Hyperosmie : définition et causes
Rédigé et vérifié par le psychologue Sergio De Dios González
Imaginez-vous à quel point cela serait désagréable si vous pouviez sentir la transpiration ou le lisier bien plus intensément que d’habitude ? Ce serait un véritable supplice, n’est-ce pas ? Eh bien, c’est ce dont souffrent quotidiennement les personnes touchées par l’hyperosmie, un trouble qui se caractérise par une capacité plus développée que la normale à percevoir les odeurs que les autres ne détectent même pas.
Les personnes souffrant d’hyperosmie peuvent, par exemple, sentir l’odeur d’une fleur de lys ou du jasmin au milieu d’une montagne de poubelles, ou encore reconnaître l’odeur d’une personne à longue distance. Cela ne veut pas dire qu’elles deviennent des chiens de chasse ou qu’elles ont des pouvoirs surhumains, mais tout simplement qu’elles ont développé une hypersensibilité ainsi qu’une acuité olfactive particulière.
Hyperosmie : qualité ou trouble ?
Cette acuité olfactive présente autant d’avantages que de conséquences désagréables pour ceux qui en profitent, ou qui en souffrent. Pour certains, l’hyperosmie est une bénédiction, alors que pour d’autres, c’est une source de souffrance inépuisable. Voyons quelques exemples.
Vous vous trouvez sur le palier de votre maison, et vous sentez l’odeur d’un plat appétissant ou d’un gâteau que préparent les voisins ; le plus probable, c’est que cela vous donne faim. Cependant, si l’odeur qui vous parvient de manière si intense est désagréable, alors les choses sont différentes.
Imaginez maintenant que vous vous trouvez dans votre salon où vous vous reposez tranquillement après une dure et longue journée de travail, et que vous parviennent des odeurs de tous types sans que vous ne puissiez les éviter : le cirage à chaussures du voisin du dessus, le désodorisant des toilettes, la laque de la voisine du cinquième, ou l’huile brûlée dans une casserole. Et ce tous les jours et à toute heure. La seule chose qui pourrait vous faire envie serait alors de vivre avec une pince sur le nez.
Quand donc l’hyperosmie apparaît-elle ?
Cette pathologie se trouve dans la même dimension, bien qu’à l’opposé, que deux autres types de troubles perceptifs liés à l’odorat : l’hyposmie, à savoir la diminution de la sensibilité olfactive, et l’anosmie, ou l’absence totale de la capacité de sentir.
Parmi ces trois troubles, l’hyperosmie est la moins commune, c’est pourquoi il s’agit d’une pathologie peu étudiée. C’est précisément parce son incidence sur la population est faible qu’on connaît si mal les causes qui la produisent. En revanche, ce que l’on sait, c’est qu’il existe certains diagnostics ou facteurs de risque auxquels elle est associée tels par exemple que la ménopause, la maladie d’Addison, l’hyperthyroïdie, ou encore les altérations neuronales dues à la consommation d’amphétamines ou au syndrome d’abstinence.
Dans certains cas, cette condition finit par disparaître par elle-même : elle apparaît uniquement pendant une période de temps déterminée, et ne dure toute la vie que dans certains cas extrêmes.
L’hyperosmie joue-t-elle en notre faveur ou notre défaveur ?
Pour un parfumeur ou un sommelier, être hyperosmique est un véritable avantage. C’est le cas du protagoniste du roman et du film du même nom Le Parfum ; en effet, son hyper-perception olfactive lui a permis d’être un des meilleurs de sa profession. Cependant, pour d’autres, cela peut se transformer en une véritable agonie.
Ce trouble cause des problèmes très graves dans les environnements sociaux du fait du degré de rejet ou de mécontentement que supposent certaines odeurs pour ce type de personnes. Par exemple, en arriver à considérer sa nourriture comme quelque chose de répugnant ou son parfum fétiche comme quelque chose d’insupportable. Parfois même, les personnes hyperosmiques peuvent s’évanouir si elles se trouvent dans des espaces très fréquentés ou au milieu d’une foule, comme le métro ou le bus.
Comment l’hyperosmie disparaît-elle ?
Puisque l’on ne peut pas déterminer avec assurance son origine, les traitements visant à soigner ou en tout cas à réduire l’hyperosmie donnent lieu à des résultats contradictoires. Par exemple, on a utilisé des substances anti-psychotiques opposées à la dopamine pour traiter ce trouble ; lorsque ces neurotransmetteurs sont inhibés, moins d’odeurs arrivent au bulbe olfactif.
Grâce à des témoignages, on sait que certaines personnes hyperosmiques affirment que le fait fumer réduit également leur capacité olfactive. Mais attention ! Cette affirmation doit être prise avec des pincettes, car s’il y a bien quelque chose qui a pu être prouvé scientifiquement, c’est que le fait de fumer n’améliore pas la santé…bien au contraire.
C’est pourquoi, sans doute, la première chose que doivent faire aussi bien les personnes qui souffrent d’hyperosmie que celles faisant partie de leur entourage consiste à éviter ou à retirer les odeurs fortes pouvant résulter vraiment insupportables. Généralement, ces odeurs émanent d’aliments tels que le poisson, la viande, certaines sauces ou le café. Faute de traitement pharmacologique, il ne reste pas d’autre solution que celle consistant à réguler l’exposition.
L’hyperosmie des femmes enceintes
Curieusement, la majorité des femmes souffrant de ce type de trouble “passager” sont enceintes. C’est pourquoi, du début à la fin de la grossesse, elles présentent une hypersensibilité olfactive due, principalement, à l’augmentation de la concentration d’oestrogènes et de progestérone dans leur sang.
Par conséquent, l’odorat de ces femmes se développe, ce qui les mène à trouver répugnantes certaines odeurs qui auparavant leur étaient agréables, et vice versa. Certaines odeurs peuvent même leur donner envie de vomir. Au cours de certaines grossesses, cette altération diminue ou disparaît après le premier trimestre. Pour d’autres, elle se maintient pendant toute la période de grossesse et disparaît de manière graduelle après l’accouchement.
Il est possible que cette altération physiologique ait été héritée de nos ancêtres pour que la mère puisse reconnaître l’odeur de son propre bébé à la naissance.
Autres curieux troubles perceptifs liés à l’odorat
La dysosmie est un trouble neurologique qui cause une altération du sens olfactif. Il peut se manifester sous forme d’anosmie (précédemment évoquée dans cet article), de parosmie ou de fantosmie.
- La parosmie se traduit par une détérioration de la fonction olfactive, qui conduit à l’incapacité du cerveau à identifier correctement l’odeur naturelle ou intrinsèque de quelque chose de particulier. Par exemple, une personne souffrant de parosmie peut trouver désagréable l’odeur d’une rose, alors que généralement, il s’agit d’une odeur agréable pour la plupart des gens.
- La fantosmie est une sorte d’hallucination olfactive ; les personnes en souffrant détectent des odeurs qui n’existent pas ou qui ne sont pas là. Cette mauvaise odeur fantôme fait croire aux patients qu’ils sentent le gaz naturel, qu’il y a une fuite ou qu’ils sont en danger Nous parlons ici d’une suggestion très puissante de l’odeur en question.
La seule odeur d’une frite, aussi calorique, soit-elle, ne peut nous rassasier. Une plus grande étude de ce type de troubles, et en particulier de l’hyperosmie, est nécessaire. Pour pouvoir diminuer son impact sur les vies de ceux qui en souffrent, il est vital de comprendre pourquoi et comment elle apparaît.
Toutes les sources citées ont été examinées en profondeur par notre équipe pour garantir leur qualité, leur fiabilité, leur actualité et leur validité. La bibliographie de cet article a été considérée comme fiable et précise sur le plan académique ou scientifique
- Delegido, C., & José, M. (2016). Revisión bibliográfica de los diferentes tipos de tratamientos en el abordaje de los trastornos olfativos.
- Piñol, L. S., Ortego, J. G., & Vilar, P. B. (2015). Parosmia como debut de una Displasia Fibrosa. Acta Otorrinolaringológica Gallega, (8), 1-8.
- Ropper, A., & Brown, R. (2007). Trastornos del olfato y el gusto. Principios de Neurología, 195-202.
Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.