Logo image
Logo image

Comment une enfance difficile affecte-t-elle les relations entre adultes ?

5 minutes
Presque personne sort indemne d'un traumatisme de l'enfance. Ces cicatrices du passé continuent de faire très mal et, souvent, elles conditionnent de bien des façons nos relations dans le présent. Nous approfondissons ici le sujet.
Comment une enfance difficile affecte-t-elle les relations entre adultes ?
Valeria Sabater

Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater

Écrit par Valeria Sabater
Dernière mise à jour : 15 novembre, 2021

Insécurité, dépendance affective, faible estime de soi, liens abusifs… À l’heure de se demander comment une enfance difficile affecte les relations adultes, il convient de noter qu’il n’y a pas de réponse unique. La marque que laisse la maltraitance, les abus, l’abandon ou le manque d’affection est complexe, profond et très particulier dans chaque esprit.

Dans la plupart des cas, les personnes sont touchées par l’ombre du syndrome de stress post-traumatique (TSPT). Chaque expérience de l’enfance est cruciale pour le développement émotionnel. Tout ce que nous vivons laisse non seulement marque, mais établit également les bases de notre bien-être psychologique ou de notre vulnérabilité mentale.

Comme le soulignait Agatha Christie, la meilleure chose qui puisse nous arriver dans la vie est d’avoir une enfance heureuse, paisible et enrichissante. Cela n’est malheureusement pas toujours le cas. Beaucoup d’hommes et de femmes portent en effet en eux un passé en morceaux et des blessures ouvertes qui conditionnent complètement leur présent.

“Certaines images de l’enfance restent gravées dans l’album de l’esprit sous forme de photographies, de scénarios auxquels on revient toujours et dont on se souvient, indépendamment du temps qui passe.”

-Carlos Ruiz Zafón-

Some figure

Les conséquences d’une enfance difficile dans les relations adultes

Les traumatismes de l’enfance sont plus courants qu’on ne le pense. Des études comme celles menées en collaboration avec certaines organisations comme l’Université de Zurich, l’Université du Vermont et l’Université du Commonwealth de Virginie, indiquent un fait aussi frappant que choquant : environ 60 % des enfants participants ont vécu un événement traumatisant.

Le chiffre est sans aucun doute très élevé. Il faut toutefois garder également à l’esprit la grande variabilité des événements indésirables pouvant être vécus pendant les premières années de vie : l’abandon d’un parent, la mort de l’un d’entre eux, le fait d’être témoin de violence familiale, de souffrir d’abus, de violence psychologique, de manque d’affection, de bullying, etc.

Cette étude souligne également qu’une enfance difficile laisse une marque compliquée à porter tout au long du cycle de vie. Le risque de souffrir d’un trouble psychiatrique est important. Il en va de même de la difficulté d’établir des liens avec les autres.

Tout cela nous amène à nous demander comment une enfance difficile affecte les relations adultes ? Voyons cela ci-après.

Si vous ne savez pas qui vous êtes, vous ne savez pas ce que vous voulez

Les fondements de notre identité se développent dans notre enfance et notre adolescence. Il est vrai qu’ils continueront à mûrir jusqu’à l’âge adulte.

Nous devons toutefois ériger de solides piliers solides reposant sur la sécurité. Il est important d’avoir confiance en soi et les autres, de se sentir capable, enthousiaste et d’être entouré de personnes qui nous offrent un attachement solide.

Grandir en se sentant menacé affecte le développement cérébral. Le fait de ressentir de l’angoisse tôt fait obstacle à notre opportunité d’établir une identité sûre, forte et optimiste.  Tout cela rendra difficile la construction de relations de qualité, car nous ne saurons pas avec certitude ce que nous voulons vraiment.

Un sentiment de vide que personne ne peut combler et des relations destructives

Les personnes qui ont eu une enfance difficile ont un point en commun : un sentiment de vide. Elles atteignent souvent l’âge adulte avec le sentiment que quelque chose ne va pas, que quelque chose fait défaut en elles. Ainsi, et presque sans s’en rendre compte, elles espèrent que les autres apaiseront ce sentiment et combleront ces vides créés par une enfance difficile.

Il est donc très difficile d’établir des relations solides et satisfaisantes. Généralement, elles attendent tout des autres et finissent par être blessées et frustrées.

Parce que ceux qui ont subi des traumatismes dans leur enfance établissent souvent des relations destructrices à l’âge adulte. Ils finissent par tolérer les manipulations, les tromperies, les amitiés qui font mal… Tant que cela comble leur vide émotionnel.

Les troubles de l’attachement : soit j’évite, soit je m’obsède

L’un des effets d’une enfance difficile est l’altération du processus attachementIl est sain d’établir un attachement mature et sûr avec lequel se lier à quelqu’un à travers une bonne estime de soi, être capable d’aimer sans peur et sans ce besoin qui restreint les libertés de l’autre.

Les altérations de l’attachement lors de l’établissement de liens affectifs sont courantes lorsque nous avons vécu un traumatisme dans l’enfance. En règle générale, les dynamiques suivantes apparaissent :

  • Attachement évitant. Nous préférons conserver notre indépendance pour ne pas subir de nouvelles blessures. Le manque de confiance, l’incapacité de s’ouvrir à l’autre et la claire impossibilité d’aimer pleinement caractérisent cet attachement. La froideur est la ressource que la peur utilise pour éviter de souffrir à nouveau.
  • Attachement anxieux. Cette typologie est exactement le contraire de l’attachement évitant. Il y a un grand besoin de créer des liens avec l’autre. Cette dépendance est si grande que loin de vivre le bonheur, la personne ressent de la peur. Elle a peur d’être abandonnée, peur de ne plus être aimée, de ne pas être comme les autres veulent ou souhaitent…
Some figure

Enfance difficile et un faux soi qui déforme tout

Quand nous sommes enfants et que nous aspirons à ce que nos parents nous aiment, prennent soin de nous et nous voient, nous essayons de faire tout ce qu’il faut pour leur plaire, pour attirer leur attention. Nous finissons par créer un faux moi qui désire simplement qu’on l’apprécie, le valorise et l’aime.

Ce mode désespéré s’intègre alors progressivement en nous, de sorte que nous l’utilisons dans presque toutes les situations. Nous mettons de côté une partie de notre être pour nous faire des amis, pour être visibles aux yeux des autres, pour faire que ce conjoint nous aime alors que nos parents nous aimaient pas.

Le faux moi peut parfois fonctionner pour nous, mais il arrive un jour où le moi authentique crie et hurle depuis le silence. À l’intérieur, se trouvent la colère, la frustration, l’angoisse et une profonde tristesse. Toute cette accumulation d’émotions sous-jacentes finira par émerger.

Pour conclure, la réponse à la question initiale peut se résumer en un mot : le malheur. Il n’est pas facile de se développer dans notre peau d’adulte lorsque l’on porte en nous un enfant blessé que nous n’avons pas suffisamment soigné. Il faut donc gérer ce traumatisme pour avancer et atteindre l’équilibre et le bien-être.


Toutes les sources citées ont été examinées en profondeur par notre équipe pour garantir leur qualité, leur fiabilité, leur actualité et leur validité. La bibliographie de cet article a été considérée comme fiable et précise sur le plan académique ou scientifique


  • Dye, H. (2018). The impact and long-term effects of childhood trauma. Journal of Human Behavior in the Social Environment28(3), 381–392. https://doi.org/10.1080/10911359.2018.1435328
  • Estévez, A., Chávez-Vera, M. D., Momeñe, J., Olave, L., Vázquez, D., & Iruarrizaga, I. (2018). The role of emotional dependence in the relationship between attachment and impulsive behavior. Anales de Psicologia34(3), 438–445. https://doi.org/10.6018/analesps.34.3.313681
  • Vargas, T., Lam, P. H., Azis, M., Osborne, K. J., Lieberman, A., & Mittal, V. A. (2019, October 24). Childhood trauma and neurocognition in adults with psychotic disorders: A systematic review and meta-analysis. Schizophrenia Bulletin. Oxford University Press. https://doi.org/10.1093/schbul/sby150

Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.