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Que se passe-t-il lorsque faire du shopping dissimule la tristesse ?

4 minutes
Dernière mise à jour : 18 novembre, 2017

Faire du shopping est devenu pour de nombreuses personnes un plan de sortie ou un divertissement. Cela n’a pas toujours été les cas. Autrefois, faire du shopping était une simple question d’approvisionnement, faisant partie des activités nécessaires et routinières. Aujourd’hui, en revanche, faire les magasins est pour beaucoup d’entre nous une façon de se détendre, de s’aérer l’esprit ou encore un élément de reconstruction ou une “thérapie”.

Un phénomène tel que celui-ci n’est envisageable que dans le cadre d’une société de consommation. Ce ne sont pas les goûts et les préférences des gens qui ont engendré ce plaisir de faire du shopping. Ce fut en réalité le contraire : les nouvelles formes d’économie et de marché ont généré de nouveaux goûts et de nouvelles préférences pour disposer de notre temps libre. Evidemment, ce phénomène est largement favorisé par la publicité, laquelle rend nécessaire ce qui est accessoire.

“Celui qui achète le superflu devra bientôt vendre ce qui est nécessaire.”

-Benjamin Franklin-

Autrefois, l’agencement des supermarchés avait uniquement pour objectif de permettre aux clients de trouver facilement ce dont ils avaient besoin. Lesdits supermarchés font désormais figure de monuments d’architecture, disposant de nombreux équipements et offrant de multiples possibilités de diversion. Ils fonctionnent essentiellement comme des centres de divertissement et sont devenus un élément de référence sociale.

Faire les magasins: positif ou négatif ?

Il est incontestable que nous vivons dans une société de consommation et que, d’une façon ou d’une autre, nous participons tou-te-s au maintien de cette dynamique. Il est également indéniable que faire les magasins apporte satisfaction même aux individus les plus austères. Outre le besoin que nous comblons par l’achat d’un produit, acheter donne un sentiment de puissance et d’opulence qu’il est difficile d’obtenir par le biais d’autres activités.

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Certaines études démontrent que faire les magasins est bénéfique pour le cerveau. Une recherche réalisée par l’Université de Brunel met en valeur ce phénomène. Voir quelque chose qui vous plaît, que vous souhaitez posséder et l’acheter active certaines zones du cerveau, libérant de la dopamine. Votre humeur s’améliore et vous vous sentez plus heureux-ses. Cela a été prouvé.

D’autre part, le cerveau réagit de la même manière à d’autres stimuli. Votre humeur s’améliore lorsque vous faites du sport ou réalisez une activité enrichissante telle que danser ou tricoter. Il en va de même lorsque vous recevez un compliment que vous jugez sincère ou lorsque vous vous plongez complètement dans un livre. Néanmoins, le marché s’est chargé de rendre stéréotypée la satisfaction et de diriger cette dernière vers un centre commercial (ce qui intéresse le marché).

Cela n’est pas négatif, bien au contraire, lorsque vous faites du shopping de manière consciente et responsable. Les difficultés apparaissent lorsque les visites successives aux centres commerciaux tendent à masquer une sensation de mal-être que vous pourriez gérer de façon différente. Dans de tels cas, faire les magasins n’améliorera en rien votre humeur mais contribuera à masquer le problème, voir à en générer un nouveau.

Vous pensez peut être que le mal-être disparaît en regardant des vitrines, en essayant des articles ou en vous imaginant dans vos nouveaux vêtements pendant que vous les payez. Mais…comment vous sentez-vous après que soient passés ces brefs instants de satisfaction, mieux ou pire qu’avant ?

Faire du shopping pour gérer son mal-être

Il est fréquent d’entendre de nombreuses personnes dire qu’elles vont faire les magasins car elles sont déprimées ou car elles souhaitent améliorer leur humeur. Ou bien que faire les magasins est une thérapie pour “oublier” ses problèmes. Les centres commerciaux sont devenus des lieux où soulager les deuils et apaiser les coeurs opprimés. L’acquisition de produits nous aide à oublier que nous sommes limité-e-s, fini-e-s et problématiques.

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Dans de telles conditions, il est fréquent que des personnes profitent de leur temps libre pour se rendre dans des centres commerciaux ou d’autres types de magasins. Il n’est pas rare non plus que ces personnes éprouvent une profonde frustration lorsqu’elles ne peuvent pas le faire, ou lorsqu’elles doivent travailler pour disposer des revenus suffisants pour maintenir “un train de vie” élevé.

La carte de crédit est le parfait complément de ce schéma. Il y a quelques décennies encore, les cartes de crédit n’étaient accessibles qu’aux hommes d’affaires ou aux personnes disposant de revenus importants. Elles sont aujourd’hui proposées n’importe où et leur acquisition est toujours plus simple. La carte de crédit élimine les barrières pour aller faire du shopping dans la mesure où nous ne nous rendons pas compte de ce que nous dépensons au moment où nous le faisons. Vous finissez dès lors endetté-e et content-e de poursuivre votre existence.

Sans vous en rendre compte, votre vie s’appauvrit à bien des égards. Une grande partie de vos revenus servent dès lors à rembourser les crédits acquis préalablement. Par ailleurs, votre monde devient unidimensionnel.

Vous ne parvenez plus à trouver du plaisir dans des activités gratuites ne nécessitant aucune transaction financière. Sans vous en apercevoir, vous avez confié le pouvoir aux expert-e-s en marketing.  Au final, vous êtes celui/celle qui paye : ce que vous avez acheté, ce que vous avez cessé de faire, ainsi que les conséquences du conflit que vous n’avez pas résolu et que vous avez essayé de cacher, tout en dépensant de l’argent pour des choses futiles dont vous n’aviez pas besoin.

 

 


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  • Mantero, G., (2018). Sistema de recompensa del cerebro y neuronas del placer. Depósito de Investigación Universidad de Sevilla. https://idus.us.es/handle/11441/82033

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