Désensibilisation systématique ou exposition ?
La désensibilisation systématique et l’exposition sont des techniques que l’on utilise fréquemment en psychologie. En général, on suppose qu’elles sont utiles pour mettre la personne en contact avec le stimulus qui lui fait peur ou lui cause de l’anxiété, afin de réduire celle-ci.
Elles peuvent donc être des techniques particulièrement utiles pour traiter les troubles anxieux. D’ailleurs, elles fonctionnent particulièrement bien dans les phobies. On les utilise également contre les troubles de l’humeur ou les troubles obsessionnels compulsifs.
Comme l’anxiété est une émotion presque constante dans tout trouble mental, ce sont deux techniques très polyvalentes. Cependant, les limites que l’une présente peuvent être couvertes par l’autre. Par exemple, c’est le cas pour le problème de l’abandon ou du refus d’être exposé par le biais de l’exposition de prévention de la réponse.
Ainsi, la désensibilisation et l’exposition systématiques sont actuellement les grandes techniques pour éliminer la peur par la peur elle-même.
Qu’est-ce qu’une désensibilisation systématique ? Qu’est-ce qu’une exposition ?
La désensibilisation et l’exposition systématiques ont pour but de faire cesser la crainte d’un stimulus. Qu’il s’agisse de parler en public, dse serpents ou d’attentes anxieuses face à l’avenir. L’objectif est de faire en sorte que ce stimulus ne soit plus dangereux pour la personne.
La désensibilisation systématique (DS) vise à établir une association entre les stimuli qui ont provoqué auparavant une réaction d’anxiété et les réactions de la personne qui sont incompatibles avec cette anxiété. Elle cherche donc à obtenir un contre-conditionnement, en rompant le lien entre les stimuli.
L’exposition, ou l’exposition avec prévention de la réponse (EPR), vise à empêcher la personne d’éviter ou de fuir le stimulus phobique ou anxieux. Au final, les comportements qui fonctionnent toujours comme des comportements de sécurité disparaissent. Ainsi, les patients cessent d’entretenir l’anxiété qui en émane, et celle-ci finit par disparaître.
En quoi la DS et l’EPR sont-elles différentes ?
Il est assez courant de penser que la grande différence entre la désensibilisation systématique et l’exposition préventive est la manière dont elles sont appliquées. Et ce n’est pas faux.
Par exemple, dans le cas de la DS, comme nous l’avons déjà dit, on cherche à mettre en place un processus de contre-conditionnement comprenant des techniques de relaxation. Si la personne montre de l’anxiété face à un stimulus, l’objectif est qu’elle s’arrête et se détende, puis de lui présenter à nouveau le stimulus. Cependant, les processus inhérents aux techniques ne sont-ils pas les mêmes ? La DS n’est-elle pas une exposition utilisant des techniques de relaxation ?
Ce qui différencie les deux techniques est le processus d’apprentissage. Dans le cas de la désensibilisation systématique, il y a, comme nous l’avons déjà mentionné, un processus de contre-conditionnement. Dans le cas du développement durable, on parle d’un processus d’extinction.
Le modèle de Van Egeren a la solution
Van Egeren (1970) présente quatre phénomènes selon deux dimensions : l’inhibition réciproque et le court ou le long terme.
Dans les quatre modalités, les niveaux d’anxiété face à un stimulus anxieux diminuent. Pour autant, les processus d’apprentissage inhérents aux quatre sont différents. En effet, dans deux cas, il s’agit de processus d’apprentissage (à long terme), tandis que dans les deux autres, il s’agit de processus psychophysiologiques (à court terme).
L’inhibition réciproque fait référence à l’utilisation d’un élément incompatible avec le sentiment d’anxiété. Par exemple, une technique de relaxation ou une respiration contrôlée. Cela apparaît dans la désensibilisation systématique, mais pas dans l’exposition.
Ainsi, Van Egeren a fait valoir que les stimuli peuvent cesser d’être anxieux ou phobiques grâce à des processus :
- Habituation : lorsqu’il n’y a pas d’inhibition réciproque, c’est-à-dire lorsqu’aucune stratégie de relaxation n’est mise en place, il peut arriver qu’à court terme la personne s’habitue au stimulus anxieux. Cela ne signifie pas que, si ce stimulus apparaît à nouveau, la réponse anxiogène n’aura pas lieu. L’accoutumance se produit à court terme. C’est pourquoi il s’agit d’un processus psychophysiologique, et non d’un processus d’apprentissage
- Inhibition réciproque : de même, à court terme, l’inhibition réciproque peut être utilisée pour abaisser le niveau d’anxiété. Toutefois, tout comme l’accoutumance, cela ne signifie pas que lorsque ce stimulus se présentera à nouveau, la personne ne ressentira pas d’anxiété
- Extinction : l’extinction se produit à long terme et lorsqu’il n’y a pas d’inhibition réciproque. Dans ce cas, la personne est exposée au stimulus anxiogène sans pouvoir adopter un comportement sûr ou une inhibition mutuelle. C’est le processus d’apprentissage de l’exposition : exposer jusqu’à l’extinction
- Contre-conditionnement : il a également des effets à long terme et, s’il fonctionne, sur du long terme. C’est le processus d’apprentissage de la désensibilisation, comme nous l’avons déjà mentionné
La DS est pavlovienne et l’EPR opérante ?
Certaines personnes tentent de faire la différence entre la désensibilisation systématique et l’exposition en arguant que la première est pavlovienne et la seconde opérante.
Quand nous disons qu’elle est pavlovienne, nous voulons dire que la DS traite des stimuli conditionnés. Un exemple de stimulus conditionné pourrait être une voiture, la réponse conditionnée étant l’anxiété face à un éventuel accident. Dans ce cas, il n’y a ni renforcement ni punition pour maintenir un comportement.
Cependant, l’exposition peut également s’occuper des stimuli pavloviens et pas seulement des opérants. Elle est utile pour les opérateurs car dans l’exposition, l’objectif est d’éviter tout comportement de la personne qui renforce l’anxiété.
Par exemple, lorsqu’une personne ayant la phobie du bus évite ce moyen de transport, elle renforce l’anxiété que génère le bus. Dans l’exposition, la personne n’est pas censée s’enfuir ou éviter le bus. Elle est censée y monter, et le comportement inverse n’est pas renforcé.
L’exposition peut également conduire à des stimuli et des réponses conditionnés. Dans l’exemple précédent, une personne peut être exposée à une voiture, sans aucun type d’inhibition ou de détente réciproque, afin qu’elle puisse vérifier que l’accident n’a pas eu lieu.
Quelle technique dois-je utiliser alors ?
L’exposition est utilisée dans divers troubles de l’anxiété. Il s’agit actuellement de l’intervention comportementale privilégiée pour le traitement des troubles obsessionnels compulsifs. Elle a également été utilisée dans le cas de phobies spécifiques, telles que l’agoraphobie ou la phobie sociale.
La désensibilisation systématique, par contre, est surtout préconisée pour le traitement des phobies ou des troubles où l’anxiété est un élément important. Il peut s’agir de troubles alimentaires, de dysfonctionnements sexuels, d’insomnie, d’alcoolisme… Elle est également recommandée pour réduire la peur et la tension ressenties par certains patients asthmatiques face à leur crise.
La DS est également utile lorsque l’exposition en direct ou l’EPR est problématique : un homme dont le niveau d’anxiété l’empêche de réaliser l’exposition (auquel cas des techniques de relaxation peuvent être appropriées), ou des expositions difficiles à appliquer comme dans le cas d’une phobie de l’avion.
Certains auteurs, en revanche, comprennent que la désensibilisation systématique présente également un processus d’extinction et non de contre-conditionnement. Ils suggèrent que toute technique qui fait que les sujets sont exposés à des stimuli de peur en l’absence de conséquences aversives serait aussi efficace que la DS pour éliminer les réactions de peur.
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