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Trouble de somatisation : lorsque le corps parle

7 minutes
Trouble de somatisation : lorsque le corps parle
Gema Sánchez Cuevas

Rédigé et vérifié par Psychologue Gema Sánchez Cuevas

Écrit par Francisco Pérez
Dernière mise à jour : 21 décembre, 2022

Les personnes souffrant d’un trouble de somatisation présentent souvent de multiples symptômes somatiques (physiques) qui génèrent du mal-être ou peuvent être à l’origine de problèmes importants dans la vie quotidienne. Elles peuvent cependant parfois ne présenter qu’un seul symptôme sérieux et non plusieurs d’entre eux. Dans ces cas, le symptôme le plus caractéristique est la douleur.

Les symptômes peuvent être spécifiques (par exemple, une douleur localisée) ou relativement non spécifiques (par exemple, fatigue). Les symptômes dénotent parfois des sensations physiques normales ou une gêne qui habituellement ne signifie pas une maladie sérieuse.

La souffrance de la personne présentant un trouble de somatisation est réelle

La personne souffrant d’un trouble de somatisation souffre réellement. Son mal-être est authentique, qu’il puisse ou non être expliqué médicalement. Ainsi, les symptômes peuvent être ou non associés à un autre trouble médical. En effet, ces personnes présentent souvent des problèmes de santé avec le trouble de la somatisation. Par exemple, une personne peut être gravement handicapée par les symptômes d’un trouble de somatisation suite à un infarctus du myocarde non compliqué. Ceci est également vrai même lorsque l’infarctus du myocarde lui-même n’a généré aucun handicap.

S’il existe une autre maladie ou un risque élevé d’en souffrir, les pensées, les sentiments et les comportements associés à cette maladie seraient excessifs chez ces personnes. D’autre part, les personnes atteintes de troubles de somatisation ont tendance à présenter des niveaux de préoccupation très élevés au sujet de la maladie. Dès lors, elles évaluent indûment leurs symptômes physiques et les considèrent menaçants, nuisibles ou gênants. Elles pensent souvent au pire en ce qui concerne leur santé.

Même lorsqu’il existe des preuves que tout va bien au niveau de leur santé, certains patients ont encore peur que leurs symptômes soient sérieux.
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Les problèmes de santé jouent un rôle central dans la vie de l’individu

Les problèmes de santé peuvent jouer un rôle central dans la vie de la personne présentant un trouble de somatisation. Ces problèmes peuvent finir par devenir une caractéristique de leur identité et ainsi finir par dominer les relations interpersonnelles.

Les personnes atteintes de troubles de somatisation éprouvent souvent un mal-être qui se concentre principalement sur les symptômes somatiques et leur signification. Lorsque nous les interrogeons directement sur leur mal-être, certaines personnes le décrivent également par rapport à d’autres aspects de leur vie. D’autres personnes nient toute source de détresse autre que les symptômes somatiques.

La qualité de vie de ces personnes diminue

La qualité de vie en relation à la santé est souvent affectée tant au niveau physique que mental. Dans les troubles de somatisation, la détérioration est caractéristique et, lorsqu’elle persiste, peut produire un handicap. Dans ces cas, le patient recoure souvent à la consultation et même consulte différents spécialistes. Néanmoins, cela atténue rarement leurs préoccupations.

Ces personnes semblent souvent ne pas répondre aux interventions médicales, et de nouvelles interventions peuvent aggraver la présentation des symptômes, entrant dans un cercle vicieux. Certaines de ces personnes semblent exceptionnellement sensibles aux effets secondaires des médicaments. De plus, certains estiment que leur évaluation médicale et leur traitement n’ont pas été suffisants.

Quelles sont les caractéristiques des personnes atteintes de troubles de somatisation ?

Les traits qui caractérisent les personnes présentant un trouble de somatisation sont les suivants :

Caractéristiques cognitives ou de pensées

Les caractéristiques cognitives incluent une attention centrée sur les symptômes somatiques et l’attribution de sensations physiques normales à une maladie physique (probablement avec des interprétations catastrophiques).

Par ailleurs, elles comprennent également des préoccupations au sujet de la maladie et la crainte que toute activité physique pourrait nuire à l’organisme.

Caractéristiques comportementales

Les caractéristiques comportementales associées peuvent être la vérification physique répétée des anomalies, la recherche répétée de soins médicaux et de sécurité, et l’évitement de l’activité physique. Ces caractéristiques comportementales sont plus prononcées dans les troubles de somatisation graves et persistants, comme nous pouvons le supposer.

Ces caractéristiques sont généralement associées à des consultations fréquentes de conseils médicaux pour différents symptômes somatiques ou physiques. Cela peut conduire à des consultations médicales dans lesquelles les individus sont tellement concentrés sur leurs préoccupations au sujet des symptômes somatiques que la conversation ne peut pas être redirigée vers d’autres sujets.

“Il existe souvent un degré élevé d’utilisation des soins médicaux. Cependant, cela soulage rarement l’individu de ses préoccupations. En conséquence, la personne peut recevoir des soins médicaux de plusieurs médecins pour les mêmes symptômes.”
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Visites fréquentes chez le médecin

Toute tentative du médecin visant à rassurer et à expliquer que les symptômes ne sont pas révélateurs d’une maladie physique grave est généralement éphémère. Les personnes l’expérimentent comme si le médecin ne prenait pas ses symptômes avec sérieux.

Étant donné que mettre l’accent sur les symptômes physiques est une caractéristique majeure de la maladie, les personnes atteintes de troubles de somatisation se tournent souvent vers des services de santé généraux plutôt que vers des services de santé mentale.

La suggestion faite à des personnes présentant un trouble de somatisation d’un renvoi à un spécialiste de santé mentale peut être expérimentée avec surprise ou même sous la forme d’un rejet catégorique.

Dans la mesure où le trouble de somatisation est associé à des troubles dépressifs, il existe un risque accru de suicide. Nous ne savons pas si le trouble de somatisation est associé au risque de suicide indépendamment de son association avec des troubles dépressifs.

Quelle est la prévalence du trouble de somatisation ?

La prévalence du trouble de somatisation est inconnue bien que nous estimons qu’elle puisse être comprise entre 5 et 7% dans la population adulte générale. Nous pensons en outre qu’elle est inférieure à celle du trouble somatoforme indifférencié. De plus, les femmes ont tendance à rapporter davantage de symptômes somatiques que les hommes, et la prévalence des troubles de somatisation est, par conséquent, plus élevée chez les femmes que chez les hommes.

Critères qui doivent être présents pour établir le diagnostic de trouble de somatisation

Les critères que les spécialistes de santé mentale doivent prendre en compte pour établir un diagnostic de trouble de la somatisation sont les suivants :

A. Un ou plusieurs symptômes somatiques qui génèrent le mal-être ou provoquent des problèmes importants dans la vie quotidienne.

B. Pensées, sentiments ou comportements excessifs liés à des symptômes somatiques ou associés à un problème de santé, mis en évidence par une ou plusieurs des caractéristiques suivantes :

  • Pensées disproportionnées et persistantes sur la gravité des symptômes eux-mêmes.
  • Degré d’anxiété constamment élevé sur la santé ou les symptômes.
  • Temps et énergie excessifs consacrés à ces symptômes ou à la préoccupation pour la santé.

C. Bien que certains symptômes somatiques ne soient pas toujours présents, l’état symptomatique est persistant (habituellement plus de six mois).

Comment se développe le trouble de somatisation et quel est son cours ?

Les symptômes somatiques et les troubles médicaux concomitants sont fréquents chez les personnes âgées, rendant ainsi crucial de se focaliser sur le critère B afin de réaliser le diagnostic.

Le trouble de somatisation peut être sous-diagnostiqué chez les adultes âgés, soit parce que certains symptômes somatiques (par exemple, douleur, fatigue) sont considérés comme faisant partie du vieillissement normal, soit parce que la préoccupation est considérée comme “compréhensible” chez les personnes âgées, lesquelles ont généralement plus de maladies et ont davantage besoin de médicaments que les plus jeunes. La dépression est également fréquente chez les personnes âgées présentant de nombreux symptômes somatiques.

Trouble de somatisation chez les enfants

Chez les enfants, les symptômes les plus courants sont des douleurs abdominales récurrentes, des maux de tête, la fatigue et les nausées. Contrairement aux adultes, il est plus fréquent qu’un seul symptôme prédomine chez les enfants. Bien que les jeunes enfants puissent présenter des plaintes somatiques, ils s’inquiètent rarement de la “maladie” en tant que telle avant l’adolescence.

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La réponse des parents aux symptômes est importante car elle peut déterminer le niveau de détresse associée. Les parents peuvent être décisifs dans l’interprétation des symptômes, quant à la durée que ces derniers manquent l’école et dans la recherche d’aide médicale.

Comme nous avons pu le constater, le trouble de somatisation est associé à une détérioration significative de l’état de santé et à d’autres troubles tels que la dépression ou l’anxiété. C’est pourquoi la recherche d’aide psychologique est essentielle pour améliorer la qualité de vie de ces patients.

Références bibliographiques

American Psychiatry Association (2014). Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5), 5ème Ed. Madrid : Editorial Medica Panamericana.



Toutes les sources citées ont été examinées en profondeur par notre équipe pour garantir leur qualité, leur fiabilité, leur actualité et leur validité. La bibliographie de cet article a été considérée comme fiable et précise sur le plan académique ou scientifique


  • American Psychiatry Association (2014). Manual diagnóstico y estadístico de los trastornos mentales (DSM-5), 5ª Ed. Madrid: Editorial Médica Panamericana.
  • Hilty, D. M., Bourgeois, J. A., Chang, C. H., & Servis, M. E. (2001). Somatization Disorder. Current Treatment Options in Neurology3(4), 305–320. Retrieved from http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/11389802

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