Un père n'allaite pas mais nourrit aussi
Rédigé et vérifié par le psychologue Sergio De Dios González
Un père comprend aussi l’attachement parental et apprécie cette proximité quotidienne qui lui permet de conférer affection, câlins et berceuses. Il nourrit aussi, même s’il ne peut pas allaiter ; il passe aussi des nuits blanches, rit, souffre et s’inquiète pour cet enfant qui fait partie de son être, même s’il n’a pas grandi en lui.
Les changements associés aux rôles de genre stricts changent et c’est quelque chose qui est certainement apprécié. De nos jours, la paternité n’est plus une étiquette où l’homme se voit confier la responsabilité exclusive de l’entretien d’un foyer. Les pères « n’aident pas » dans la parentalité, ils ne sont pas des agents auxiliaires mais des figures présentes, proches et participant toujours à la vie de ces petits en qui ils laissent une empreinte, qu’ils nourrissent, aiment et guident.
« Ce n’est pas la chair ou le sang qui fait de nous des pères et des enfants, mais le cœur »
-Friedrich Von Schiller-
Ce que de nombreux pédagogues et spécialistes de la parentalité ont tendance à commenter, c’est qu’un enfant fait partie d’une tribu. On parle toujours de la maternité et de cet attachement intime qui s’établit entre une femme et son bébé. Pourtant, personne n’ignore que les enfants d’aujourd’hui grandissent dans un petit microcosme habité par leurs parents, grands-parents, oncles/tantes, amis des parents, professeurs…
Chaque interaction, chaque habitude, chaque geste et chaque mot laisse une empreinte dans le cerveau de l’enfant, et les pères ont la capacité de laisser un impact extrêmement positif sur leurs enfants.
Le père comme figure du bien-être psychologique
S’il y a bien une chose que nous savons tous, c’est que tout comme il y a de bonnes et de mauvaises mères, les pères sont aussi faillibles et font des erreurs ; il y en a même qui choisissent le rôle de père présent, mais absent. Pour cette raison, plutôt que des figures de référence dans l’éducation d’un enfant, les pères et les mères sont des personnes et, selon leur maturité et leur équilibre psychologique et émotionnel, ils pourront garantir un meilleur développement – ou moins bon – à cet enfant.
Comme le révèle une étude réalisée à l’Université du Michigan (États-Unis), une responsabilité qui incombe à chaque parent est de prendre soin de son propre bien-être psychologique afin de favoriser un équilibre émotionnel adéquat chez ses enfants. Ce qui a été vérifié, c’est que les effets du chômage, du stress ou du simple fait d’afficher des comportements erratiques, marqués par un caractère instable, ont un impact négatif sur le développement cognitif de l’enfant et même sur ses compétences sociales.
D’autre part, l’impact de la figure paternelle sur le développement de la parole et du langage chez les bébés est également indéniable. Pour les plus petits, cela signifie recevoir beaucoup plus de stimuli, une voix différente de celle de la mère avec un ton différent, avec un autre type de geste, et bénéficier d’une plus large gamme de renforcements. Tout au long des trois premières années de la vie, cette présence proche, affectueuse, amusante et accessible du père consolidera également les processus délicats liés au langage.
Les nutriments conférés par la figure paternelle
Le nombre de familles monoparentales continue d’augmenter. De plus en plus de pères et de mères se retrouvent à élever seuls leurs enfants, soit parce qu’ils ont choisi de le faire, soit parce que le destin l’a voulu. Quoi qu’il en soit, l’attention, les soins et l’éducation d’un enfant exigent avant tout cette proximité physique et affective pour conférer sécurité et amour authentique à cette nouvelle vie. Une chose pour laquelle les hommes et les femmes devraient être formés.
« Un bon père vaut cent professeurs »
-Jean-Jacques Rousseau-
D’un autre côté, ce que nous savons tous, c’est que les enfants ne viennent pas au monde avec un mode d’emploi, et pour une raison très simple : ce ne sont pas des machines. Les enfants sont faits de chair, de besoins, d’un cœur qui bat fort et d’un cerveau qui aspire à tout et désire pouvoir se connecter à son environnement. Ils ont besoin de nutriments et d’un type d’aliment qui va bien au-delà du lait maternel, ce qu’un père sait aussi et peut fournir.
Les nutriments les plus précieux qu’un père doit apporter
Notre famille et le type de lien établi avec elle déterminent une grande partie de qui nous sommes. Au-delà des gènes et du sang se trouve cette architecture la plus intime et privée où s’élève le royaume de nos émotions, de nos peurs, de nos limites et aussi de nos valeurs. Toutes ces dimensions qu’un bon père doit nourrir correctement. Regardons quelques exemples.
- Disponibilité émotionnelle. La capacité de répondre aux besoins de l’enfant et la qualité de la disponibilité garantissent un développement optimal et une meilleure maturité de cet enfant tout au long de sa vie.
- La reconnaissance. Chaque enfant a besoin de se sentir reconnu et valorisé par ses parents. Avoir ce regard paternel toujours attentif, proche, précieux et plein d’affection influence un bon développement de l’estime de soi chez l’enfant.
- La participation. Le bon père de famille ne se limite pas seulement à « être », mais à faire ressentir, à favoriser les découvertes, à éveiller de nouvelles émotions et apprentissages, à être un « auditeur », un négociateur et un communicant infatigable.
- L’inspiration. C’est ce que font sans doute la plupart des parents : ouvrir à leurs enfants de nouveaux mondes où ils se sentent compétents et, en même temps, se découvrent. Beaucoup de nos parents nous ont transmis leurs passions, leur amour de la musique, des livres, de la nature... Toutes ces valeurs qui définissent désormais nos vies d’adultes.
Pour conclure, une chose à retenir est que le bon père de famille n’est pas un grand garçon qui aime jouer et faire rire son enfant. Le « vrai » père est un adulte doté de grandes capacités émotionnelles, sûr de lui, courageux comme toute mère et toujours soucieux de donner sécurité, encouragement et affection à cet enfant pour qu’il puise déployer, à l’avenir, ses ailes d’adulte libre, mature et capable de donner et de recevoir du bonheur.
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