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The Handmaid's Tale: dystopie et féminisme

6 minutes
The Handmaid's Tale: dystopie et féminisme
Sergio De Dios González

Rédigé et vérifié par le psychologue Sergio De Dios González

Écrit par Leah Padalino
Dernière mise à jour : 04 janvier, 2023

The Handmaid’s Tale ou La Servante écarlate est un roman publié en 1985 par l’écrivain canadienne Margaret Atwood. Même s’il s’agit d’une oeuvre des années 80, la popularité de The Handmaid’s Tale a récemment explosé grâce à la série homonyme de HBO. Série et livre présentent quelques différences mais nous ne nous centrerons pas sur elles: nous allons plutôt traiter de ce que veut transmettre cette oeuvre et des réflexions qui surgissent aussi bien de la lecture du livre que de la visualisation de la série.

Série et livre nous emmènent dans un futur pas très éloigné au cours duquel les droits des femmes ont complètement été éliminés. Un recul vers les valeurs traditionnelles s’est produit, poussant celles-ci à l’extrême. Margaret Atwood nous plonge dans un futur effrayant, surtout pour les femmes. Un futur auquel nous pourrions arriver si nous nous laissons guider par la peur et qui présente quelques similitudes avec le présent et le passé, nous faisant ainsi adopter un regard critique.

La société dans The Handmaid’s Tale

La société, entièrement patriarcale, est profondément ancrée dans la religion, en prenant des passages de l’Ancien Testament de façon très littérale. Cette société ne naît pas du jour au lendemain mais grandit de façon progressive en réaction à un système où la peur s’est développée; des guerres, une infertilité et une situation limite pousseront la population à être contrôlée par la peur et mènera les plus conservateurs à acquérir du pouvoir et à transformer la société.

Ce recul fait que les femmes perdent tous leurs droits ; leur unique fonction est maintenant de faire des enfants. Tout en haut de la pyramide de cette société, nous trouvons les hommes, et plus concrètement les commandants; ceux-ci ont trois femmes à leur disposition: l’épouse, dont la seule fonction est de servir son mari; une martha, une femme qui s’occupe exclusivement des tâches domestiques; et, enfin, une servante, une femme chargée de mettre au monde les enfants du couple marié.

Ces servantes sont vêtues de rouge, symbole de la fertilité; elles ont perdu leur nom, qui devient Of (de, en français) + le nom du commandant qu’elles servent, montrant ainsi explicitement leur condition d’objet et de possession. Les servantes n’auront même pas la fonction de mères car ce sera la tâche des épouses; elles représentent uniquement un utérus fertile.

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Offred est la protagoniste et narratrice de cette histoire; à travers des flashbacks, elle nous fait connaître son présent et son passé. C’est elle qui nous présente cette société et nous explique comment cette dernière fonctionne. L’Etat ne veut pas de femmes qui pensent, il ne veut pas qu’elles soient libres; il en a seulement besoin pour perpétuer l’espèce humaine et, ainsi, assure son pouvoir dans le futur. Offred ne peut rien choisir. Sa vie, ses vêtements, son corps… tout dépend de la famille qu’elle sert en tant que domestique.

Les servantes peuvent seulement avoir des relations sexuelles avec le commandant lors d’une espèce de rituel connu comme “la cérémonie”. Lors de cette cérémonie, la femme du commandant participe aussi car elle doit tenir la servante et se placer d’une façon déterminée pour que l’on ait l’impression qu’elle est fécondée. Les scènes sont très visuelles, très inconfortables et réellement perturbantes.

Les femmes ne peuvent pas penser, parler, lire, sortir, décider… Elles ont tout perdu, même leur nom. The Handmaid’s Tale nous fait découvrir une réalité vraiment dure et désagréable, une société totalement hermétique et terrifiante mais qui ne semble pourtant pas improbable ou impossible.

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Pourquoi une dystopie?

Au cours de ces dernières années, il semblerait que le terme de dystopie ait gagné du terrain dans le monde du cinéma et de la littérature. Mais savons-nous réellement ce que signifie ce mot? Nous pourrions dire qu’il s’agit du contraire d’une utopie, d’une chose qui nous dresse le pire portrait possible d’une société inexistante; des œuvres de la première moitié du XXème siècle comme 1984 de George Orwell ou Fahrenheit 451 de Ray Bradbury sont quelques-unes des références du genre dystopique.

Ce genre, qui s’inspire généralement de la science-fiction, se nourrit de l’actualité. En d’autres termes, il s’inspire des possibles conséquences négatives de comportements ou de tendances actuelles. Une dystopie consiste, par conséquent, à pousser une situation à l’extrême, à être le plus horrible possible pour effectuer une satire ou une critique d’un fait contemporain. En parcourant une oeuvre dystopique, notre regard devient critique par rapport au présent, par rapport à notre propre réalité quotidienne.

Les dystopies sont devenues très populaires et ont atteint le monde de la bande-dessinée avec des oeuvres comme V de Vendetta, celui des séries avec Black Mirrorcelui du cinéma, etc. Il faut avouer que, au lieu de nous gêner, il semblerait qu’elles nous plaisent de plus en plus. Ces futurs irréels et terrifiants, où les droits des personnes ont complètement été éliminés, nous font réfléchir à notre situation actuelle et songer à “nous réveiller”, à nous révéler et à continuer à lutter pour nos droits.

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The Handmaid’s Tale démonte l’idée selon laquelle le patriarcat ne pourra jamais triompher, plonge ses racines dans la dystopie et nous présente un futur terrifiant. Aujourd’hui, l’idée de dictature peut nous sembler lointaine dans de nombreux pays mais The Handmaid’s Tale avertit du fait que, même dans le pays le plus développé, nous ne seront jamais à l’abri d’une rechute dans le passé et, une fois de plus, dans une dictature.

La peur pousse la population à réagir face à un fait et peut-être à soutenir ceux qui assurent une protection et une tranquillité, même si cela suppose de mettre fin à certaines libertés fondamentales. Ceci n’est pas une chose que nous ne voyons que dans la dystopie: l’histoire a déjà démontré, lors de nombreuses occasions, que ce fait est totalement possible.

La société dans The Handmaid’s Tale est totalement contrôlée, opprimée, il n’existe pas de liberté de la presse, de liberté d’expression ou de pensée, et toute personne osant franchir ces barrières souffrira de terribles conséquences. Margaret Atwood n’a pas eu besoin d’imaginer des êtres fantastiques, des machines terrifiantes ou des éléments hors du commun pour dessiner un futur plus obscur dans son oeuvre: rien ne fait plus peur que penser qu’une telle chose pourrait se produire. Elle se sert donc de la dystopie pour dessiner un monde qui ne semble pas lointain ou impossible, afin que nous soyons capables d’ouvrir les yeux.

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Le féminisme dans The Handmaid’s Tale

Le féminisme surgit en tant que recherche de l’égalité entre l’homme et la femme. Il constitue une opposition face à une hiérarchie très enracinée qui offre des bénéfices et une supériorité à l’homme. The Handmaid’s Tale nous présente un monde dans lequel le féminisme n’existe plus, un monde complètement opposé à ces idées, où les hommes ne sont plus seulement au-dessus des femmes mais constituent l’unique autorité.

Etant donné qu’il s’agit d’une oeuvre dystopique, nous pouvons dire que The Handmaid’s Tale est un appel au féminisme, une façon de rappeler son importance et la valeur de l’égalité entre les hommes et les femmes. Après beaucoup d’années à lutter pour l’indépendance de la femme et pour ses droits, les femmes de The Handmaid’s Tale deviennent des esclaves dans un monde dont elles n’auraient jamais soupçonné l’existence.

Un régime autoritaire nous mènera à la servitude, à la perte de nos droits; une société patriarcale, à un monde inégal. The Handmaid’s Tale nous montre tout ce que nous ne voulons pas être, le moment auquel nous ne voudrions jamais arriver et, de cette façon, nous fait prendre conscience de la nécessité de continuer à lutter pour l’égalité.

Nous vivions, comme il était normal de le faire, en ignorant tout. Ignorer n’est pas la même chose que l’ignorance, il faut que vous travailliez dessus.”

-The Handmaid’s Tale-

 

 

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