Comment se construit la personnalité d'un agresseur?
Rédigé et vérifié par le psychologue Sergio De Dios González
Beaucoup de dommages et de morts sont provoqués par des agressions. Il est donc important de continuer à mener des recherches sur ce thème. Ainsi, comprendre comment l’on parvient à la violence dans une relation de couple -et dans d’autres domaines- implique de savoir comment se construit la personnalité d’un agresseur et quelle peut être son expérience dans cette relation.
Les données révèlent qu’être l’objet ou le témoin de violence ne veut pas automatiquement dire que ce témoin sera violent dans le futur. Cependant, les études nous disent quand même qu’une grande partie des agresseurs ont effectivement des antécédents de violence familiale (54%), ce qui justifie une intervention psychologique.
La personnalité d’un agresseur commence dans l’enfance et au cours de l’adolescence
L’attachement renvoie à la façon dont nous nous lions au monde et plus particulièrement aux figures affectives. Dès notre plus jeune âge, et face à n’importe quelle menace, notre système d’attachement s’active. En d’autres termes, face à la peur, nous recherchons cette sensation de sécurité que nous offre la compagnie de nos figures de référence.
Par ailleurs, si, face à la menace, le corps maintient une activation active pendant un long moment, il est probable que cette énergie finisse par se transformer en agressivité. Ici, la violence a pour fonction d’attirer l’attention de la figure de référence pour qu’elle nous aide.
Il semblerait que les agresseurs de type borderline et les antisociaux aient un attachement insécure qui caractérise leur façon de se lier, surtout avec leurs figures affectives. Quand ce type d’attachement insécure est uni à une exposition à la violence et à l’humiliation, un trouble de la personnalité se développe avec des comportements violents.
Selon Dutton (2003, 2007), le résultat de ce conglomérat est une “identité diffuse”. Dans ces cas, la violence et la distanciation émotionnelle se rétroalimentent dans un cercle vicieux qui détruit la relation.
Quels sont les antécédents des agresseurs?
Comme nous le savons, les expériences avec nos figures de référence sont déterminantes au niveau de notre personnalité. Selon Dutton (2003), il existe différents antécédents par rapport aux expériences familiales des agresseurs et aux séquelles psychologiques et psychiques qui en résultent :
- Rejet et humiliation : faible estime de soi, colère/rage, culpabilité, manque de régulation affective… Ces personnes ont tendance à être violentes et à maltraiter sur le plan émotionnel.
- Attachement insécure: beaucoup de jalousie et d’envie de tout contrôler. La rage devient plus intime.
- Victime et/ou témoin de maltraitance physique : ces personnes se souviennent de patrons de violence. Elles n’ont pas de stratégies positives pour solutionner des problèmes, font preuve d’une faible empathie vis-à-vis des victimes de violence… Elles ont tendance à maltraiter les autres.
- Rejet, humiliation, attachement insécure : la violence se concentre dans les relations intimes.
- Rejet, humiliation, attachement insécure, victime et/ou témoin de maltraitance physique : l’intégrité de l’ego de la personne dépend de la relation. Elle cherche donc à contrôler, à maltraiter et à poursuivre les autres.
La peur du bourreau (agresseur) d’être abandonné le mène à un besoin de contrôler et de faire du mal. Lorsque l’agresseur affiche des comportements agressifs en plus de comportements d’attention, ces derniers renforcent en quelque sorte son rapprochement avec la victime. Cela débouche sur un type de relation connu sous le nom de “lien traumatique” ou “syndrome de Stockholm” (Graham et al., 2001; Loue, 2002).
Le rôle des valeurs dans la violence
Le jeune avec un attachement insécure développe un système de valeurs qui justifie sa vision du monde et ses relations de couple. Ces valeurs sont transmises à travers la socialisation, que ce soit au niveau de la famille, d’un groupe d’amis, de l’école, de films… Les valeurs ne se trouvent pas seulement dans la micro-culture, elles sont aussi présentes dans la culture générale. Les principales valeurs liées à la violence de genre seraient les suivantes :
- Supériorité de l’homme: le mythe de Superman, l’homme en tant que modèle, la tolérance par rapport à la promiscuité de l’homme et le contrôle du couple, le droit d’exiger des services domestiques de la femme, etc.
- Des moyens de comprendre la violence: la mauvaise humeur provoque de la violence, les hommes sont jaloux par nature, casser des choses n’est pas une marque d’agression, il n’y a parfois pas d’autres alternatives, l’homme ne peut pas changer la relation si sa conjointe ne change pas, etc.
- Conception de la femme: les femmes sont manipulatrices, elles voient les hommes comme des sources d’argent, les féministes haïssent les hommes, aiment qu’on les domine, sont aussi violentes que les hommes, etc.
6 explications données par les agresseurs pour avoir recours à la violence domestique
Selon Holma et al. (2006), les agresseurs s’appuient sur six justifications récurrentes pour expliquer leur violence. Les voici:
- La violence est naturelle
- La violence est liée à certaines lacunes de l’agresseur pour gérer des situations difficiles
- Le sentiment d’être acculé.
- Le sentiment d’être agacé par son conjoint
- Une perte de contrôle temporaire
- Une justification qui se base sur un passé traumatique, une accumulation de stress, etc.
Il est important de comprendre qu’il ne s’agit pas de gagner une bataille contre l’agresseur. Il s’agit de se respecter soi-même. Tout type de violence est douloureux et touche notre auto-estime. Une grande partie du travail avec les victimes de violence consiste donc à accumuler des preuves et des expériences qui renforcent la récupération de confiance et d’estime de soi. La victime doit finir par atteindre cette sensation de liberté que donne le sentiment de contrôle.
Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.