d’expériences positives qui leur permettront de contrebalancer la souffrance engendrée par les situations compliquées qu’ils ont dû vivre. Ces moments sont très puissants et serviront à l’enfant à attirer des pensées, des images et des souvenirs agréables lui permettant de remplacer ceux qui lui causent le mal-être.
  • Établir un plan d’action pour d’éventuelles futures situations de conflit : nous pouvons leur parler de la façon d’agir si survient une situation dans laquelle ils se sentent menacés ou bloqués. Nous devons veiller à ne pas utiliser une terminologie ou des expressions dénigrant leurs agissements antérieurs, présents ou futurs.
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  • Renforcer leurs compétences sociales : nous devrions entraîner les enfants aux compétences de gestion des conflits comme base de leur force comportementale. La communication assertive est la meilleure façon de résoudre les situations de conflit, qu’il s’agisse de harcèlement scolaires ou non ; elle aide les enfants à ne pas “se faire petit” en la présence des autres et à savoir comment à prendre des décisions favorables sans se bloquer.
  • Parler de l’importance de demander de l’aide : demander de l’aide ne nous rend pas faible ou moins capable socialement et personnellement. Il est important de transmettre ce message aux enfants, qu’ils aient ou non été victimes de harcèlement.
  • Renforcer de manière parallèle et constante leur estime de soi : il faut comprendre que les victimes de harcèlement scolaire sont des garçons et des filles qui ont vu leur identité, leur “moi”, être rabaissé. Il s’agit de la raison pour laquelle il est important de renforcer au quotidien la conception qu’ils ont d’eux-mêmes, sans tomber dans des éloges excessifs et les accompagnant progressivement.

Les enfants et les familles victimes de harcèlement scolaire souffrent grandement. Il est essentiel que les personnes entourant ces familles montrent de la compréhension et de l’empathie face à la grande douleur qui est générée dans ce type de situations. Il est également essentiel d’éduquer les enfants aux valeurs, aux valeurs de respect, de “tolérance zéro” à la violence et à la cruauté. Le meilleur moyen d’y parvenir est de traiter le sujet dès le plus jeune âge et, bien évidemment, de donner l’exemple depuis le noyau familial.

 


Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.