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Face au déterminisme mécanique : où est notre liberté ?

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Face au déterminisme mécanique : où est notre liberté ?
Gema Sánchez Cuevas

Rédigé et vérifié par Psychologue Gema Sánchez Cuevas

Dernière mise à jour : 22 décembre, 2022

Sommes-nous libres de décider ? Notre vie est-elle déterminée ? Telles sont les questions que beaucoup de penseurs et de philosophes se sont posées tout au long de l’histoire. Le libre arbitre – et ce que supposerait son existence ou son absence – fut un sujet philosophique brûlant tout au long de l’histoire : notre expérience subjective nous montre cette liberté de choix, alors que l’étude du cerveau révèle de nombreux indices indiquant à un fort conditionnement mécanique.

Le déterminisme est un postulat basé sur le fait que tous les événements physiques sont déterminés. En d’autres termes, que tout découle d’une chaîne de causes et de conséquences irrémédiables. Nous pouvons trouver de nombreux types de déterminisme : religieux, économique, génétique, etc. Nous parlerons dans cet article du déterminisme mécanique.

Le déterminisme mécanique est basé sur l’idée que l’être humain est semblable à une machine. Le cerveau serait dès lors un outil capable de collecter une série d’inputs, de les traiter et de les transformer en outputs. Et le libre arbitre serait une simple illusion formée par le fait d’ignorer les processus qui ont lieu entre l’input et l’output.

Nous explorerons dans cet article deux aspects permettant de comprendre le déterminisme mécanique : nous parlerons d’abord des principes et des raisons qui nous amènent à penser à un déterminisme ; nous parlerons ensuite du paradoxe de l’homoncule appliqué au libre arbitre.

Principes et raisons de penser à un déterminisme mécanique

Le fait de comprendre l’esprit humain comme une machine est né de la métaphore informatique de la psychologie cognitive. La psychologie cognitive ressemble, à travers cette métaphore, au cerveau avec un processeur d’information et repose sur l’idée que tout comportement humain peut s’expliquer à travers une série d’algorithmes et de processus mentaux. Il s’agit de la raison pour laquelle nous avons commencé à assimiler le cerveau humain à une machine de Turing.

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Bien que la métaphore informatique soit aujourd’hui devenue obsolète – eu égard aux nouveaux modèles connexionnistes -, elle nous a tout de même laissé une intéressante réflexion. L’avancé de la psychologie nous permet d’expliquer chaque jour davantage de processus et de démêler davantage de mystères de la psyché. Des comportements que nous imputions autrefois au libre arbitre sont aujourd’hui expliqués par une série de processus très précis.

Cela nous amène à nous interroger sérieusement sur le fait de savoir si le comportement humain n’est rien d’autre que la réponse à une chaîne de causes et de conséquences, ou s’il existe vraiment en nous un “moi” qui décide. Imaginons que nous soyons à même de connaître toutes les variables qui influencent le comportement humain et de quelle manière elles influencent, pourrions-nous prédire complètement et sans erreur le comportement de l’individu (le tien, le mien) ? La réponse à cette question semble être “oui”, mais si tel était le cas, nous serions en train de nier l’existence du libre arbitre puisque nous serions capables de déterminer l’avenir.

En outre, certaines études en matière de neurosciences nous montrent que le cerveau prend des décisions bien avant que nous en soyons conscients. Ces résultats nous amènent à nous interroger sur le pourquoi de la conscience. Il est difficile de nos jours de déterminer si notre esprit est déterministe ou non. La psychologie part cependant du principe selon lequel le comportement peut être prédit avec un certain niveau d’erreur, de sorte que le postulat du déterminisme est très utile pour la recherche.

Le paradoxe de l’homoncule et le libre arbitre

En tant que réflexion finale sur le déterminisme,nous avons souhaité nous pencher sur le paradoxe de l’homoncule. Ce dernier se présente comme une incompatibilité théorique de la psychologie avec l’existence du libre arbitre. La présentation d’un paradoxe peut souvent nous aider à entrevoir nos erreurs et à établir de nouveaux cadres cognitifs ou perspectives théoriques.

Le paradoxe de l’homoncule est basé sur ce qui suit : la psychologie considère que tout comportement ou processus mental peut être décrit et expliqué, alors que  le libre arbitre suggère que nous avons la liberté de choisir que décider. Cela nous conduirait donc à formuler l’idée qu’il doit exister “quelque chose” qui décide dans notre cerveau ; ce que nous appellerons homoncule, car il s’agirait d’une sorte d’humain, en nous, qui décide.

Maintenant, si l’homoncule est ce qui nous donne la liberté de choisir, qu’est-ce qui octroie le libre arbitre à ce dernier ? Nous pourrions dire qu’à l’intérieur de cet homoncule il existe un autre homoncule qui décide ; mais, si nous l’expliquons de cette manière, nous tombons dans une infinité paradoxale d’homoncules. Nous assimilerions l’esprit humain aux poupées russes.

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Le déterminisme mécanique présente un paradigme utile pour interpréter la réalité psychologique. En outre, il semble que les preuves que nous rencontrons, ainsi que les incompatibilités théoriques, nous amènent à suivre leur direction. Nous ne devrions néanmoins pas être trop confiant, le plus probable étant que la réalité soit beaucoup plus complexe et qu’elle ne se situe dans aucun des extrêmes (déterminisme et libre arbitre) qui dessinent le continuum.


Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.