Sommeil interrompu : plus dangereux que de dormir peu
Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater
Les effets d’un sommeil interrompu peuvent être plus nocifs que de dormir trop peu. Comment est-ce possible ?
Pour nous faire une petite idée, rappelons-nous ces nuits où, pour quelque raison que ce soit, il nous est impossible de maintenir un repos continu et sans aucun réveil. Le lendemain, non seulement nous nous sentons épuisés, mais la mauvaise humeur, l’apathie et la démotivation rythment notre journée.
Les troubles du sommeil sont plus courants et plus graves qu’on ne le pense. Les réveils nocturnes sont comme des fractures du rêve et du cycle de sommeil normal. Les phases du sommeil suivent des schémas et des horaires très spécifiques. Une interruption affecte donc l’équilibre du cerveau et d’autres processus métaboliques.
Dormir bien, c’est mieux vivre. Il est donc essentiel de mettre des moyens à notre portée pour faciliter ce sommeil. Ce besoin biologique ne sert pas seulement de médiateur pour la santé physique : le bien-être psychologique en dépend aussi.
Quels sont les effets d’un sommeil interrompu ?
Les effets d’un sommeil interrompu sont multiples. Les couples qui viennent de devenir parents connaissent bien ces effets, par exemple. Le nombre d’heures de sommeil importe tout comme sa continuité pour un repos de qualité.
Les réveils fréquents constituent une forme d’insomnie et donc un trouble du sommeil. Vous aurez beau vous coucher à onze heures et vous endormir dans la seconde, si vous vous réveillez vingt fois dans la nuit, ce repos ne sera pas du tout réparateur. Ce cas de figure concerne des milliers de personnes. Voyons quelles sont les conséquences.
Moins d’ondes lentes dans le cerveau, découragement et risque de dépression
Il suffirait d’avoir un sommeil interrompu pendant trois jours consécutifs pour commencer à faire preuve moins d’optimisme. C’est du moins ce que révèle une étude de l’Université Johns Hopkins de Baltimore. Patrick Finan, professeur de psychiatrie et directeur de cette recherche, explique ce qui suit :
- Les perturbations du sommeil nuisent plus à notre humeur que le manque de sommeil.
- Lorsque notre sommeil est interrompu pendant la nuit, les étapes du sommeil sont modifiées.
- Ce phénomène rend impossible le passage du stade NREM au cinquième stade essentiel pour le corps et le cerveau, à savoir la phase REM.
- En outre, ces modifications diminuent le nombre d’ondes lentes que le cerveau subit.
- La réduction de ces ondes est corrélée à un risque accru de souffrir de troubles tels que la dépression.
Dormir à intervalles la nuit stresse le cerveau. Cela l’empêche de pouvoir effectuer les tâches qu’il exécute à chaque phase du sommeil et cela impactera complètement notre humeur.
Échecs de la mémoire à long terme et problèmes cognitifs
Le sommeil interrompu affecte également la mémoire à long terme. Des études telles que celles menées dans le département du sommeil et de la cognition de l’Institut des neurosciences aux Pays-Bas révèlent, par exemple, que l’une des conséquences les plus courantes est l’échec de la mémoire.
- La structure du rêve et ses cycles sont essentiels pour la bonne consolidation de chaque apprentissage, de chaque ressenti, de chaque expérience.
- A travers les ondes lentes, puis dans la phase REM, nous intégrons tous ces faits dans la mémoire déclarative (long terme) et dans leur consolidation correcte.
- Les problèmes de concentration et la difficulté à prendre des décisions sont d’autres effets du sommeil interrompu. Cette mauvaise nuit de sommeil ralentit nos réactions et notre capacité à réagir face aux problèmes de la vie.
Si ce problème dure depuis des années, il existe un plus grand risque de présenter des déficits cognitifs. Presque sans nous en rendre compte, notre cerveau deviendra plus fragile, moins agile, aura moins de connexions neuronales et le risque de souffrir de troubles neurodégénératifs comme la maladie d’Alzheimer sera plus élevé.
Les migraines, un autre effet du sommeil interrompu
Les troubles du sommeil qui durent des semaines ou des mois entraînent souvent des maux de tête. C’est certainement un phénomène dont la plupart d’entre nous ont fait l’expérience. Cette gêne matinale classique qui survient après une mauvaise nuit peut progressivement se transformer en une migraine.
Nous savons que lorsque le cerveau n’atteint pas la phase REM, l’apparition d’une migraine est très probable. Des études comme celles menées dans le département de neurologie de l’Université de Californie, relient le problème du sommeil interrompu à l’apparition de migraines. La cause serait une mutation génétique. Un phénomène que la science essaie encore de démêler.
Comment éviter ces réveils nocturnes ?
Il est important de consulter un médecin lorsque l’on s’aperçoit que notre repos n’est pas réparateur, que l’on se réveille plus épuisé qu’au coucher. Et surtout, lorsque des maux de tête et des pertes de mémoire apparaissent.
Le syndrome des jambes sans repos et l’apnée du sommeil sont associés à ces réveils nocturnes. Le stress est sans aucun doute un autre facteur associé à cette réalité.
Ainsi, avant de passer aux somnifères classiques, il est essentiel d’identifier la cause et de la traiter. Parfois, prendre soin de nos habitudes de vie et réduire l’utilisation des appareils électroniques deux heures avant de nous endormir suffisent pour retrouver un meilleur repos.
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