Concepts et ressources cliniques de la thérapie d'acceptation et d'engagement

Dans cet article, nous vous présentons un résumé des principaux concepts et des principales ressources cliniques de l'ACT (la thérapie d'acceptation et d'engagement).
Concepts et ressources cliniques de la thérapie d'acceptation et d'engagement
Alicia Escaño Hidalgo

Rédigé et vérifié par Psychologue Alicia Escaño Hidalgo.

Dernière mise à jour : 27 décembre, 2022

La thérapie d’acceptation et d’engagement (ACT) appartient au groupe des thérapies connues sous le nom de “thérapies de troisième génération” ou “thérapie de troisième vague”. L’objectif de ces thérapies consiste à adopter une approche totalement différente de celle adoptée pour les traitements psychologiques classiques.

Dans l’ACT, on donne plus d’importance aux aspects souvent laissés de côté. Parmi eux, on trouve par exemple l’acceptation, la pleine conscience, la désactivation cognitive, la dialectique, les valeurs, la spiritualité et les relations.

Pour les thérapies de troisième génération, le trouble ne se trouve pas au sein de la personne même. Il est le résultat des circonstances ou d’une situation problématique.

L’origine des conflits ne se trouverait donc pas au sein de l’individu. En fait, les conflits seraient le résultat de l’interaction de l’individu avec son contexte actuel, vis-à-vis du contexte historique.

Principes généraux

Les interventions des thérapies de troisième génération, comme l’ACT, se basent sur 2 grands principes :

  • L’acceptation : cela suppose d’abandonner radicalement la recherche incessante de bonheur ou de bien-être immédiat. La clé repose sur la normalisation du mal-être comme une expérience vitale normale
  • L’activation : l’idée est d’agir vers la réalisation des objectifs et des valeurs malgré les symptômes de mal-être. Dans ce type de thérapie, l’efficacité ne se mesure pas par la quantité de symptômes éliminés. Elle se mesure par les réussites personnelles du patient à partir de la clarification des valeurs

La thérapie d’acceptation et d’engagement est apparue au cours des années 80. Son fondateur est Steven Hayes, professeur à l’Université du Nevada.

L’ACT se définit comme une forme de psychothérapie expérientielle, comportementale et cognitive basée sur la théorie des cadres relationnels (TCR), la théorie du langage et de la cognition humaine qui appartient au béhaviorisme radical. Cette théorie est dotée d’une multitude de ressources cliniques ayant pour but de permettre au sujet d’atteindre l’acceptation et l’activation.

Une femme qui expérimente une thérapie d'acceptation et d'engagement

Concepts importants concernant la thérapie d’acceptation et d’engagement

La thérapie d’acceptation et d’engagement se distingue par des changements majeurs vis-à-vis des théories antérieures. La plus grande modification concerne notre relation avec nos contenus mentaux. L’ACT est également basé sur le rejet d’une classification diagnostique concrète. Le seul élément d’analyse et d’action utilisé est le comportement et sa fonction dans le contexte.

La série de concepts clés de l’ACT est donc la suivante :

  • L’évitement expérientiel : il suppose, pour l’individu, le rejet ou la mise de côté d’un quelconque symptôme, émotion ou pensée générant du mal-être. Par le biais de ce rejet, la patient tente de contrôler ses expériences personnelles, ses sensations et ses sentiments, ainsi que les circonstances qui en sont responsables. L’évitement expérientiel se développe lorsque nous nous immergeons dans une culture promouvant le bien-être avant même les valeurs. Ayez à l’esprit le fait que l’évitement expérientiel n’est pas toujours pathologique. Il le devient lorsqu’il limite les actions de l’individu dans sa vie
  • Les valeurs personnelles : c’est ce à quoi nous accordons le plus d’importance dans nos vies. On associe les valeurs à des objectifs à atteindre. Et nous sommes persuadés que ces derniers généreront en nous de la satisfaction

Selon ces 2 concepts principaux de l’ACT, l’individu serait coincé dans un cercle vicieux. Par ne pas souffrir (évitement expérientiel), l’individu reste ancré dans une approche qui est en désaccord avec ses valeurs personnelles. Cependant, il fait en sorte de rester dans une zone confortable, une zone de bien-être.

Il est important d’avoir à l’esprit le fait que cette “solution” est très éphémère et superficielle. Pour atteindre nos véritables objectifs et devenir ce que nous souhaitons devenir, il est nécessaire pour nous d’accepter radicalement le mal-être que ce chemin peut supposer.

Ressources cliniques de l’ACT

La thérapie d’acceptation et d’engagement n’est pas une thérapie structurée. Cependant, le premier pas qui est généralement effectué est la réalisation d’une analyse fonctionnelle du patient à traiter.

Cette analyse nous permet de connaître les valeurs de l’individu et son engagement vis-à-vis de chacune d’entre elles. A partir de là, il est possible de fixer des objectifs thérapeutiques. Parmi les ressources cliniques proposées par l’ACT, nous pouvons notamment trouver :

  • Le désespoir créatif : avant de se lancer dans une thérapie, les patients ont déjà tenté d’appliquer certaines solutions. Le problème est que ces tentatives n’ont pas eu de succès. Bien souvent, ces solutions peuvent même finir par se convertir en une partie du problème.

Le désespoir créatif veut nous apprendre que les tentatives menées par l’individu pour résoudre ses problèmes (ruminer, boire de l’alcool, contrôler, etc…) sont vaines et qu’il doit considérer d’autres alternatives.

Pour remettre en question ces tentatives infructueuses, on utilise la métaphore des sables mouvants.  Plus nous tentons de sortir des sables mouvants, plus nous nous enfonçons. La réaction la plus censée est donc d’étendre le corps et d’entrer en contact avec les sables mouvants

  • L’orientation vers les valeurs : On demande au patient d’identifier les objectifs vitaux les plus importants à ses yeux et le chemin qu’il considère adéquat pour les atteindre. Les valeurs sont la direction du comportement
  • Le contrôle est le problème : lorsque l’on a recours au contrôle pour tenter de ne pas souffrir, nous contribuons bien souvent à empirer la situation. Si je tente de contrôler mes pensées et de penser ou de ne pas penser à un ours blanc, que se passe-t-il ? Plus je tente de ne pas y penser, plus l’image de l’ours blanc sera ancrée dans mon esprit. Il est donc important de ne pas tenter de contrôler l’incontrôlable

Autres ressources de la théorie d’acceptation et d’engagement

  • L’acceptation : accepter suppose de s’ouvrir à l’expérience des sensations. Il faut “enlacer nos démons” même si cela ne nous plaît pas. Bien entendu, il ne faut ni les juger, ni leur donner un sens. Il faut que nous nous en tenions uniquement à leur nature : des émotions, des sensations, des pensées. Rien de plus
  • Défusion cognitive : cela suppose de prendre de la distance avec nos pensées non désirées. En fait, nous devons faire pareil qu’avec notre sang, nos excréments et nos autres fluides. Bien qu’ils fassent partie entière de notre organisme, nous ne fusionnons pas avec eux.  Pourquoi le faisons-nous avec les pensées et les émotions ? L’idée est d’atteindre la conclusion suivante : mes pensées sont des produits mentaux qui émanent d’un cerveau vivant et qui sont donc le résultat d’événements normaux
  • Le “moi” comme contexte : cela suppose de ne pas trouver notre identité dans notre manière de penser ou de ressentir. Je peux parfois penser “je dois être parfait dans mon travail” mais le fait que cette pensée me définisse dans ma totalité est quelque chose de totalement différent. Je ne suis pas mes pensées, je suis bien plus
  • L’action engagée : il faut définir des objectifs et s’engager à les atteindre malgré les obstacles rencontrés sur le chemin
  • Les métaphores : c’est l’une des ressources cliniques les plus importantes de l’ACT. Elles permettent au patient d’apprendre de manière plus facile tous les points mentionnés précédemment. On ne doit pas employer les métaphores de manière arbitraire. Il faut qu’elles aient une relation ou une analogie avec la problématique de l’individu
  • L’exposition : cela suppose l’ouverture totale aux pensées et aux sentiments les plus douloureux. S’exposer, c’est être disposé à expérimenter les émotions en sachant qu’au bout d’un moment, elles se calmeront
  • Mindfulness: la pratique de la pleine conscience est une ressource importante pour l’ACT. Elle  permet de modifier notre approche des pensées, des sentiments, des souvenirs et des schémas de régulation verbale. Ces approches sont souvent problématiques et on prétend les contrôler
Un psychologue appliquant la thérapie d'acceptation et d'engagement

Application de la thérapie ACT

La thérapie d’acceptation et d’engagement a été efficace dans plusieurs cas. On peut la réaliser sous format individuel ou groupé. L’un de ses avantages est que souvent, ses résultats se montrent particulièrement positifs lors du suivi, ce qui écarte la chronicité. 

L’unique inconvénient de l’ACT est la grande difficulté que suppose l’acceptation des pensées et des émotions négatives dans un système qui promeut le bonheur et la satisfaction.

C’est quelque chose auquel nous sommes confronté quotidiennement, que ce soit sous la forme de la publicité, de la musique, du cinéma ou des relations personnelles. Qui n’a pas déjà été déprimé et s’est vu confronté à la phrase typique : “Allez relève-toi, la vie est courte !“. Cette culture du bien-être rend difficile le non-abandon du négatif.

La clé repose sur la constance dans la thérapie et sur la pratique de toutes les ressources cliniques exposées. Ainsi, nous adopterons petit à petit l’habitude de l’acceptation radicale. Il faut avant tout comprendre que les émotions, qu’elles soient bonnes ou mauvaises, sont valides, nécessaires et font partie de la vie.

 


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  • Ruiz, M.A., Díaz, M. I., Villalobos, A. (2012). Manual de Técnicas de Intervención Cognitivo Conductuales. Desclée De Brouwer, S.A

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