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Quels sont les effets de la religion sur le cerveau ?

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Certains effets de la religion sur le cerveau peuvent être mesurés avec précision. La neurothéologie a fait des découvertes surprenantes à ce sujet.
Quels sont les effets de la religion sur le cerveau ?
Sergio De Dios González

Relu et approuvé par le psychologue Sergio De Dios González

Dernière mise à jour : 27 janvier, 2023

Indépendamment des croyances religieuses (ou de l’absence de croyances) de chaque personne, les effets de la religion sur le cerveau sont indéniables. En fait, certaines croyances religieuses constituent des faits scientifiques qui peuvent être mesurés avec précision.

Les effets de la prière sur le bien-être d’une personne ont été prouvés. Les recherches effectuées dans le champ de la neurothéologie (les neurosciences des croyances théologiques) ont mené à des découvertes surprenantes qui peuvent changer la façon dont on comprend la spiritualité (du point de vue de la science).

On sait par exemple que la croyance religieuse peut faire augmenter l’espérance de vie et aider à mieux affronter les maladies. Par ailleurs, certains scientifiques suggèrent que l’expérience religieuse active les mêmes circuits cérébraux que le sexe et les drogues.

Conflit entre deux réseaux dans le cerveau

Le conflit perçu entre la religion et la science a de multiples points d’ancrage tout au long de l’histoire, que ce soit des conférences dans des panthéons grecs ou des discussions sur des forums d’Internet. Selon une étude du professeur Jack et d’autres collaborateurs réalisée à l’Université de L’Aquila, l’origine de ce choc commence en réalité par un conflit entre deux réseaux du cerveau.

Les recherches ont montré que ceux qui considéraient la religion comme une boussole vitale semblaient supprimer le réseau cérébral utilisé pour la pensée analytique dans le but de faire intervenir le réseau de pensée empathique. De la même façon, ceux qui ne croyaient pas en la religion semblaient avoir supprimé leur pensée empathique en faveur de leur pensée analytique.

“Une question de foi, d’un point de vue analytique, peut paraître absurde”, expliquent les chercheurs. “Mais d’après ce que nous savons sur le cerveau, le saut de la foi à la croyance équivaut à mettre de côté la pensée critique/analytique pour nous aider à avoir une plus grande perception sociale et émotionnelle”.

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Selon l’étude, ces deux réseaux ont du mal à s’équilibrer car ils travaillent souvent en “face-à-face”. Cependant, les chercheurs disent qu’aucune de ces façons de penser n’a le monopole des réponses face aux grandes questions du monde.

Notre propre nature nous a permis d’impliquer et d’explorer nos expériences en utilisant les deux modèles de pensée. Selon les auteurs de l’étude, comprendre l’interaction entre ces deux façons de penser pourrait les enrichir toutes les deux.

La religion et les circuits cérébraux de traitement de récompenses

Une étude récente de l’Université d’Utah nous a informé que la religion peut activer les mêmes circuits cérébraux de récompense que le sexe, les drogues et d’autres activités addictives. L’étude a exploré la façon dont s’activent les réseaux cérébraux lorsqu’un croyant vit une profonde expérience spirituelle.

Les chercheurs ont examiné les cerveaux de 19 jeunes mormons en utilisant un scanner à résonance magnétique fonctionnelle. Lorsqu’on leur a demandé si, et jusqu’à quel point, les participants “sentaient l’esprit”, ceux qui ont fait état de sentiments spirituels plus intenses ont montré une plus grande activité dans le noyau accumbens bilatéral.

Ces aires cérébrales de plaisir et de récompense sont aussi actives quand nous pratiquons des activités sexuelles, écoutons de la musique, jouons et consommons des drogues. Les participants ont aussi noté des sentiments de paix et de bien-être physique.

Religion et cerveau : différentes religions, différents effets

Andrew Newberg, professeur de neurosciences et directeur de l’Institut de Recherche à l’Université Thomas Jefferson, explique que les différentes pratiques religieuses ont différents effets sur le cerveau. En d’autres termes, les différentes religions activent les régions cérébrales de façons distinctes. Selon Newberg, les bouddhistes qui méditent et les moines catholiques qui prient présentent par exemple une plus grande activité dans les lobes frontaux du cerveau.

L’un des autres effets de la religion sur le cerveau est la plus grande activité des lobes frontaux chez les personnes qui méditent.

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Ces aires sont reliées à une plus grande attention, à des habilités de planification, à la capacité de se projeter vers le futur et de construire des arguments complexes. Par ailleurs, la prière et la méditation s’associent à une activité plus faible au niveau des lobes pariétaux. Ces lobes sont responsables du traitement de l’orientation temporelle et spatiale.

Cependant, les moines qui prient en utilisant des mots au lieu de s’appuyer sur les techniques de visualisation utilisées dans la méditation montrent une plus grande activité au niveau des aires du cerveau qui traitent le langage.

Les effets inverses

En outre, d’autres pratiques religieuses peuvent avoir l’effet opposé sur les mêmes aires du cerveau. Une étude récente dans laquelle a collaboré le Dr. Newberg montre que l’intensité de la prière de l’Islam (qui a pour idée centrale la remise de soi à Dieu) réduit l’activité dans le cortex préfrontal et le lobe frontal, ainsi que l’activité dans les lobes pariétaux.

Etant donné que le cortex préfrontal participe au contrôle exécutif, au comportement intentionnel et à la prise de décisions, les chercheurs pensent que cela aurait un sens si une pratique qui se concentre sur la délégation du contrôle finisse par aboutir à une plus faible activité dans cette même aire du cerveau.

Les effets de la religion sur le cerveau dépendent des différentes pratiques religieuses.

Religion dans le cerveau: comment l’esprit crée-t-il une expérience spirituelle ?

Une étude menée par des vétérans du Vietnam a montré que ceux qui avaient été blessés au niveau du cortex préfrontal dorsolatéral du cerveau avaient plus tendance à signaler des expériences mystiques. Comme l’explique James Giordano, ces parties du cerveau contrôlent notre sens du moi en lien avec d’autres objets du monde et notre intégrité corporelle. C’est pour cela qu’il existe des sensations et des perceptions hors du corps que beaucoup de personnes croyantes racontent.

Ainsi, selon Giordano, si les êtres s’unissent à l’expérience mystique, nous pouvons dire que l’activité du réseau du lobe temporal gauche et droit change. Il faut signaler que les lobes pariétaux sont aussi des aires dans lesquelles les études de Newberg ont trouvé une plus faible activité cérébrale au cours de la prière.

 

Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.