Quelle différence fait l'ami qui nous écoute du psychologue avec qui nous faisons la thérapie ?
Rédigé et vérifié par Psychologue Valeria Sabater
Avez-vous un ou plusieurs amis avec qui partager vos émotions, vos peurs et vos expériences les plus intimes ? Avoir ces chiffres proches est un pilier très enrichissant pour notre bien-être mental. Cependant, vos amis ne sont pas votre psychologue. Il y a parfois des limites qui vont au-delà, des barrières très poreuses et à travers lesquelles la confiance peut être abusée.
Donnons un exemple. Vous êtes-vous déjà senti submergé par cet ami qui vous utilise comme benne basculante pour charger sur vous tous ses problèmes, son désespoir et ses désirs existentiels ? C’est un phénomène fréquent qui n’est pas toujours trop calibré. Parfois, sans nous en rendre compte, nous exigeons que nos êtres les plus proches assument le travail d’un psychologue.
“Et qu’est-ce qui ne va pas avec ça ?” demandera quelqu’un. « Les amis ne sont-ils pas censés nous écouter et nous soutenir en toutes circonstances ? La vérité est que non. Autant ces personnages importants nous aiment, autant leur fonction n’est pas de nous guider ou de nous donner des outils pour faire face à ce qui blesse, inquiète ou bloque la vie. Savoir où se trouve cette frontière relève avant tout du bon sens.
Nos amis peuvent nous offrir compréhension et réconfort, mais même s’ils étaient psychologues, leur travail ne sera pas non plus de nous offrir un soutien professionnel.
Vos amis ne sont pas votre psychologue et ce sont les limites que vous devez connaître
Les amis sont un élément clé pour jouir d’une bonne santé mentale, mais leur travail n’est pas de la promouvoir en nous comme le ferait un professionnel spécialisé.
Des travaux comme ceux menés à Columbia University, par exemple, mettent en lumière quelque chose d’intéressant. Les femmes sont celles qui, en moyenne, accordent le plus de valeur aux amitiés et celles qui tendent à profiter le plus de cette alliance.
Le stress est réduit, les problèmes sont relativisés, des alliances émotionnelles se nouent qui permettent d’éviter le poids de la solitude. Tout cela est bénéfique et recommandable, tant pour un sexe que pour un autre.
Les amitiés enrichissent notre existence et augmentent même notre espérance de vie, cependant, parfois, des chemins à double sens sont tracés. Et nous pouvons exiger des dimensions qui ne relèvent pas de leur responsabilité. Où sont les limites ? Quels principes de base doit-on prendre en compte dans ce type de lien social ?
En partageant bon nombre de nos problèmes avec nos amis, nous pouvons les placer dans l’obligation de les résoudre ou de nous guider dans des domaines qui leur échappent et qui ne relèvent pas de leur responsabilité. Cela peut être très stressant.
1. Leurs conseils ne sont pas toujours valables
Vous pouvez demander conseil à votre ami sur mille sujets du quotidien, mais pas sur les aspects qui sont liés aux problèmes intimes et personnels. Nos proches nous donneront des conseils issus de leur propre expérience, dans laquelle nous ne nous adaptons pas toujours. Chaque personne est un monde, présente un contexte, ses propres caractéristiques et besoins.
2. La libération émotionnelle n’est pas toujours appropriée
On dit souvent qu’une amitié c’est 24h/24 et 7j/7 pour nous. Ce n’est pas vrai. Vos amis ne sont pas votre psychologue et ne sont pas toujours dans les meilleures conditions pour vous écouter, quelle que soit leur volonté ou leur intention. Il est possible que vous cherchiez à vous évader auprès de cette personne proche au moment où elle est le plus stressée.
Elle peut même se sentir dépassée par ce que nous lui expliquons et projeter sur elle un fardeau d’inconfort. Aussi, il est possible qu’il se sente obligé de résoudre pour nous le problème que nous soulevons.
3. Les amis ne sont pas là pour résoudre vos problèmes
On ne peut pas le nier, les amitiés sont des alliées dans les pires moments. Il est possible que plus d’un vous aient débarrassé d’un problème, soulagé des charges et vous ait guidé pour sortir d’un labyrinthe. Cependant, la fonction d’une amitié n’est pas de résoudre ce qui nous blesse ou d’apporter une solution à notre carrefour.
En fait, ce n’est pas non plus directement le but d’un psychologue. Sa mission est plutôt de nous apprendre des outils, de nous enrichir de ressources pour que nous soyons ceux qui, de manière autonome, finissent par faire face à certains défis.
Cependant, il ne convient pas d’attendre d’une amitié qu’elle soit ce passe-partout forcé qui résoudra toutes les angoisses. Il n’est pas non plus éthique de les soumettre à cette pression directe ou indirecte.
4. Impliqué émotionnellement avec nous
Vos amis ne sont pas votre psychologue et cela les empêchera parfois d’être aussi honnêtes que vous le souhaitez. Ce lien émotionnel qui nous unit à eux peut les amener à recourir à des demi-vérités ou à de pieux mensonges pour nous encourager. L’affection et la bonne intention sont ces réflexes automatiques typiques de toutes les amitiés, mais ils ne nous sont pas toujours utiles lorsque nous traversons un problème précis.
5. Le support est la première étape, mais ce n’est pas suffisant
Vous traversez peut-être une période douloureuse. Une dépression émotionnelle, une perte d’emploi, un problème familial, un désespoir qui assombrit toutes vos perspectives… Les amis peuvent être votre meilleur soutien, mais ils n’ont pas les compétences d’un professionnel de la santé mentale.
Ils sont le premier pas vers le bien-être, qui vous encouragent à rechercher ces figures expertes pour résoudre ce qui éteint maintenant votre bien-être.
Savoir qu’il y a des aspects personnels qu’un ami ne pourra jamais aborder vous sera bénéfique, ainsi que cette amitié.
Le psychologue n’est pas votre ami
Il existe une règle fondamentale en thérapie psychologique : des frontières claires doivent être maintenues entre le professionnel et son patient. De même qu’il est essentiel que la position de chacun ne soit pas diluée, il est également essentiel que se noue une bonne alliance thérapeutique avec laquelle se construit une confiance mutuelle. Ce n’est qu’ainsi que le changement, la croissance, ce processus de guérison et de libération prendront forme.
De la même manière que vos amis ne sont pas votre psychologue, ce dernier ne peut établir un lien d’amitié avec vous durant la psychothérapie elle-même. Par conséquent, il est essentiel que ces principes soient suivis :
- Les psychologues ne doivent pas donner de conseils personnels. Ce n’est pas leur fonction.
- L’objectivité et la neutralité doivent être maintenues dans la mesure du possible.
- Il ne doit y avoir aucune relation entre le professionnel et le patient en dehors du contexte thérapeutique.
Bien qu’il puisse parfois y avoir une certaine flexibilité et que vous ne soyez jamais complètement insensible aux expériences des patients, l’objectif est de garder vos distances. Aussi, évitez ce que Sigmund Freud appelle le « transfert » (les sentiments du patient envers le professionnel) et le « contre-transfert » (les sentiments du psychologue envers le patient).
La réussite thérapeutique viendra toujours de ce cadre dans lequel le professionnel donne objectivement le meilleur de lui-même. De même, à partir de ce plan dans lequel le patient se sent dans un contexte sûr, structuré et orienté pour lui fournir des outils rigoureux de changement.
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