Fugue dissociative : l'amnésie de l'éloignement
Rédigé et vérifié par le psychologue Sergio De Dios González
Pouvez-vous imaginer ce que serait de perdre tout ou une bonne partie de vos souvenirs ? Et si nous ajoutions à cette amnésie rétrograde l’oubli des lieux qu’une personne fréquente habituellement et l’abandon de sa famille et de son travail ? Tous ces aspects constituent le cadre symptomatologique de la fugue dissociative ou psychogène.
Fugue dérive du latin fugare (“fuir”). Par conséquent, ce type de perte de mémoire provoque une fugue tant physique que personnelle. La personne s’éloigne de ce qu’était sa vie et oublie son passé. En effet, la fugue dissociative affecte les informations personnelles les plus pertinentes et autobiographiques. Qui suis-je ? Où vais-je ? Qu’ai-je pensé ? Avec qui je vais ? Comme nous pouvons le constater, le sentiment d’impuissance peut être très grand.
Il s’agit d’un type d’amnésie dissociative
La fugue dissociative est une forme d’amnésie dissociative. Elle s’oppose à l’amnésie neurologique ou organique qui sont causées par une lésion métabolique cérébrale ou une déficience. En effet, le sujet est, dans l’amnésie dissociative, incapable de se souvenir d’un événement en raison du stress élevé que la situation provoque. Autrement dit, l’origine se trouve dans un certain type de traumatisme psychologique.
Cette perte de mémoire apparaît donc parfois comme le seul moyen d’échapper à un sentiment de profonde angoisse ou de honte. De sorte qu’elle est parfois confondue avec une autre maladie simulée étant donné que toutes deux amènent la personne à échapper à ses responsabilités.
Prenons par exemple le cas d’une personne qui a commis une erreur très importante dans son travail, suscitant son renvoi immédiat. Elle s’invente une amnésie et n’avoir aucun souvenir de son erreur. Ce serait un exemple de simulation ayant pour objectif de ne pas perdre son travail. Bien que soudaine également, la fugue dissociative n’est en revanche pas simulée et très difficile à feindre.
Etat de fugue
L’une de ses caractéristiques les plus singulières et dangereuse est celle de littéralement “prendre la fuite”. La personne qui en souffre fait des voyages ou des escapades inattendues, loin des endroits habituellement fréquentés. Non par loisir ou pour le plaisir. Elle le fait car elle ne se souvient pas de son origine et rien ne lui est familier.
La chose la plus curieuse est que la personne effectue ces exodes avec un sentiment de normalité totale. Il en est ainsi car elle ne présente pas d’altérations cognitives ou de symptômes de troubles mentaux. C’est pourquoi la personne affectée n’attire généralement pas l’attention lors de l’épisode de fugue. Elle a un aspect normal et son comportement ne sort pas de l’ordinaire.
Ces personnes ne manifestent cette perte d’information passée qu’à travers une légère confusion. Elles adoptent donc parfois une nouvelle identité afin de ne pas se sentir tant désemparées.
Durée de la fugue associative
Ce type d’amnésie dissociative est normalement temporaire. Elle varie généralement entre des heures et des mois. Elle peut néanmoins durer plus longtemps. Les conséquences personnelles de l’amnésie en seront dès lors aggravées. Si cette période est courte, l’épisode affecte généralement le sujet de manière partielle. Il devra justifier son absence au travail ou donner une explication sur sa disparition soudaine. Il n’en restera normalement qu’une peur.
Si, en revanche, l’épisode dure une semaine ou plus, la personne peut se déplacer sur des milliers de kilomètres. Elle peut même commencer une nouvelle vie sans en être consciente et trouver un autre travail. Dans ce cas, l’angoisse ressentie lorsque le sujet se réveille de cet état sera d’autant plus grand. Il en sera de même du désespoir de ses proches, amis et tout son environnement. N’oublions pas que la disparition est soudaine.
Comment inverser la situation ?
Dans la majorité des cas, le patient finit de récupérer complètement la mémoire, ainsi que son identité. Dans d’autres cependant, le retour à la normalité est plus lent car les souvenirs apparaissent plus progressivement. Il existe même des cas dans lesquels les personnes touchées ne parviennent pas à récupérer certaines informations passées.
De plus, après la récupération, il existe parfois des moments de légère perte de mémoire affectant seulement ce qui s’est passé pendant la période de fugue dissociative. Un “flou” de souvenirs se produit, mais seulement pendant le temps qui empêche la personnes affectée de savoir ce qu’elle a fait ou non.
Etant consciente de son état, la personne présente un sentiment de confusion, d’angoisse, de culpabilité et de colère. A tel point qu’une dépression prolongée peut même aboutir à une tentative de suicide.
Par conséquent, la durée de la fuite dissociative détermine, en partie, sa gravité. Elle peut en effet osciller entre une simple perte de mémoire à un oubli irrécupérable du passé de manière chronique. Cette altération mentale n’est actuellement pas considérée comme un trouble en soi, mais comme un sous-type d’amnésie psychogène.
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