Une brève histoire des neurosciences
Rédigé et vérifié par le psychologue María Vélez
Au Ve siècle av. J.-C., Alcméon de Crotone, après avoir découvert les nerfs optiques au cours de ses dissections, commence à penser que le cerveau est le lieu où résident les pensées et les sensations. Face à cette pensée avancée, par exemple, Aristote défendait que les processus intellectuels avaient lieu dans le cœur. Ainsi, pour lui, le cerveau se chargeait de refroidir le sang que cet organe surchauffait.
Plus tard, la théorie hippocratique ou humorale a été développée ; après son développement, on a pensé le corps comme fonctionnant sous l’équilibre de quatre liquides. Selon cette ligne de pensée, un déséquilibre dans les proportions de ces liquides entraînerait le développement d’une maladie ou une altération de la personnalité. Ainsi Claude Galien, analysant la dureté du cervelet et du cerveau, a défendu que ce dernier était celui qui traitait les sensations et traitait la mémoire.
Participant à ce long débat qui traverse l’histoire de la pensée humaine, René Descartes, entre les années 1630 et 1650, répand lui la théorie mécaniste. De plus, il établit la dualité corps-âme, dans laquelle le cerveau serait le maître du comportement. De plus, il imagine que la glande pinéale est la route qui permettrait à ces deux dimensions de communiquer. C’est ainsi qu’il s’est imposé comme le père de ce débat cerveau-esprit qui préoccupe encore aujourd’hui de nombreux neuroscientifiques.
Les neurosciences au XIXe siècle
Localisationnisme
En 1808, Franz Joseph Gall publie une étude sur la phrénologie. Il y affirme que tous les processus mentaux se produisent dans le cerveau et ont une zone spécifique pour chacun. Ce localisationnisme a rendu la recherche sur le mental encore plus centrée sur cet organe. Parmi ses résultats, Korbinian Brodmann a décrit cinquante-deux régions du cerveau, avec leurs processus mentaux associés.
Au XIXe siècle, la majorité des penseurs estimaient que le développement de certaines capacités correspondait à une augmentation du volume de la zone cérébrale associée. C’est ainsi qu’est née une vision dynamique du cerveau, comprenant que l’organe adaptait sa configuration physique aux exigences de l’environnement, en réservant une plus grande place aux capacités les plus nécessaires.
De cette façon, on croyait que les capacités intellectuelles et morales pouvaient être reconnues par la forme et la taille des têtes. Ces scientifiques ne possédaient évidemment pas des techniques de neuro-imagerie dont nous disposons actuellement.
Connectivisme
Plus tard, en 1861, Broca a présenté à la Société anthropologique de Paris le cas d’un patient ayant perdu la parole, mais pas la capacité de comprendre, après une blessure dans une zone qui porte maintenant son nom. Cela a provoqué un grand enthousiasme intellectuel. Il s’agissait du premier test de la relation entre le cerveau et le langage.
Complémentairement, en 1874, Wernicke a décrit certains de ses patients qui pouvaient parler, mais pas comprendre. Cela a apporté une nouvelle perspective à l’étude du cerveau, le connectivisme. Ce courant proposait alors que seules les fonctions les plus basiques se limiteraient à certaines zones du cerveau, alors que les fonctions complexes seraient le résultat de l’interaction de plusieurs zones localisées.
Curieusement, en 1885, les premières publications sur la mémoire ont été faites par la main d’Ebbinghaus, dans lesquelles il décrit des méthodes d’évaluation encore utilisées aujourd’hui. Peu de temps après, en 1891, le terme neurone fait son entrée dans le dictionnaire des neurosciences, grâce à sa découverte par Cajal.
Les neurosciences au XXe siècle
Les deux guerres mondiales ont assurément marqué le développement de l’histoire des neurosciences au cours du XXe siècle. La Première Guerre mondiale a fait beaucoup de morts, mais aussi beaucoup de blessés.
Il y avait des milliers de personnes avec des séquelles neurologiques. Par conséquent, le besoin d’effectuer des rééducations neurologiques a augmenté de façon exponentielle. Cela a donné un nouvel élan à la recherche dans ce domaine. Pendant la Seconde Guerre mondiale, cette discipline s’est consolidée. En effet, d’importantes interventions neuropsychologiques ont été mises en place par des penseurs fondamentaux, tels que Luria.
Un peu moins de 20 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, en 1962, on a lancé le Neuroscience Research Program. Il s’agit d’une organisation qui relie les universités du monde entier. Son objectif était de mettre en relation les universitaires des sciences comportementales et neurologiques, telles que la biologie, l’étude du système nerveux et la psychologie.
Le Massachusetts Institute of Technology (MIT) a promu et porté ce projet. Des réunions hebdomadaires, des conférences et des débats sont organisés fréquemment dans cette institution. Grâce à ce projet, des programmes éducatifs spécifiques et adaptés ont pu être développés.
“Les neurosciences sont de loin la branche la plus passionnante de la science, car le cerveau est l’objet le plus fascinant de l’univers. Chaque cerveau humain est différent, le cerveau rend chaque être humain unique et définit qui il est.”
-Stanley B. Prusiner (Prix Nobel de médecine, 1997)-
En conséquence, la Neuroscience Society, la plus grande société de neurosciences au monde, a été fondée à Washington (1969). Aujourd’hui, elle continue d’être une référence mondiale, tout comme son assemblée annuelle.
Grâce à l’impulsion des années précédentes et à l’union des disciplines qui s’est réalisée, le Conseil consultatif de l’Institut national des troubles neurologiques et des accidents cardiovasculaires d’Espagne a publié en 1990 un document intitulé Décennie du cerveau : Réponses par la recherche scientifique. Quatorze catégories de troubles neurologiques, peu étudiées jusqu’alors, y ont été incluses, ce qui augure d’une grande avancée dans la recherche neuroscientifique.
Les neurosciences au XXIe siècle
Entre les avancées techniques et l’accroissement des connaissances, l’essor des neurosciences est un phénomène inconstable. En 2002, le projet Blue Brain a vu le jour, avec l’idée de créer une simulation du cerveau des mammifères au niveau moléculaire pour étudier sa structure. Des pays du monde entier se sont joints à ce projet passionnant.
Puis, en 2013, Barack Obama a annoncé le lancement d’un grand projet scientifique : BRAIN. Ce projet se situe au niveau du GENOME, et vise à développer une carte détaillée et dynamique du cerveau humain. L’investissement de départ a été de 100 milliards de dollars. Bien sûr, c’est le nouveau grand défi américain. Ce projet doi permettre de développer un nouvel outil de référence pour l’étude du cerveau humain.
Cependant, l’Europe dispose d’une légère fenêtre dans ce sens, mise en œuvre en parallèle avec le projet HUMAN BRAIN. L’investissement est de plus d’1 milliard d’euros. Et l’objectif relativement simple. En une dizaine d’années, nous devons faire un saut qualitatif par rapport à ce que nous savons aujourd’hui du cerveau. Il semble donc que la partie la plus intéressante de l’histoire des neurosciences soit encore devant nous.
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