Quelle est la voix que j'entends dans ma tête ? C'est moi ou autre chose ?
Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater
Parfois, elle est gentille et judicieuse. D’autres, c’est mon pire juge, comme cette présence qui me dévalorise dans tout ce que je fais. Maintenant, quelle est la voix que j’entends dans ma tête ? Est-ce le produit d’une hallucination auditive ? Fait-elle partie de ce que nous appelons la « conscience » ? Plus encore, y a-t-il des personnes qui cohabitent en permanence avec cette présence sans que ne cesse jamais le dialogue ?
Le phénomène psychologique de la voix interne commença à s’étudier à la fin des années 1990. A l’heure actuelle, nous disposons de données intéressantes. Ce processus mental favorise les objectifs psychologiques, tels que la planification, la résolution de problèmes, la réflexion ou la connaissance de soi. Cependant, parfois, d’autres phénomènes moins sains peuvent être vécus que nous analyserons également ci-dessous.
Bien que la voix intérieure soit quelque chose que nous avons tous, les hallucinations auditives sont courantes.
Quelle est la voix que j’entends dans ma tête ?
La tentative de comprendre et de définir la voix que nous entendons dans nos têtes a longtemps été entre les mains de la philosophie. Il faudra attendre 1993 pour que le sujet soit abordé, grâce à une étude du psychologue Hubert Hermans, de l’université Radboud de Nimègue, aux Pays-Bas. Nous pouvons définir ce phénomène cérébral comme le discours interne qui façonne l’être humain.
Cette réalité psychologique reçoit différents noms, tels que : “dialogue interne”, “voix intérieure”, “discours caché”, “empreintes auditives”, etc. Ainsi, le psychologue Lev Vygotsky indiqua que cette capacité commence vers l’âge de 3 ans. C’est ce moment où le développement de la parole mûrit et où l’enfant commence à séparer ce qui est langage de la pensée. Voyons plus de données.
Qu’est-ce qui produit et comment la voix que j’entends se manifeste-t-elle dans ma tête ?
La voix intérieure est un mécanisme que le cerveau produit lorsque vous vous parlez dans votre tête. Il peut proposer un seul mot ou vocaliser pour vous une phrase percutante comme “n’oublie pas de prendre les clés avant de quitter la maison”. C’est un type de communication intrapersonnelle qui se manifeste généralement de trois manières différentes.
L’ Université de Grenoble, en France, réalisa une étude dans laquelle elle a analysé ces typologies. Ce sont les suivants :
- Dialogue : permet de se parler.
- Condensation : la voix intérieure que vous entendez dans votre esprit peut prendre la forme d’une image, de mots simples ou de longues phrases.
- Intentionnalité : cette présence intérieure apparaît dans un but précis (nous aider à résoudre un problème) ou surgit au hasard et sans grand sens.
A quoi sert la voix intérieure ?
La voix que j’entends dans ma tête favorise la pensée avec plus de clarté. C’est le premier objectif, servir d’instrument mental pour raisonner et réfléchir sur la réalité qui nous entoure. De la même manière, elle contribue positivement aux relations sociales. De plus, il existe un lien direct entre le dialogue interne et l’empathie.
Le discours intérieur est une forme d’introspection qui nous aide à comprendre et à nous connecter avec notre environnement. De même, si cette voix intérieure donne lieu à de bonnes discussions avec nous-mêmes, la conscience de soi s’améliore et profite à la santé psychologique.
Le discours intérieur est lié au développement des compétences linguistiques et à des processus mentaux plus complexes tels que la planification ou la résolution de problèmes.
Les personnes qui n’ont pas de voix intérieure
À ce stade, nous pouvons nous demander s’il y a des personnes qui n’ont pas cette voix. La vérité est que, dans une plus grande mesure, nous écoutons tous ladite présence mentale, mais certains n’ont pas de discussion ou de dialogue avec eux-mêmes. La condition dans laquelle on ne fait pas usage de la conversation intrapersonnelle s’appelle fantasme ou cécité mentale.
Celle-ci consiste en l’impossibilité d’imaginer, de réaliser des visualisations et d’interagir avec soi-même en dessinant mentalement des plans, en rêvant. L’absence de discours interne rend difficile la réalisation de raisonnements et de planifications complexes.
Un autre type de voix internes : les hallucinations auditives
Que se passerait-il si la voix que j’entends dans ma tête était très perturbatrice et me disait des choses négatives ou menaçantes ? Et si, au lieu d’une, il y en avait plus ? L’expérience d’entendre des voix peut parfois être liée à des hallucinations auditives. Il est à noter qu’il s’agit d’un phénomène fréquent et qu’entre 5% et 15% de la population en souffrira à un moment donné.
Donc, même si nous relions l’expérience à la schizophrénie, cela peut résulter de nombreux autres facteurs. Et tous ne relèvent pas du domaine clinique. Apprenons donc à connaître les situations qui ont tendance à déclencher ce processus moins courant et surtout dérangeant.
- Problèmes auditifs.
- Consommer de l’alcool ou des drogues.
- Solitude ou isolement.
- Subir un traumatisme psychologique.
- Lorsque nous nous endormons, nous pouvons entendre des voix prononcer des mots qui nous semblent très vifs. Il s’agit d’un type d’hallucination typique de certaines phases du sommeil.
Avoir de bons dialogues internes avec nous-mêmes, compatissants et réfléchis, nous permet de mieux gérer nos émotions et nos besoins.
Écouter les voix dans la tête : sera-t-elle toujours là ? Et si elle disparaissait ?
La voix intérieure fait partie intégrante de chaque personne et notre mission sera toujours d’en prendre soin. Il faut le garder à l’esprit pour que ce qu’il nous dit soit toujours bénéfique pour le bien-être. Souvent, cette présence interne agit sur le pilote automatique et devient soudainement critique et dominée par une approche très négative et épuisante.
De plus, elle peut parfois disparaître. Lorsque nous traversons des périodes de stress, nous laissons notre esprit vagabonder, puis nous nous en dégageons. Qu’est ce que ça signifie? Cela signifie que la voix que j’entends dans ma tête peut soudainement se taire, car je me concentre davantage sur ce qui se passe à l’extérieur que sur ce qui se passe à l’intérieur.
Cela peut être négatif, car nous cessons de réfléchir et de nous occuper de nos émotions et de nos besoins. De plus, les pensées deviennent rigides et négatives. On ne raisonne plus, on ne fait que réagir. Il est en nous de continuer à écouter cette voix intérieure et d’en prendre soin comme le meilleur allié pour nous accompagner sur le chemin de la vie, nous permettant d’être plus conscients de ce qui nous entoure et de ce que nous ressentons.
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