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Se priver de certaines expériences par peur de souffrir

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Se priver de certaines expériences par peur de souffrir est une autre façon d'alimenter cette anxiété qui nous habite. Nous vous parlerons ici des bonnes et mauvaises stratégies d'affrontement à l'heure de gérer différentes expériences ainsi que du puits des souvenirs. 
Se priver de certaines expériences par peur de souffrir
Rocío García Garzón

Rédigé et vérifié par Psychologue Rocío García Garzón

Dernière mise à jour : 27 décembre, 2022

Ériger des barrières et se priver de certains expériences sont des stratégies auxquelles nous avons parfois recours pour éviter le mal-être parce que nous avons peur de souffrir. Le mental des êtres humains a évolué pour nous aider à survivre face aux dangers, plus que pour nous aider à nous sentir bien.

Il y a cent mille ans, la nourriture, un toit sur la tête et la possibilité de se reproduire constituaient les besoins essentiels des êtres humains. Mais tout cela n’a pas beaucoup de sens si nous sommes morts. La priorité de notre cerveau était alors de repérer ce qui pouvait nous causer du tort afin de l’éviter. En psychologie, c’est ce que l’on désigne sous le nom de renforcement négatif.

Le renforcement négatif nous explique pourquoi le comportement qui consiste à éviter des conséquences désagréables ou dangereuses s’est maintenu dans notre répertoire.

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Nous avons constamment peur de souffrir

Qui ne risque rien, ne souffre pas et ne perd rien. Qui ne risque rien, ne gagne rien non plus. Nous, êtres humains, avons tendance à stagner, à nous conformer et nous apprenons à nous adapter tout en tentant d’éviter l’inévitable peur. Nous avons ainsi tendance à nous priver de certaines expériences par peur de souffrir, ignorant ainsi que cette peur que nous tentons de camoufler cherchera d’autres alternatives pour se manifester.

Il est important de ne pas rejeter la peur. La peur est une émotion basique qui nous aide à identifier les menaces afin d’y faire face. Partons du principe que, si nous souhaitons vivre pleinement, il faut accepter la peur dans notre palette d’émotions.

L’une des peurs les plus courantes est la peur de souffrir. La peur de souffrir, de ressentir de la douleur nous incite à éviter des situations pouvant provoquer des émotions désagréables. Le problème est que notre mental ne sait pas très bien faire la différence entre le fruit de notre imagination et la réalité. La bonne nouvelle c’est que, avec un peu d’entraînement cognitif, nous pouvons améliorer cette capacité.

Se priver de certaines expériences et l’illusion de contrôle

Dans son ouvrage Le piège du bonheur, Russ Harris nous explique comment nous tentons de contrôler nos émotions et nous parle de l’illusion de contrôle dans laquelle nous tombons parfois. Son discours est basé sur la thérapie d’acceptation et d’engagement. Les pensées, les émotions et les sensations physiques ont beaucoup moins de pouvoir que celui que nous leur octroyons.

Certaines personnes ont tendance à se priver de certaines expériences qui pourraient causer de la douleur parce que cela leur rappelle des souvenirs douloureux, ce qui génère au passage une bonne dose d’anxiété. Néanmoins, cette solution n’est qu’un pansement et non un moyen efficace d’affronter la situation. Certes, un tel comportement peut nous sauver à un moment donné, tout comme la négation, mais en tant que stratégie systématique et stable qui dure dans le temps, ce comportement finit par être source de souffrance, souffrance qui est précisément ce que les personnes qui adoptent ce comportement cherchent à éviter.

Les stratégies de contrôle habituelles contre la peur de souffrir

D’un côté, il y a les stratégies de fuite auxquelles nous avons recours pour nous protéger :

  • Se protéger en évitant une situation : cette stratégie consiste à éviter de ressentir des sentiments désagréables ou bien d’avoir des pensées désagréables. Par exemple : abandonner une réunion afin d’éviter l’anxiété
  • Se distraire de ses pensées et de ses sensations en focalisant notre attention sur autre chose : par exemple : en cas d’ennui ou d’anxiété, manger une glace ou sortir faire du shopping. Autre exemple : passer l’après-midi à regarder la télévision pour éviter de penser à l’examen que nous allons passer
  • Se déconnecter ou devenir insensible : certains tentent d’oublier leurs sentiments et pensées en ayant recours à une substance, telle un médicament, une drogue ou encore de l’alcool

De l’autre côté, il y a les stratégies de lutte qui ont pour but de lutter contre nos pensées afin de les dominer :

  • Éliminer directement les sentiments et les pensées indésirables : c’est le cas lorsque nous rejetons avec force les pensées inadéquates qui arrivent à notre esprit ou bien lorsque nous les enfonçons au plus profond de nous.
  • Se disputer avec nos pensées et tenter de les limiter
  • Tenter de prendre le dessus sur nos pensées et sur nos sentiments : c’est ce que nous faisons lorsque nous nous encourageons mentalement (“Allez !”)
  • Nous obliger à ressentir autre chose : c’est le cas lorsque nous culpabilisons ou nous nous critiquons

Un travail typique de la psychothérapie consiste à prendre conscience de ces stratégies et d’avoir recours à d’autres formes plus appropriées de gérer ses émotions, pensées et sensations physiques.

“Il y a des douleurs qui tuent, mais il y en a d’autres plus cruelles, celles qui nous laissent la vie sans nous permettre de l’apprécier.”

-Antoine Laurent Apollinaire Fée-

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La différence entre poser des limites et se priver d’expériences

Dans une plus ou moins grande mesure, nous avons toujours recours à des méthodes de contrôle pour gérer le mal-être. Le problème n’est pas d’avoir recours à ces méthodes, c’est d’en abuser ou de mal les utiliser ; lorsque nous les utilisons à des moments où elles ne fonctionnent pas ou quand leur utilisation manipule, de manière erronée, notre échelle de priorités.

Mais est-ce toujours le cas ? Nous devons admettre que ce degré de contrôle va dépendre du type d’expérience qui nous guette à chaque instant… Ainsi que de l’importance de cette expérience pour nous. Lorsque nos pensées sont moins intenses, nous avons plus de contrôle. La même chose se passe lorsque nous nous privons d’expériences qui ne sont pas trop importantes pour nous.

Il est recommandé de poser des limites saines dans notre monde intérieur ; cela nous permet d’améliorer la gestion de ce monde. Apprendre à se connaître est clé.

Par ailleurs, apprendre à expérimenter ce que la vie nous offre sans être constamment dans le jugement, depuis l’acceptation, est un outil psychologique qui peut nous aider à construire une vie pleine de sens.

 

Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.