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La vie est belle, ou comment surmonter les adversités

7 minutes
La vie est belle, ou comment surmonter les adversités
Sergio De Dios González

Rédigé et vérifié par le psychologue Sergio De Dios González

Écrit par Leah Padalino
Dernière mise à jour : 22 décembre, 2022

La vie est belle, c’est probablement le film italien le plus reconnu au niveau international. Le scénario, la bande son et les interprétations des acteurs en font un film inoubliable, capable de nous faire rire et pleurer, mais aussi de nous faire ressentir une infinité d’émotions. Finalement, il s’agit là d’un chef-d’oeuvre cinématographique sorti en 1997 chargé de messages, dont la production et le premier rôle sont signés Roberto Benigni.

Ce film est inspiré de l’oeuvre Alla fine ho sconfitto Hitler de Rubino Romeo Salmoni, un survivant d’Auschwitz qui narre son expérience dans ce livre. Le film porte sur l’histoire de Guido Orefice, un judéo-italien qui a déménagé à Arezzo pour travailler dans l’hôtel de son oncle. Rapidement, il rencontre Dora, une professeure venant d’une famille aisée proche du régime fasciste. Guido fait tout son possible pour conquérir Dora, et tentera de la surprendre de toutes les manières possibles.

“Bonjour, princesse.”

-Guido, La vie est belle-

Finalement, l’amour triomphe, et Guido et Dora ont un enfant, Giosuè. La vie semble sourire à Guido. Cependant, la Seconde Guerre Mondiale vient détruire sa vie : lui et sa famille finissent dans un camp de concentration.

La vie est belle nous dépeint une Italie soumise au fascisme, ainsi que les horreurs des camps de concentration. Mais il le fait d’une manière différente, en nous présentant cette histoire comme une sorte de compte à la fin aigre-douce.

“C’est une histoire simple, mais il n’est pas facile de la raconter. Comme dans une fable, il y a de la douleur, et comme dans une fable, elle est pleine de merveilles et de bonheur.”

Giosuè, La vie est belle-

Some figure

La vie est belle, du comique au tragique

La vie est belle commence sur un ton joyeux, comique et amusant ; de fait, dans les premières scènes, nous devinons facilement que nous sommes face à un drame, car on pressent bel et bien dès le départ la montée du fascisme en Italie.

Le comique dans La vie est belle se trouve dans les petits détails, les petits instant. Cependant, ce qui est vraiment intéressant, c’est de voir comment d’une situation désagréable et effroyable, on parvient tout de même à sourire.

Du fait de cette idéologie fasciste qui dominait à cette époque, le Manifeste de la race a été publié en 1938, texte signé par des scientifiques italiens qui donnaient crédit à l’existence de races humaines. Ces races se divisaient en petites et grandes races, où la race arienne était, bien sûr, la grande race. Une race pure italienne. Ces idées couplées aux lois raciales fascistes étaient inculquées dans les écoles afin d’empêcher les enfants ariens de s’unir avec des juifs, et ainsi de ne pas altérer leur “pureté”.

Est-il possible qu’un juif transgresse ces lois raciales ? Est-il possible qu’un juif démonte toute une théorie fasciste en un instant face à un groupe d’enfants ? Oui, c’est possible, ou du mois dans La vie est belle.

Guido se fait passer pour un inspecteur du ministère qui doit donner un cours aux enfants sur le Manifeste de la race. En réalité, le but de Guido est d’attirer l’attention de Dora, mas ce que démontre cette scène, c’est que nous sommes tous égaux.

Guido présente son nombril comme un véritable nombril italien, de même que ses oreilles, etc. Les enfants, en voyant cela, l’imitent et rient. Ainsi, Guido parvient à démystifier ces “différences”, comme les appellent le manifeste : Guido est juif, et ne présente aucune caractéristique physique qui le distingue de ces enfants italiens “purement ariens”.

Cette scène, sans aucun doute, nous fait tous sourire, mais c’est un sourire jaune si on tient compte du véritable sens qu’a ce cours, ce qui supposait pour ces enfants d’écouter un maître du ministère leur parler des races humaines.

Guido se moque de toutes ces croyances, démonte l’idéologie raciste avec des commentaires ingénieux et amusants. Il s’agit d’un personnage qui nous conquiert dès le début, il est décontracté, très créatif, et sa lutte pour conquérir Dora nous fascine. Rien ne l’arrête, même pas le fascisme.

“Cette nuit, j’ai rêvé de toi, on allait au cinéma, et tu portais cette robe rose qui me plait tant.”

-Guido, La vie est belle-

La vie de Guido et de sa famille est brisée par l’Holocauste ; Guido, son fils et son oncle sont déportés dans un camp de concentration. Dora, italienne et non juive, n’est pas obligée d’y aller, mais elle décide de le faire volontairement pour essayer de rester avec sa famille.

A partir de ce moment-là, le film prend un tournant radical ; d’un ton joyeux et décontracté, on passe vers un ton plus tragique. Mais Guido ne perd pas le sourire un seul instant, et tente toujours de lutter pour sa survie ainsi que celle de sa famille. Il commence à inventer une histoire qui évitera au petit Giosuè de souffrir.

Some figure

La lutte et le sacrifice de Guido

Une phrase, une croyance ou une idée peuvent faire que le monde d’une personne change complètement, que notre façon de voir la vie ne soit plus la même et que tout prenne du sens. Ferruccio, un ami de Guido, lui dit au début du film que selon Schopenhauer, “si on veut, on peut”. Cette phrase marquera Guido pour toujours. Au départ, il y fait référence de manière comique, mais avec le temps, on se rend compte qu’il s’agit bel et bien de son mode de vie.

Guido a un seul but : il veut survivre, mais surtout, il veut que son fils survive. Il luttera jusqu’à la fin, essayant de faire en sorte que son fils ne perde jamais le sourire, qu’il soit heureux au beau milieu de l’enfer. Il sacrifiera sa propre sécurité pour que son fils ne voit pas les horreurs du camp de concentration, et fera tout son possible pour retrouver Dora et lui envoyer des signaux afin qu’elle sache que lui et Giosuè sont en vie.

Guido est un exemple de lutte et de dépassement face aux adversités. Sa grande imagination et sa volonté le mènent à croire en une fausse réalité pour que son fils ne soit pas conscient de ce qu’ils sont en train de vivre. Il lui fait croire que tout est un jeu, qu’ils sont libres et qu’ils peuvent s’en aller quand ils veulent, mais que s’ils tiennent bon et qu’ils réussissent à gagner mille points, ils gagneront une récompense : un tank, ce que Giosuè a toujours rêvé d’avoir ; ainsi, grandit en Giosuè une volonté de vivre.

Some figure

Guido ne sait pas s’ils survivront, il ne sait pas combien de temps ils devront rester dans le camp, mais sa rage de vivre est plus forte que n’importe quelle incertitude. Il refuse de se montrer dévasté, triste ou dénué de toute envie de vivre devant son fils. La vie est belle nous montre que le bonheur, parfois, réside en notre façon de voir la vie, d’accepter et de faire face aux adversités.

Malgré la grande extermination qui a eu lieu dans les camps de concentration, il y a aussi eu des survivants, des personnes qui ont réussi à affronter la torture, la faim et l’injustice. Par exemple, le psychiatre Viktor Frankl qui, après avoir survécu dans un camp de concentration, a publié le livre Retrouver le sens de la vie. Cette oeuvre nous expose son expérience et cite une célèbre phrase de Nietzsche qui peut très bien résumer le message de La vie est belle : “quiconque a une raison de vivre peut faire face à n’importe quel problème.”

La vie est belle est un exemple de dépassement, il nous fait voir la beauté dans l’horreur et la liberté là où elle n’est pas, il nous fait rire et pleurer… Guido a une raison de vivre, une volonté de fer, et il parvient ainsi à insuffler cette sensation chez son fils. De fait, malgré la cruauté du film, nous pourrions affirmer que sa lutte et son effort ont été récompensés.

“Telle est mon histoire, tel est le sacrifice qu’a fait mon père, tel a été son cadeau.”

-Giosuè, La vie est belle-

 


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  • Frankl, V. (2004). El hombre en busca de sentido. El hombre en busca de sentido, 9-157.
  • Türcke, C. (2002). La vida és bella. L’amor fati de Nietzsche en el cinema. Enrahonar: an international journal of theoretical and practical reason, 111-117.

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